Le consommateur est-il actionnaire ?
Dans des discours plaisants des acteurs des affaires, il n’est pas rare de remarquer un usage assez fréquent des vocables visant à imbiber le consommateur des eaux de grandeur. Il serait le départ et le retour du marché. Il serait au centre de toute préoccupation du marché : il est l’inspiration de la création de la valeur. Le consommateur devient le représentant de la société et par conséquent l’un des enjeux des stratégies d’entreprises (Van de Walle et Brice, 2011). Viser son vouloir c’est s’octroyer un ticket de la pérennité sur un segment spécifique du marché. Pour ce faire, il est sollicité par diverses offres qui font de lui un être pourvoyeur de souffle pour la vie de l’entreprise. Des stratégies se multiplient, les offres se diversifient mais le consommateur reste le même, l’unique et du haut de sa place, il dicte son désir d’être convoité. En quête de sa satisfaction, les entreprises rivalisent dans la création des offres diverses en tout format, en tout emballage, en tout design et en tout rêve. Seulement, dans cette course effrénée, les traces indélébiles sont laissées à travers l’environnement dans lequel le producteur fabrique le produit, où le consommateur use le produit et où sont appelés à vivre les futures consommateurs et producteurs. Compte tenu de cette divergence d’objectifs à la fois à suivre le marché pour survivre aujourd’hui et de se préoccuper de l’environnement pour subsister demain, une préoccupation majeure émerge, celle de la véritable place du consommateur dans l’esprit de l’entreprise et de son créateur. Les réponses semblent se trouver en amont et en aval de l’exercice de l’entreprise.
En effet, à la création, le consommateur apporte son besoin comme principal capital socle de la création de l’entreprise, il permet de façonner un produit qui lui sera ensuite vendu pour rentabiliser l’entreprise. Le premier bénéfice apparait donc à travers la satisfaction de son besoin. Ensuite, dans son processus de fabrication, l’entreprise utilise des matières provenant de son environnement immédiat, leur transformation déforme son environnement physique et les consommateurs subissent des nuisances au prix de leur santé et leur survie. Ce sacrifice constitue le second investissement assez lourd de la part des consommateurs qui en retour récoltent le plus souvent quelques actions sociales en guise de compensation. Mais cela est-il suffisant ? Autrement, le consommateur est-il réellement le centre de la création de l’entreprise ? Est-il actionnaire de l’entreprise ? Si oui à quel degré l’est-il ? Quelle est la proportion de son apport et celle de son dividende au regard du volume de son investissement ? Quelle est la perception qu’il se fait de la part qui lui est versée (quand c’est le cas) ?
Assistant Vice-President, AVP | Credit Lead
3 ansIl est certainement "le départ et le retour du marché".