Le « gendarme Cruchot » est-il un tueur de femmes ?
Faits divers|Julien Mignot|24 novembre 2016, 7h00|0
Le procès d’Abdelkader Amrani, ancien gendarme réserviste, s’ouvre aujourd’hui devant la cour d’assises des Bouches-du-Rhône. Il durera huit jours.
Julien Mignot
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Derrière une apparente vie bien rangée et des uniformes, la réalité serait tout autre : Abdelkader Amrani est soupçonné d'avoir commis deux meurtres.
Gendarme, pompier, agent recenseur... Ils ne sont pas nombreux les métiers qui permettent de rentrer chez les dames seules sans éveiller leur méfiance. Abdelkader Amrani, 45 ans, qui va être jugé à partir de ce matin devant la cour d'assises d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), enfilait toutes ces casquettes.
Sur les sites de rencontres qu'il fréquentait assidûment, il avait choisi le surnom de Cruchot, le célèbre « gendarme de Saint-Tropez » immortalisé par Louis de Funès. Mais ses états de service ne tirent aucun sourire. Amrani est soupçonné d'avoir tué Marina Ciampi, 52 ans, en 2012, à Marseille. Ce crime a permis d'en résoudre un autre, plus ancien, celui d'Henriette Bernardi, 68 ans, morte étouffée six ans plus tôt dans son appartement des quartiers Nord de la cité phocéenne.
Le 29 juin 2012, le corps de Marina est retrouvé sans vie dans son appartement du XIIIe arrondissement marseillais. Elle est totalement nue, allongée sur son lit, la tête prise dans un sac en plastique fermé à l'aide du cordon d'un sèche-cheveux. Seuls son téléphone portable et l'unité centrale de son ordinateur ont disparu. Pour les enquêteurs, il semble évident que la victime connaissait son agresseur et que celui-ci a tenté de faire disparaître les preuves qui les reliaient. C'est la fille de Marina qui va leur donner une piste : sa mère, veuve depuis trois ans, venait de lui demander de la désinscrire d'un site de rencontres.
Son dernier interlocuteur, qui a laissé son empreinte ADN à trois endroits sur la scène de crime, s'appelle Abdelkader Amrani. Interpellé, l'homme nie tout, cela ne peut pas être lui. Et effectivement, sur le papier, l'homme ne cadre pas avec celui d'un tueur pervers.
Gendarme réserviste, pompier, agent technique de la ville, il est marié, a deux enfants et occupe un petit pavillon à Rians (Var). Mais quand les enquêteurs grattent le vernis, ils découvrent un homme qui ment à tout le monde.
Ses parents ignorent ainsi que leur fils est marié et a deux enfants. Sa femme, avec laquelle il vit pourtant depuis douze ans, a découvert peu à peu qu'elle ne savait absolument rien de lui. En effet, en tant que marin-pompier, il bénéficie d'un logement de fonction à Marseille et d'horaires particuliers dont il use et abuse pour ne pas rentrer à Rians. Même ses collègues, dans cet univers pourtant très complice, expliquent qu'ils ignorent tout de lui, qu'une fois l'intervention terminée, il se cloître dans sa chambre et se cache pour téléphoner ou aller sur Internet. C'est d'ailleurs sur la Toile que les enquêteurs vont découvrir le vrai visage d'Abdelkader Amrani : un homme obsédé par les femmes beaucoup plus âgées que lui.
Une fois incarcéré, les policiers feront le rapprochement ADN avec un autre « cold case » (« affaire non classée »). Henriette Bernardi vivait dans les quartiers Nord de Marseille. Méfiante, elle n'ouvrait à personne. Pourtant, elle avait laissé entrer l'homme qui va la tuer en l'étouffant un jour de 2006.
Tout devient alors logique pour les enquêteurs : à l'époque, Abdelkader Amrani était agent recenseur dans son immeuble. Et bizarrement, quelque temps plus tard, alors qu'il habitait à deux pas, il avait déménagé en secret pour aller s'installer loin, dans le Var, à Rians.
L'homme au-dessus de tout soupçon cacherait donc un tueur aux multiples visages. Son avocat, M e Patrice Reviron, continue d'évoquer des « coïncidences ». Il a huit jours pour en convaincre les jurés.
Le Parisien
Journaliste-reporter-documentariste
7 ansBonjour Hakim, c'est à quel sujet? Cordialement, Julien Mignot
Owner, PERFORMEXT
7 ansBonjour Julien. Prenons contact si vous voulez bien . K