Le cri de détresse d'un universitaire brésilien. Juremir Machado da Silva
Face à face
J'ai peur
Je marche d'un côté à l'autre à l'aube, regardant la ville par la fenêtre. Oui, j'avoue, j'ai peur de Jair Bolsonaro, du bolsonarisme et de bolsonaristes.
J'ai peur de ce qu'ils peuvent représenter : préjugés, colère, simplification et culte de la violence.
J'ai peur de ceux qui sont armés et qui prêchent la liberté des armes comme solution à des questions sociales profondes liées à l'inégalité.
J'ai peur de ceux qui voient le communisme derrière les politiques sociales pratiquées dans toute démocratie.
J'ai peur de ceux qui disent que je n'aimerais pas un fils gay, puis relativisent leurs déclarations comme blagues ou paroles malheureuses.
Je regarde le gris et la rue déserte, et je me sens le corps moulu.
Je laisse mes craintes affleurer.
Il n'y a plus de moyen de les retenir.
J'ai peur de ceux qui disent devoir abandonner en concevant une fille.
J'ai peur des généraux qui voient dans les indiens l'origine de l'indolence, dans les noirs la source de la racaille et introduisent un classement de la beauté de leur petit-fils en critère de blanchiment de la race.
J'ai peur de cette colère conservatrice et de ce saut dans le passé. J'ai peur de celui qui traite un collègue de pute et pèsent la négritude à l’aune de leurs préjugés.
J'ai peur des supporters fanatiques qui répandent des tonnes de fausses nouvelles sur les réseaux sociaux en prétendant défendre la vérité et les bonnes moeurs.
J'ai peur des militaires qui prônent grève et constitution sans électeurs élus.
J'ai peur de candidats qui parlent d'augmenter le nombre de juges du Tribunal suprême Fédéral pour enfermer la cour suprême comme cela a été fait au Venezuela.
J'ai peur de ceux qui disent vouloir la paix, avec des adeptes qui répandent la violence dans le pays, frappent et tuent comme à Bahia. J'ai peur de celui qui voit un symbole bouddhiste dans une croix gammée taillée au couteau dans le ventre de sa femme.
J'ai peur de ceux qui soutiennent que le nazisme était de gauche, car celui qui fait ainsi se met à droite d'Hitler. J'ai peur du bolsonarisme sachant qu'il s'agit d'une idéologie d'extrême droite qui me dégoûte du fait de son machisme et de son homophobie, comme le fait Marine Le Pen, l'odieuse leader de la extrême-droite française raciste et xénophobe.
J'ai peur de celui qui prêche la censure et même la prison d'une étoile internationale comme Roger Waters parce qu'il a osé critiquer le Messie. J'ai très peur.
J'ai peur de ce que Bolsonaro, s'il est élu, fera avec les terres indigènes, avec l'éducation, la culture, l'économie, la prévoyance et la législation travailliste déjà exsangue.
J'ai peur que l'on retourne à l'école morale et civique. J'ai honte de la droite brésilienne, duMouvement démocratique brésilien qui s'est allié à Bolsonaro par idéologie ou par recherche de votes au deuxième tour.
J'ai honte de ces vieux kapos qui ont passé leur vie à raconter aux petits-enfants et aux électeurs combien ils ont été courageux dans la lutte contre la dictature et maintenant, au crépuscule, soutiennent le candidat qui loue le régime militaire et prend le tortionnaire comme idole.
J'ai peur des généraux qui défendent l'élimination des livres qui vont à l'encontre de leur vision du monde.
J'ai peur de la censure, de la révolution et du moralisme hypocrites. J'ai peur de ceux qui disent que la dictature a tué peu de gens ou qu'elle aurait dû tuer au lieu de torturer.
J'ai peur des nombreux chroniqueurs des vieux média qui ont aidé à pousser le Brésil dans les bras de Bolsonaro. Si le capitaine gagne, il pourra consacrer son triomphe aux réseaux sociaux et à une armée de journalistes enfermés dans les rédactions, la radio et la télévision.
J'ai peur d'être abattu, j'ai peur de la chasse aux sorcières, j'ai peur du macarthisme, j'ai plus de peurs que de rêves, plus de craintes que d'espoirs, plus de terreur que d'illusions, plus d'inquiétudes que d'indices d'amélioration.
Je me sens de plus en plus terrifié par le cynisme des politiciens, ces êtres capables de tout, de toute alliance, par calcul électoral.
Je me sens perplexe de voir les vieux membres du MDB Pedro Simon et Ibsen Pinheiro donner leur aval et soutien à Bolsonaro.
Je me vois stupéfait par l'adhésion du jeune Toucan Gaucho Eduardo lait au candidat du PSL. J'ai peur de ce manque de paramètres, de limites, de frontière.
J'ai vraiment peur de cette époque, par une seule loi : ça vaut tout.
Face a Face
Eu tenho medo
Ando de um lado para outro ao amanhecer olhando a cidade pela janela. Sim, confesso, eu tenho medo de Jair Bolsonaro, do bolsonarismo e de bolsonaristas. Tenho medo do que podem representar: preconceito, raiva, simplificação e culto à violência. Tenho medo de quem anda armado e de quem prega a liberação das armas como solução para questões sociais profundas ligadas à desigualdade. Tenho medo de quem vê comunismo em políticas sociais praticadas em qualquer democracia. Tenho medo de quem diz que não amaria um filho gay e depois relativiza suas declarações como piadas ou falas infelizes.
Contemplo o cinza e a rua deserta e sinto o corpo moído. Deixo meus temores aflorarem. Não há mais como segurá-los. Tenho medo de quem diz ter fraquejado ao conceber uma filha. Tenho medo de generais que veem nos índios a origem da indolência, em negros a fonte da malandragem e classificam a beleza do neto como branqueamento da raça. Tenho medo dessa fúria conservadora e desse salto para o passado. Tenho medo de quem chama colega de vagabunda e pesa negro em arroubas. Eu tenho medo de adeptos fanáticos que espalham toneladas de notícias falsas em redes sociais em defesa da verdade e dos bons costumes.
Tenho medo de militares que defendem autogolpe e constituição sem constituintes eleitos. Tenho medo de candidato que fala em aumentar o número de ministros do STF para aparelhar a suprema corte como foi feito na Venezuela. Tenho muito medo de quem diz querer a paz, mas tem seguidores que espalham a violência pelo país, agridem e até matam como na Bahia. Tenho medo de quem vê símbolo budista em suástica talhada com canivete em barriga da mulher. Tenho medo de quem sustenta que o nazismo era de esquerda, pois quem faz isso se coloca à direita de Hitler. Eu tenho medo do bolsonarismo por saber que se trata de uma ideologia de extrema-direita capaz de causar asco, pelo machismo e pela homofobia, até em Marine Le Pen, a odiosa líder da racista e xenófoba extrema-direita francesa. Eu tenho medo de quem prega a censura e até a prisão de uma estrela internacional como Roger Waters por ele ter ousado criticar Messias. Eu tenho muito medo.
Eu tenho medo do que Bolsonaro, se eleito, fará com as terras indígenas, com a educação, com a cultura, com a economia, a Previdência e a legislação trabalhista já combalida. Tenho medo de que voltemos às aulas de Moral e Cívica. Eu tenho vergonha da direita brasileira, do MDB ao PSDB, que se aliou a Bolsonaro por ideologia ou por busca de votos no segundo turno. Eu tenho vergonha desses velhos caciques que passaram a vida contando para os netos e eleitores o quanto foram valentes na luta consentida contra a ditadura e agora, no ocaso, apoiam o candidato que louva o regime militar e tem como ídolo o torturador. Eu tenho medo de generais que defendem a eliminação de livros que contrariam a sua visão de mundo. Eu tenho medo da censura, da truculência e do moralismo hipócrita. Eu tenho medo de quem diz que ditadura matou pouco ou que deveria ter matado em vez de torturar.
Eu tenho medo dos tantos colunistas da velha mídia que têm ajudado a empurrar o Brasil para os braços de Bolsonaro. Se o capitão ganhar, poderá dedicar o seu triunfo às redes sociais e a um exército de jornalistas encastelados nos jornalões, no rádio e na televisão. Eu tenho medo de ser abatido, tenho medo da caça às bruxas, tenho medo do macarthismo, tenho mais medo que sonhos, mais temores que esperanças, mais pavores que ilusões, mais inquietações do que indicativos de melhoria. Eu sinto cada vez mais pavor do cinismo dos políticos, esses seres capazes de tudo, de qualquer aliança, por cálculo eleitoral.
Eu me sinto perplexo ao ver os velhos emedebistas Pedro Simon e Ibsen Pinheiro darem aval ao apoio a Bolsonaro. Eu me vejo estupefato com a adesão do jovem tucano gaúcho Eduardo Leite ao candidato do PSL. Eu sinto medo dessa falta de parâmetro, de limite, de fronteira. Eu sinto muito medo desta época pautada por uma única lei: vale tudo.
Anthropologie d'entreprise, Orthopédagogie créative et (art)-Psychanalyse
6 ansMerci