L'avocat de Marc Dutroux renonce officiellement à demander sa libération : « Cela n'a pas de sens d'aller me couvrir de ridicule » ...

Ce 11 mars 2021, cinq juges du tribunal d’application des peines de Bruxelles se sont rendus à la prison de Nivelles pour rencontrer Marc Dutroux. Il s’agit de clôturer son dossier relatif à sa demande de libération conditionnelle introduite en octobre 2019. « Je ne vais pas forcer le barrage. Cela n'a pas de sens d'aller me couvrir de ridicule par rapport à une expertise qui conclut que Marc Dutroux reste potentiellement dangereux et que pour l'instant, seul un cadre strict et fermé convient », a précisé maître Bruno Dayez qui a officiellement renoncé à sa demander sa libération anticipée.

Rétroactes :

JT RTBF jeudi 17 octobre 2019 à 20h49 - Bruno Dayez : « On l’avait diagnostiqué psychopathe en 1996 et certains pensent qu’il l’est resté. On nie ainsi la capacité d’évolution d’un humain sur un quart de siècle. C’est une chose contre laquelle je m’érige (…) »

11 septembre 2020 – Lu dans la presse – « Condamné à la perpétuité pour le kidnapping et le viol de six fillettes dans les années 1990, Marc Dutroux présente toujours un risque élevé de récidive, selon un nouveau rapport d'experts psychiatres et psychologues. Une libération conditionnelle n'est pas envisageable. »

Mon analyse anticipée en 2018, dans mon ouvrage « Pourquoi il ne faut pas libérer Marc Dutroux - Un psychopathe n'est pas amendable » : « Maître Dayez, le syndrome psychopathique ne se traite pas. La population carcérale recèle 2% en moyenne de détenus reconnus psychopathes par les experts psychiatres lors de leur procès, ce qui nous fait en moyenne 300 détenus. Avez-vous 300 monastères à disposition pour mettre ces individus hors d'état de nuire dans le contexte d'une libération conditionnelle?? Votre client devrait avoir la lucidité de rester là où il l'est, comme d'autre détenus le demandent eux-mêmes, conscients de leur dangerosité potentielle pour la société. Vingt-cinq ans, c'est assez? Certains sont en les murs depuis 47 ans dans notre pays et ils ne font pas parler d'eux. Au-delà de Marc Dutroux, le débat est sociétal, à savoir que faisons-nous de cette population lorsqu'elle a fini de purger sa peine? La prison est « inhumaine » (la peine a effectivement vocation à avoir une fin dans un Etat de droit dit démocratique) et la Défense sociale ne convient pas (les psychopathes sont responsables de leurs actes et incurables). Là est la véritable inconnue que je soulève : quelles solutions pour cette population de « psychopathes criminels » en fin de peine, sachant que 98% récidivent à la sortie et avec une gradation exponentielle dans l'agir criminel…. Le débat est bien plus vaste que les seuls intérêts de Marc Dutroux… J'espère sincèrement que le TAP l'entendra de la sorte… »

Tous les experts psychiatres les plus émérites s’accordent à dire que les psychopathes ont la faculté perverse en thérapie de répondre de la manière dont vous espérez qu’ils vous répondent pour faire croire au corps médical qu’ils ont changé, allant même jusqu’à manipuler les entretiens. C’est ce que l’on appelle « The mask of sanity » (le masque de la normalité). Fort heureusement, votre client n'a pas réussi à instrumentaliser ses experts...

Il y a des croisades qui sont de facto veines. Si vous vous étiez un tant soit peu informé d'un point de vue psychiatrique, maître Dayez, vous auriez perçu qu'effectivement, votre démarche était, pour reprendre vos termes, quelque peu « ridicule » ...