Le coaching de dirigeants : conditions de réussite et spécificités

Quelques idées clés (et claires ?) quant à ce type de coaching, issues d’une réflexion panoramique menée à partir de mon expérience de 12 années de pratique dans ce champ...

5 principales conditions de réussite

« Un papillon n’est pas une grosse chenille... » (François Varillon, cité par V. Lenhardt) 

1.  Œuvrer à déconstruire et désactiver, autant dans la tête du futur coaché que du coach lui-même, la représentation selon laquelle on n’apprend qu’au contact d’un plus grand que soi, par une sorte de mimétisme. C’est vrai dans de nombreux domaines, mais pas dans le développement de soi où l’on apprend au contraire mieux et plus en croisant les regards avec quelqu’un de différent, ancré dans un autre champ... Sinon, on ne pratique que ce que Bourdieu appelait la « reproduction sociale », qui condamne le sujet à être un clone de ses prédécesseurs ou de ses pairs. Dans cette perspective, le coach de dirigeant n’a pas à avoir été dirigeant, bien au contraire. Il doit juste pouvoir comprendre ce que vit son client et, par sa « naïveté », l’aider à décoder l’univers dans lequel il évolue.

2.  Différencier besoin/envie de se développer d’une part et insuffisance ou situation d’échec d’autre part. Les dirigeants ont été habitués à réussir. C’est ce qui les a conduits là où ils sont.... Toutefois, y étant, pleinement compétents et légitimes pour y être, ils peuvent avoir besoin d’un travail d’ajustement aux particularités de leurs fonctions afin de les exercer avec la plus grande efficacité. En effet, durant l’ascension dans la ligne hiérarchique, rien ne les a préparés à développer les compétences et capacités qui leur seront indispensables une fois au sommet... Sentir que l’on peut/doit se développer est un signe de lucidité et un gage d’humilité. Deux qualités dont les dirigeants ont grand besoin et que peu d’éléments de leur contexte les poussent à cultiver...

3.  Tenir ferme sur le cadre et le contrat (plus que jamais) : lieu et horaires doivent devenir une sorte de digue face aux impératifs et intempéries professionnels innombrables et incessants qui viennent percuter le planning d’un dirigeant. Enfin, la confidentialité est évidemment la pierre angulaire de tout travail de dévoilement et d’exploration basé sur la confiance interpersonnelle...

4.  Qualifier la position basse : explorer et comprendre la puissance d’une posture qui inclut le « je ne sais pas », quand les dirigeants (lesquels sont souvent d’anciens bons élèves), ont été habitués à dire « je sais » et sélectionnés sur cette aptitude à emmagasiner, trier, mobiliser et restituer du savoir ...

5.  La 5ème concerne plus particulièrement le coach, qui doit rester modeste et garder son décalage fructueux... tout en s’arrimant à la demande du coaché et à ses objectifs.

 Quelques particularités

Les coachings de dirigeants se différencient des autres par quelques traits et par les thèmes sur lesquels ils portent le plus fréquemment.

Les traits marquants

• Pas de contractualisation tripartite : le futur coaché définit seul ses objectifs. C’est chemin faisant que d’autres buts, sous-jacents, pourront être travaillés et que d’autres demandes pourront émerger.
• Pénurie de temps et besoin de pause : le futur coaché n’a pas de temps. Jusqu’à ce qu’il comprenne qu’il n’a rien d’autre que du temps...
• Savoir donner et recevoir : le futur coaché doit donner de lui-même sur un mode très inédit et exposant, pour pouvoir recevoir du coach, curieux personnage parfois fantasque et prétendu non sachant...

Les thèmes majeurs du coaching de dirigeants

• Travail sur la mission et l’alignement personnel. De quoi suis-je porteur ?
• Trouver du sens, donner du sens, quand le sens est une denrée rare...
• Comment embarquer les équipes ?
• Comment créer les conditions qui permettent de s’appuyer sur son comité exécutif ?
• Comment générer de la confiance et créer les conditions de réussite des équipes ?
• Comment réussir avec les autres et non plus seul ou contre les autres ?
• Comment tenir les tensions entre les parties prenantes de l’entreprise et trouver un chemin de développement équilibré ?
• Comment réussir en tant que dirigeant dans un contexte international ?
• Travail sur l’écologie personnelle : comment ne pas mettre sa santé et sa famille en péril pour réussir dans sa mission ?
• Comment traiter les dilemmes éthiques inhérents à la fonction de dirigeant ?
• Où trouver des lieux de partage entre pairs qui échappent à l’esprit de concurrence, de convoitise ou de mondanité ?
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Valérie PASCAL (Novembre 2017)