Le casque: allié ou ennemi du cycliste?
Alors que le gouvernement lance son plan Vélo (350 millions d'euros sur 7 ans) afin d'inciter les français à enfourcher leur bicyclette pour assurer leur mobilité, une étude récente fait réfléchir.
L'inconvénient majeur du vélo est l'absence de protection par rapport aux éléments extérieurs. Afin de se prémunir contre les chocs, l'arme la plus efficace à ce jour est représentée par le port du casque. Ce dernier est même obligatoire pour les enfants de moins de 12 ans et souhaité (mais pas obligatoire) pour les adultes. Des casques "airbags" ont même vu le jour.
Mais une étude récente met en évidence un effet pervers du port du casque. Un groupe de chercheurs à montré que 1) le port du casque augmente la prise de risque chez les cyclistes & 2) le port du casque incite les automobilistes a être moins prudents lorsque ces derniers doublent un vélo. Pour résumer, du côté du cycliste, ce dernier doté d'un casque se sent "psychologiquement" protégé et va donc adopter un comportement plus risqué: conduire plus vite, violer des feux... Du côté du conducteur, quand ce dernier aperçoit un cycliste doté d'un casque il va, lors du dépassement, serrer davantage le cycliste casqué que le cycliste non casqué et de ce fait mettre le cycliste en danger. Pourquoi? Inconsciemment, le conducteur perçoit le cycliste casqué comme protégé et donc fait moins d'efforts et d'attention pour sécuriser son approche à l'égard du cycliste.
Alors que faire? Si le casque est une protection évidente du cycliste contre les traumatismes crâniens, le port de ce dernier génère des conséquences inattendues sur les comportements des usagers de la route augmentant le risque d'accident. Quelle est la cible de la réglementation associée au port du casque? Eviter les traumatismes crâniens associés aux accidents à vélo sans implication d'éléments extérieurs (voitures...) ou éviter les traumatismes associés à tous types d'accidents? dans le deuxième cas, la réglementation pourrait avoir un effet contraire. Que disent les données? Comment pallier à cet effet? Les auteurs préconisent de séparer les vélos des voitures au moyen d'infrastructures spécifiques. Cette étude remet en question beaucoup de nos décisions en matière de sécurité routière.
Cette étude souligne encore une fois à quel point notre représentation de la réalité est trop linéaire et que certaines actions ont des conséquences inattendues (rappelez vous l'impact de l'obligation pour les motards de porter un casque sur la réduction des vols de moto...). Ces résultats soulignent l'importance de mener des expériences dans le but de mieux comprendre le lien entre les facteurs/processus et agir efficacement sur un problème.