Le CCI Store : virage numérique réussi pour la Chambre de commerce ?
Le 24 mai dernier lors du Viva Tech 2018, la Chambre de Commerce annonçait le lancement d’une plateforme de services en ligne, fruit de 2 ans de travail et de la concertation de plus de 300 dirigeants : le CCI Store.
Ouverte depuis fin janvier 2018, le CCI Store compte désormais 274 éditeurs de service et revendique 12 000 utilisateurs mensuels.
Classés par thématique et exclusivement dédiés aux entreprises, ces services ont pour particularité d’être entièrement accessible en ligne, qu’ils soient gratuits, freemium ou payants.
L’objectif ? Permettre d’une part aux TPE et PME de s’y retrouver dans la jungle des applications et autres e-services, et d’autre part aux startups B2B de se faire connaître avec l’appui de la Chambre de Commerce, vénérable institution datant (quand même) du XVIe s..
La Chambre de Commerce de Marseille, elle, a été fondée en 1599, et elle abrite l’équipe du CCI Store au niveau national.
C’était l’occasion pour nous d’en savoir plus.
Mais qu’est-ce que le CCI Store ?
La plateforme CCI Store agrège et organise des applications, des calculateurs, des simulateurs, des serious game et des logiciels SAAS dans plusieurs domaines :
· entrepreneuriat,
· financement,
· gestion,
· développement,
· management
· et performance
Tous destinés à la gestion de l’activité et son déploiement, des services proviennent d’institutions – la Chambre de commerce elle-même, par exemple –, d’acteurs semi-publics comme la BPI, et en grande partie d’éditeurs privés, comme Ulule ou Moffi, et vont de la recherche de bureaux à la gestion comptable en passant par le recrutement ou les formalités à l’international.
Vous êtes éditeur d’un service dont le process de souscription et de consommation se fait intégralement en ligne ?
Vous pouvez proposer votre service ici.
PS : en ce moment, le CCI Store recherche des services d’aide à l’international.
Des objectifs (déjà dépassés) et une ambition
Si l’objectif en mai 2018 était d’atteindre 200 éditeurs de service répertoriés sur la plateforme à la fin de l’année, force est de constater qu’il a déjà largement été dépassé.
Stéphanie Docher, business developpment & communication officer CCI Store, s’en félicite mais ne compte pas s’arrêter là : « on se fixe de nouveaux objectifs tous les 6 mois (…) Nous voulons continuer de progresser d’une part sur le recrutement d’éditeurs et d’autre part sur l’apport de trafic pour faire monter en puissance la plateforme ».
Car, comme toute place de marché, il s’agit avant tout de faire « se rencontrer l’offre et la demande : d’un côté des éditeurs de solutions B2B, de l’autre les TPE et PME ».
Pour ce faire, le système de notation permet aux utilisateurs d’évaluer les prestations a posteriori et une grande consultation est prévue « pour savoir si [la plateforme] correspond bien à leurs besoins ».
Côté éditeurs de service, le CCI Store reçoit une trentaine de demandes d’adhésion par semaine et se charge de les mettre en valeur : « c’est un canal de commercialisation supplémentaire pour eux ».
Pour autant, on manque encore de visibilité sur les conversions puisque la consommation du service s’effectue hors CCI Store. Une donnée que les éditeurs de service ne manqueront pas de regarder avec attention à l’avenir car la plateforme, aujourd’hui gratuite, deviendra à terme payante pour eux.
L’idée? Un business model basé sur la performance et une professionnalisation de la plateforme qui proposera des mises en avant, des comparatifs de fonctionnalités, une arborescence métiers...
L’objectif ? « Devenir la plateforme de référence des solutions B2B pour les chefs d’entreprise ».
Un projet national porté localement
Si l’idée du CCI Store est de faciliter l’accès à des services en ligne, il n’en reste pas moins que le projet a pour vocation de s’ancrer localement et pas seulement en Île-de-France qui concentre pour l’instant l’essentiel de son trafic.
L’idée ? Mettre en avant les « pépites » locales, notamment dans la FinTech et la LegalTech, qui sans cette plateforme, ne se seraient peut-être pas tournées vers la Chambre de Commerce.
Par ailleurs, chaque Chambre de Commerce régionale est appelée à s’emparer du projet pour mettre en valeur son territoire, ce qu’avaient déjà fait 11 CCI lors du lancement. L’objectif : personnaliser le CCI Store grâce à la géolocalisation des utilisateurs. C’est ainsi que la CCI Marseille Provence a mis en avant Webikeo, Sociallymap…
Enfin, la plateforme veut s’appuyer sur le réseau existant de Chambre de commerce au niveau national soit 106 CCI en France et 15 000 agents. Mais la mise en valeur des « e-services de terroir » dépend du bon vouloir de chaque CCI et tous les agents n’ont peut-être pas vocation à devenir des ambassadeurs de la plateforme…
Le virage numérique de la Chambre de commerce ?
Le CCI Store, c’est aussi l’occasion pour la Chambre de Commerce de dépoussiérer une image institutionnelle, loin du monde du numérique et des startups…
Le ton adopté sur le blog ou dans les différentes communications (« What the funk is CCI Store ? ») tranche d’ailleurs avec le style très classique de l’institution. Car, il s’agit bien d’entrer dans le champ de vision des startups.
Stéphanie Docher insiste : « nous nous adressons aux dirigeants de TPE/PME, aux créateurs d’entreprise et aux fonctions support qui cherchent des solutions faciles à mettre en place et qui leur permettent de gagner en productivité grâce au digital ».
Pour autant, il est difficile de dé-contextualiser le lancement de la plateforme. Le vote d'une loi prévoyant une baisse de 400 millions d'euros d'ici à 2022 de la subvention dédiée aux CCI en septembre dernier est-il complètement étranger à l’initiative du CCI Store ? « Le CCI Store est un moyen de se positionner sur le digital, de mettre en avant les éditeurs sur les territoires, et de ramener un nouveau public en Chambre de commerce qui s’en était peut-être détourné ».
En résumé, la plateforme, qui mise sur le réseau physique des CCI autant que sur le marketing digital (SEO, SEA, blog, mailing, netlinking) est un moyen pour la Chambre de Commerce de se faire connaître des startups et de rappeler sa mission, à savoir l’accompagnement des dirigeants d’entreprise, y compris dans les nouveaux secteurs de l’économie.
De quoi rester dans la course.
Article paru sur le blog de Morphoburo