Leçon de storytelling par Jacques Brel : l'émotion, une question de positionnement narratif

Chers amis, en ce week-end du 14 juillet approchant, j’ai envie de vous proposer une note dénuée d’enjeu business, mais pas d’enjeu éditorial. J’ai envie de vous parler de Jacques Brel. J’ai envie de vous parler de storytelling.

Mis à toutes les sauces, et pour cause, le storytelling consiste tout simplement en sa traduction littérale, c’est-à-dire un dispositif vieux comme le monde : raconter une histoire. Il implique donc une situation de départ, qui présente une tension narrative et un (ou des) personnage(s) confronté(s) à cette tension. L’histoire sera d’autant plus réussie et impliquante si le (ou les) personnage(s) suscitent l’empathie du lecteur. 

Et comment mieux susciter l’empathie que de faire écho à notre monde intérieur, c’est-à-dire nous renvoyer face à nous-même, face à nos convictions et nos doutes, à nos angoisses, nos rêves, nos vies qui évoluent (ou stagnent en languissant) et plus que tout, à un univers sensoriel et sensible, alluvions de notre intériorité la plus profonde ?

C’est avec son inclinaison naturelle au récit homodiégétique - Jacques Brel, à l’image d’un autre Jacques, le fataliste, étant à la fois personnage et narrateur du récit – que le chanteur s’y emploie.

Apostrophe chansonnière et nostalgique, Les Bourgeois nous plonge au milieu des volutes de fumée et des fragrances houblonnées.

Tandis que l’univers sémantique et les gutturales assonances de Ces gens-là offre un spectacle global 

La prosopopée saturée de sensations de Je suis un soir d’été nous prend par la main pour une promenade contemplative  

Au suivant nous place avec angoisse tant dans la file d’attente que dans le cerveau à jamais torturé de « celui qui ne voudrait jamais plus être le suivant… »

“Je crois qu'un artiste, c'est quelqu'un qui a mal aux autres.” Disait Jacques Brel au micro de Jacques Chancel. Et un raconteur d’histoire est un artiste…