Le chargeur universel devient (enfin) une réalité

Qui ne s’est jamais trouvé dans l’incapacité de recharger son téléphone que ce soit à la maison, au travail ou en déplacement parce que nous n’avons pas pris le bon chargeur de téléphone, ou parce que celui de notre voisin dans le train n’est pas compatible…

Nos tiroirs regorgent pour beaucoup d’entre nous de chargeurs entremêlés, certains cassés ou obsolètes, dont on ne sait plus quoi faire…

 Tous ces chargeurs qu’on n’utilise pas, ce sont autant de déchets qu’il faut recycler. Autant de ressources utilisées pour rien.

 L’approche législative : une volonté assumée

Cela fait maintenant plus de dix ans que la Commission européenne s’implique sur ce dossier et plaide pour un chargeur universel.  C’est ce qu’on appelle en français « un serpent de mer ».

Depuis le début, la Commission a eu à cœur d’aider les industriels à conduire leur propre transformation et à trouver, sur la base de leur engagement volontaire, un accord sur une solution de recharge unique.

Il y a eu des avancées, notamment grâce à l’accord volontaire de 2009 facilité par la Commission qui a permis de passer d’une trentaine de chargeurs à seulement trois.

Et cela a amené un changement au niveau mondial! Mais on a vu aussi qu’on pouvait faire plus. Que les consommateurs et le Parlement européen attendaient de nous que nous en fassions plus.  

La Commission a donc pris ses responsabilités et a choisi la voie législative pour faire le dernier pas. Et mettre fin à ce serpent de mer.

 Plus de liberté, moins de déchets

 Ce que nous proposons, premièrement, c’est que chaque catégorie d’appareil électronique soit dotée de la solution technologique la plus répandue, c’est-à-dire, un port USB de charge de type C.

Sont concernés par notre proposition les appareils suivants : les smartphones bien sûr, les tablettes, les appareils photo numériques, les consoles de jeux portables, les enceintes et les casques audio – plus de problèmes de chargeur désormais pour écouter vos playlists préférées (j’en ai quelques-unes à vous vous suggérer…) 

Autrement dit, dans une famille possédant par exemple plusieurs téléphones, un appareil photo et une enceinte, un seul chargeur pourra être utilisé. Cela représentera un gain de place, un gain d’argent et à terme une réduction des déchets électroniques.  

 Deuxièmement, nous voulons harmoniser la technologie de charge rapide. En effet, le temps de charge peut varier considérablement d’un chargeur à l’autre. En imposant la mise en œuvre d’une technologie de charge rapide commune, nous assurerons une interopérabilité parfaite entre l’appareil électronique et le chargeur.

La communication physique entre le chargeur et l’appareil électronique se fait grâce au protocole de charge des deux côtés du câble. Il y a une dimension logicielle qui est essentielle.

 Il est donc important que les deux appareils parlent le même « langage » pour ainsi dire et se comprennent. Ce langage sera désormais celui de la technologie USB Power Delivery (USB PD) pour tout appareil qui nécessite une charge supérieure à 15W.

 Un chargeur équipé de la technologie USB PD est en mesure de savoir quelle est la meilleure façon de charger l’appareil en question.

 Le chargeur a par exemple le choix entre le chargement rapide ou standard, tenant compte des caractéristiques de l’appareil pour éviter des dangers de surchauffe notamment.

 Un grand nombre de chargeurs sont déjà dotés de cette technologie. Mais ce n’est pas encore le cas des appareils électroniques. Pour eux,non seulement un grand nombre de protocoles de charge différents existent mais ils ne garantissent pas la même performance si le chargeur d’une autre marque est utilisé.  

 L’utilisation de la technologie USB PD permettra donc de charger n’importe quel appareil de manière optimale, tant ceux nécessitant moins de 15W (comme la plupart des enceintes par exemple) que les tout derniers smartphones intégrant la possibilité de charge rapide.

Avoir le choix d'acheter un appareil avec ou sans chargeur

Enfin, nous souhaitons laisser aux consommateurs le choix d’acheter un appareil électronique avec ou sans chargeur.

Ce choix ne peut se faire que si on met à leur disposition l’information dont ils ont besoin. Notre proposition va dans ce sens. Les nouvelles obligations en la matière rendront l’information relative aux caractéristiques essentielles de la charge électrique facilement accessible et comparable.  

Vous l’aurez compris, toutes ces mesures ont pour objectif de redonner aux consommateurs une liberté de choix, de générer des économies – 250 millions d’euros par an - et de réduire drastiquement le nombre de chargeurs sur le marché et dans nos tiroirs, bien évidemment.

 Quelques estimations pour vous donner une idée des retombées environnementales attendues au cours d’une seule année : près de 1000 tonnes de déchets électroniques en moins ; 2600 tonnes de matières premières en moins et une réduction des émissions de gaz à effet de serre de l’ordre de 180 000 tonnes d’équivalent CO₂.

Cela représente l’équivalent d’émissions annuelles de plus de 10 millions de smartphones.

Une proposition de bon sens, équilibrée et laissant la place à l’innovation

 Je voudrais enfin préciser que la proposition de la Commission est pragmatique et qu’elle réconcilie l’intérêt des consommateurs, la durabilité et l’innovation.

 Notre proposition met en avant des exigences techniques fondées sur des normes européennes harmonisées. Cela nous offre une plus grande interopérabilité et nous permettra de prendre en compte l’évolution technologique. 

C’est du reste pour cela que la proposition contient des dispositions qui vont conférer à la Commission le pouvoir d’ajuster les exigences techniques en fonction des dernières évolutions technologiques.

Nous ne fermons donc pas la porte à d’autres protocoles de charge et des avancées technologiques. Nous voulons seulement que les appareils électroniques soient dotés d’un port de charge commun et de la technologie commune de charge rapide mentionnés précédemment.

 Cette proposition est donc une proposition de bon sens. Elle est nécessaire, en prise avec notre temps et les attentes de nos concitoyens. Elle fait des consommateurs et de l’industrie des acteurs de notre double transition écologique et numérique.