L’avarice cognitive, autrement dit, la "flemme" de réfléchir pour agir différemment

L’avarice cognitive, autrement dit, la "flemme" de réfléchir pour agir différemment

Cette semaine, en formation à Paris, j'ai préféré, pour la première fois, y aller à pied de la Gare du Nord, à 1,6 km, soit environ 20 minutes de marche.

Pourquoi m’a-t-il fallu plusieurs années pour privilégier ce mode actif de transport par rapport au métro que je prenais habituellement alors qu’il me faisait à peine gagner du temps ?

 Parce que nous sommes tous atteints d’avarice cognitive.

L’expression vient d’une étude de 2 psychologues américaines, Susan Fiske et Shelley Taylor qui révèle que notre nature ne nous pousserait pas à agir et à penser, à tester des hypothèses, à actualiser nos croyances en fonction de l’expérience… à la différence des scientifiques.

Autrement dit, nous nous montrons avare de nos ressources mentales et préférons faire appel à des raccourcis pour arriver à nos conclusions.

La « flemme », quoi !

Il n’empêche que l’automatisme est difficile à inhiber tant la « force de l’habitude » est plus forte que tout. Les psychologues disent que nous suivons des « scripts comportementaux » qui nous font perdre la conscience de faire des choix.

Or l’attention devient une ressource rare…

L’impact des écrans, des réseaux sociaux, des notifications multiples, du temps qui passe… trop vite.

 Or, la réflexion est une aptitude dévoyée. Parce que penser n’est pas raisonner.

La raison, c’est « un problème, une solution ».

En matière de mobilité, raisonner c’est répondre à un trafic encombré par la construction de plus de routes, alors que bien que cela paraisse contre-intuitif, quand il y a un embouteillage, le meilleur moyen de fluidifier le trafic c’est d'en supprimer une. C’est le paradoxe de Braess tel que mis en évidence par le mathématicien du même nom en 1968 qui avait démontré que l’ajout d’une nouvelle route dans un réseau routier peut réduire la performance globale lorsque les voitures choisissent leur route individuellement.

Cela donne souvent des décisions publiques pas forcément rationnelles, à l’image de la Katy Freeway au Texas à 26 voies

Penser est un peu plus complexe, prend plus de temps, mais oblige à prendre du recul, sortir des ‘idées reçues’ et de l’entre-soi, évite ce que les chercheurs appellent les « effets rebonds ».

 

Il est utile de rappeler que si nous voulons respecter les Accords de Paris pour atteindre la « neutralité carbone » en 2050, nous devrons coordonner les 3 leviers « A.S.I » - Avoid Shift Improve. Eviter - Changer - Améliorer

L’avarice cognitive peut/doit être combattue au quotidien parce que c’est bon pour l’environnement et pour la santé humaine.

Et oui, parce que cette flemme a un impact sur notre propre santé :

« j’ai mal quelque part, je prends un médicament » / « Je cherche les solutions sur internet et les réseaux sociaux »

Elle nous empêche d’examiner les causes les plus profondes et plus lointaines.

 

A nous de retrouver le goût de l’effort et du collectif et de réapprendre à ralentir pour penser et observer différemment.

Identifiez-vous pour afficher ou ajouter un commentaire

Autres pages consultées

Explorer les sujets