Le Fantôme d'Erasme

Le Fantôme d'Erasme

Chacun sait que les fantômes existent, ce sont les rêves qui les produisent.

Grosse peur, l’autre nuit : le fantôme d’Erasme de Rotterdam m’est apparu, étrangement et quasiment nu, en pyjama dépenaillé, vieux, malade et suant, avec en fond le paysage de la ville de Bâle, un peu avant sa mort, en 1536, durant la Renaissance, qui m’a parlé et lu le contenu d’une tablette en porphyre bleu. A mon réveil, je me suis rappelé de tout.

Voilà ce qui y était écrit et qu’il lisait avec une voix éraillée :

« HYPOTHESES ELECTORALES, devant lesquelles chacun s’est prononcé ou a à se prononcer, si le cœur lui en dit...d’une façon caricaturale, mais pas fausse, il me semble :

Une fois repoussées dans notre choix les candidatures Le Pen (souverainisme de droite autoritaire au service du capital et pour certains éléments fascisant), Fillon (hyper libéralisme classique renforcé au service du capital) et Macron (hyper libéralisme mâtiné « d’accompagnement social » mais le plus radical dans son adaptation à la mondialisation capitaliste), il nous reste à choisir entre le franxit de Mélenchon, l’intégration fédéraliste dominatrice et militaire de Hamon, et méconnaissance des deux de l’activité productrice et du travail, malgré une liste revendicative qui se veut généreuse.

Ou suivre le mouvement populaire « de gauche », « le plus relativement » majoritaire, dans son choix afin de faire masse avec lui pour la suite ? Dans ce cas les candidatures trotskistes ne rentrent pas dans ce contexte dans l’hypothèse « le plus relativement » majoritaire …ni les « petites » candidatures interclassistes et/ou souverainistes.

Certes, il s’agit de choisir ce qui peut permettre un petit bout de chemin vers le progrès, c'est-à-dire l’usage des failles de l’hyper-libéralisme qu’ils peuvent ouvrir à leur façon, c'est-à-dire d’une façon où il faut essayer de leur laisser le moins d’initiative possible pour pouvoir en promouvoir en saine efficacité : action ouvrière et populaire le permettant, peut-être.

Toujours dans le même esprit, comment, si « le plus relativement » majoritaire ne devient pas majoritaire, éliminer au second tour le plus grand danger et quel est le plus grand danger, et comment commencer à faire monter en santé un mouvement contre les mesures antisociales qui seront prises, « remèdes » illusoires à la suraccumulation-dévalorisation du capital sinon pour ses représentants, leurs effets et pour leur substitution par des solutions qui sortent des ornières de la crise et de ses causes ».

« Pas de réponse attendue ici, tout de suite », dit Erasme très rapidement et très gravement ce qui produisit un drôle d’effet, à ce moment de la lecture ». Puis il reprit :

« La mondialisation démocratique, car la mondialisation tout court est un phénomène croissant quantitatif et qualitatif « naturel » de l’humanité depuis son origine, avec ses progrès et ses maladies, passe, elle, par la démocratie du citoyen et de l’homme producteur, le « que, quoi, comment produire » de la personne de l’entité de production locale à l’entité de production mondiale, du local au mondial, en passant par les entités constituées et en constitution de la cité, des régions, des nations, des zones mondiales de développement, et leur coopérations mondiales « à tous les niveaux » l’économie, politique, culture, l’ensemble de activités humaine dans leur infinie diversité.

Le « Forum européen des forces progressistes » annoncé pour les 10 et 11 novembre à Marseille, sera-t-il un pas vers de saines et efficaces solutions à la crise, pour une reconstruction et un nouveau développement économique, politique et culturel ? » conclut le Fantôme d’Erasme, en cette nuit du 1er avril 2017.

Et il partit en sautant sur une jambe, en chantant « On va gagner », jusqu’à être un point disparaissant à l’horizon d’où l’on entendit encore faiblement : « Il faut que tu réfléchisses à tout ça, Pierrot »

Pierre Assante


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