Le jour où j’ai mené une interview sur les chapeaux de roue
Matthieu Lamoure ©Flavien Prioureau

Le jour où j’ai mené une interview sur les chapeaux de roue

Depuis la création d’Édito en 1994, nous avons croisé, rencontré, interviewé, de très nombreux interlocuteurs, parfois illustres, souvent anonymes. Certains d’entre eux nous ont particulièrement marqués par leur discours, leur engagement, leurs choix, leur simplicité…

Pour marquer le 25e anniversaire d’Édito, nous avons choisi de vous raconter quelques-unes de ces rencontres. Rencontre 9/25 : Matthieu Lamoure, commissaire-priseur.

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En 2012, Jean-Philippe Monnin, directeur conseil à l’agence The Links me sollicite pour participer avec lui à un appel d’offres portant sur la réalisation du magazine clients de LCL Banque privée. Les questions de patrimoine et de placements ne me touchent pas outre mesure mais j’ai toujours considéré qu’il n’existait pas de sujet impossible dès lors qu’on lui manifeste un minimum d’intérêt. Et l’aridité de façade constitue toujours un challenge intéressant !

Nous réfléchissons donc ensemble à la meilleure façon de répondre à la question posée et nous partons un beau matin avec Nicolas Gentil, directeur associé de l’agence à l’époque, défendre nos idées. Nous voilà bien vite dans une salle sombre du très impressionnant siège historique de la banque, boulevard des Italiens, face à un aréopage de responsables… C’est le moment que choisissent notre ordinateur portable et le vidéoprojecteur du lieu pour refuser d’échanger. Les minutes pendant lesquelles Jean-Philippe tente désespérément de lancer notre présentation alors que Nicolas éblouit nos hôtes dans un remarquable numéro d’improvisation m’apparaissent encore aujourd’hui bien longues.

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Personne ne nous en tient rigueur puisque nous gagnons la compétition ! Je dois donc m’intéresser rapidement aux subtilités du private equity, aux vertus de l’assurance-vie et aux charmes de la pierre papier… Et je me prends au jeu. Le support contient aussi une page plus originale en clôture du magazine, la rubrique Ouvertures, une forme de récréation qui aborde toutes sortes de placements alternatifs. Au fil du temps, nous parlons forêts, cinéma, start-up, philanthropie, art, végétaux…Les idées manquent parfois pour alimenter cette rubrique et Cathy Perréard, responsable de la communication et en charge du support chez LCL Banque privée, me sollicite pour l’aider à la remplir. C’est ainsi que j’évoque la possibilité d’un article sur les voitures de collection, ce qui n’étonnera pas ceux qui connaissent mon affection pour la chose automobile. Je sais que LCL Banque privée a noué un partenariat avec la société de ventes aux enchères Artcurial, laquelle est très active sur le marché des autos de collection. Il est vrai que l’un de ses fondateurs, Hervé Poulain, a conduit plusieurs fois aux 24 Heures du Mans et été l’instigateur des magnifiques art cars décorées notamment par Calder, Lichtenstein ou Warhol…

L’idée fait mouche ! Et je dispose bientôt du contact de Matthieu Lamoure, directeur général d’Artcurial Motorcars. Rendez-vous est pris pour une interview téléphonique alors que notre interlocuteur attend son avion à l’aéroport de Genève.

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Le démarrage est convenu… Matthieu Lamoure a manifestement l’habitude de ce genre d’interview fleuve. S'il maîtrise parfaitement l’exercice, tout reste superficiel. Au fil des questions, il commence pourtant à aller un peu plus loin. “Vous semblez connaître les voitures”, lâche-t-il alors qu’il vient d’évoquer la Ferrari Testarossa Monospecchio*. Je lui avoue ma passion. La discussion prend alors un tour différent, plus en connivence.

Il évoque les Serenissima du comte Volpi qui viennent d’être vendues à Rétromobile, le record d’enchères (32 millions d’euros) atteint par la Ferrari 335 Sport Scaglietti 1957 de la collection Bardinon, les valeurs sûres que sont les Ferrari Daytona, Jaguar Type-E et autres Porsche 911… Son propre parcours aussi : sa première voiture, une banale Peugeot 304 cabriolet qu’il possède toujours ; mais aussi comment il a fait de sa passion automobile son métier en démarrant sa carrière auprès d’Hervé Poulain. Parti chez Bonhams, il y organise ses premières grandes ventes de voitures. Hervé Poulain et Artcurial lui proposent alors de prendre la direction d’Artcurial Motorscars qu’il impose comme un opérateur majeur en Europe.

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Je garde le meilleur pour la fin… Je l’interroge sur la collection Baillon et ses pépites découvertes dans de méchants hangars au fond d’un champ. Elle allait déboucher en 2015 sur une fabuleuse vente de 59 autos d’exception. “Je pensais être né trop tard pour connaître les sorties de granges des années 50… Et la collection Baillon est arrivée. C’est un symbole du temps qui passe, de l’objet qui dure face à l’homme et sa finitude”, avoue-t-il.

Nous devons hélas interrompre cette intéressante conversation. Mais je raccroche en me disant que, certains jours, j’adore mon métier…


*Monospecchio, littéralement, “un seul miroir”. Référence à la première série de Ferrari Testarossa (1984) dotée d’un seul rétroviseur extérieur très caractéristique.

Plus d’infos sur Édito sur www.edito-presse.com

Delphine LORY TALLOUR

Directrice de Clientèle - Gulfstream Communication (44)

4 ans

Merci François pour ce récit...certes, beaucoup d'interviews à ton actif. Tu as toujours su t'adapter aux secteurs d'activité, aux interlocuteurs et garder le sourire. Nos virées parisiennes me manquent quand même ! À très bientôt

Cathy Perreard

Multichannels communication and events LCL Private banking chez LCL

4 ans

Toujours un plaisir de collaborer avec toi Francois, merci!

Merci François pour ce très bel article qui me rappelle quelques souvenirs également. ;)

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