Le Grand Débat National

Le Grand Débat National

Comme il existe des casseurs en marge du mouvement des Gilets Jaunes, il existe des casseurs dans les débats. Parce qu’une idée devient une force lorsqu’elle s’empare des masses (Karl Marx), la démocratie exige de la pédagogie, sinon on tombe dans le populisme (Jacques Julliard).

Cela sonne un peu comme un nom de gare. À moins que cela ne rappelle une célèbre course de chevaux. Mais, à l’inverse d’une gare ou d’un hippodrome, le Grand Débat National promis par le gouvernement, réponse sans doute un peu précipitée pour contenir la colère des Gilets Jaunes, donne à voir une certaine improvisation.

Improvisation, car donner la parole au peuple, justement, cela ne s’improvise pas. Et si je ne doute pas que le meilleur puisse advenir de la concertation de chacune et de chacun — considérer que le peuple n’a pas toujours raison mais que l’on a jamais raison contre le peuple est sage — le pire ne peut jamais être exclu. Pour Laurent Mucchielli, directeur de recherche au CNRS, « le fonctionnement par référendum a toutes les chances de renforcer le poids des arguments idéologiques, la constitution d’opinions binaires, voire manichéennes. »

Comme il existe des casseurs en marge du mouvement des Gilets Jaunes, il existe des casseurs dans les débats, le risque est grand alors, poursuit Laurent Mucchielli, d’assister à une caricature de démocratie où le règne des émotions et de la politique par slogans offre un boulevard aux populismes en tous genres.

Dans le même temps, pour Bertrand Mathieu, professeur de droit, et cela montre la complexité du sujet, priver le peuple de la faculté de s’exprimer ne peut que favoriser, là aussi, les partis populistes.

La démocratie participative exige des circuits courts

La solution se trouve peut-être à l’échelle de la mise en œuvre de la démocratie participative. À l'échelle de la commune, du territoire, et comme le défend Laurent Mucchielli, cela permet d’impliquer les citoyens qui peuvent admettre plus facilement la diversité des points de vue et peuvent rechercher des compromis. Ce qui veut dire, comme le veut Michel Onfray — que je cite peu car souvent en désaccord avec lui — qu’il faudrait, et contrairement à ce qui se passe aujourd’hui, redonner un vrai pouvoir aux mairies, un vrai pouvoir aux communautés de communes et départements, et repenser les Régions en termes de parlements. »

Au niveau de la Nation, la solution, elle, passe non pas par la démocratie participative mais par une représentation nationale plus conforme à la réalité. À quand, pour de vrai, une représentation plus conforme au nombre de voix obtenues par chaque parti — ce qu'on appelle la proportionnelle — à l’Assemblée ?

La démocratie exige des contrepoids à la majorité

C’est là où le bât blesse. Autour de la République en Marche, c’est le désert. On est là très loin des idées que je prône avec la Théorie du Lotissement. Comme la valeur de ma maison dépend étroitement de la valeur de la maison du voisin, la force d'un parti politique au pouvoir dépend étroitement de la force des partis d’opposition.

S'il n'y a pas d'opposition, le parti au pouvoir se délite toujours de l’intérieur. Et pire, sur le néant du lotissement de la vie politique, vont croître les seules forces d’opposition viables dans ces conditions : les extrêmes.

Lors de la dernière élection présidentielle, sauf à vouloir se faire peur ou plus sûrement à vouloir faire peur, l’extrême droite, je l’avais écrit et dit alors, n’avait aucune chance de passer. Pour une raison très simple, partout où les extrêmes sont arrivés au pouvoir, ils étaient, les années précédant l’élection, la principale force d’opposition. En 2017, ce n'était pas le cas en France.

La démocratie en danger

Aujourd'hui, le paysage n'est plus du tout le même. Les extrêmes en France, sur les ruines des partis traditionnels, pourraient bien devenir la principale force d’opposition. Aussi je l’écris et je le dis, le risque est désormais réel que les extrêmes l’emportent lors des prochaines échéances électorales. Dans ces conditions d’urgence absolue, vous comprendrez que je ne reste pas les bras croisés.

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Note : Cet article, 23e d'une série intitulée "Penser le futur" — après #Grenoble (avril 2017), #FCG (mai 2017), #Macron (juin 2017), #Migrants (juillet 2017), #Démocratie (septembre 2017), #Écologie (octobre 2017), #Bordel (novembre 2017), #Engagement (décembre 2017), #GEM ( janvier 2018), #Jeunesse (février 2018), #Spinoza (mars 2018), #Éthique (avril 2018), #Football (juillet 2018), #Assez (septembre 2018), #Pacte (septembre 2018), #Méthode (octobre 2018), #Enseignement (octobre 2918), #PasDeVague (novembre 2018), #Vivre-ensemble (novembre 2018), #GiletsJaunes (décembre 2018), #Albatros (décembre 2018), #Vœux (janvier 2019), a été publié le 18 janvier 2019 sous le titre #GrandDébatNational. Il est reproduit ici avec l'aimable autorisation de l'équipe de direction de l'hebdomadaire.

Je suis atterrée par la rédaction et l'orthographe du commentaire de l'élue, qui en dit long sur la représentativité de notre assemblée été ce qui peut en sortir.... 

« Je suis élu pour exprimer mes idées! PAS LES VÔTRES... » Robespierre . Il a terminé comment????? Vous voila la démarche à suivre. Toutes les constitutions n’ont fait que renforcer la position des « serviteurs » du « peuple ». Orgeniez un vrai echenge d’idées entre les citoyens de France, rendez les responsables de leur choix et vous voilà le monde transformé. 

Regardez attentivement la photo qui illustre l’article....

La répiblique, le royaume, la démocratie etc... ce ne sont que des abstractions. Le peuple est la seule réalité bien réelle - il s’agit tout de même des habitants et sans eux il n’y ni républiques, ni présidents, ni partis politiqueques, ni phylosophes. (Au passage - phylosoper c’est douter et non pas chercher à vendre ses médiocres écrits)  . Gouverner c’est quoi ... décider à la place d’un être humain ce que celui-ci doit  ou ne doit pas faire... Trop de pression amène forcement à un moment ou un autre à l’explosion et à la révolution. Les habitants ne sont pas un troupeau à diriger.  Entièrement d’accord avec l’aiteur du commentaire précedent. Quand les habitants d’un état disent « STOP », « Cela suffit ». il est plus que préferable de tout arrêter et de chercher une solution équitable. Ceci n’est pas donné à tout le monde. 

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