Le Juif et sa société
La phrase probablement la plus célèbre de la Torah, celle qui est connue dans le monde entier par les Juifs et les non-Juifs, est : « Aime ton prochain comme toi-même ». La traduction correcte de l’hébreu est « Aime ton ami comme toi-même ».
Les 613 Mitsvot de la Torah sont divisées en deux groupes. Le premier groupe de Mitsvot s’intéresse à la relation entre l’homme et D.ieu et comprend la prière, la nourriture Cacher, le Chabbath et les fêtes. Le second groupe gouverne les relations entre l’homme et son prochain comme ne pas voler, aimer chaque Juif et subvenir aux besoins des orphelins et des veuves.
Permettez-moi de poser une question : quelle catégorie pensez-vous que D.ieu considère comme la plus importante des deux ? Que préférerait D.ieu : que nous nous aimions et que nous agissions comme une famille harmonieuse en mangeant des sandwichs au jambon et au fromage à la plage le samedi, ou que nous nous détestions et que nous nous battions dans la synagogue le Chabbath ? Si cette question était posée à un chrétien et à un musulman concernant leurs communautés, quelle serait leur réponse selon vous ? Probablement qu’ils doivent certainement s’entendre, mais que l’obéissance à D.ieu reste primordiale.
Mais le D.ieu d’Israël voit les choses tout à fait différemment, ce qui ne devrait pas être une grande surprise à ce stade. Comme nous l’avons vu, le D.ieu d’Israël n’est pas un tyran en colère qui exige adulation et obéissance. Il est plutôt un parent aimant qui souhaite seulement nous procurer le plus grand plaisir. Et puisqu’il n’y a ni joie ni plaisir dans les dissensions et les conflits, et puisque D.ieu a créé ce monde afin de lui accorder du bien et de contenter Ses créatures, Il sera tout aussi préoccupé par les interactions entre les gens que par leurs interactions avec Lui. Les deux sont essentiels pour une vie bien menée.
En fait, cela va plus loin que cela. Le chrétien et le musulman n’ont pas complètement tort : l’obéissance à D.ieu est primordiale. Mais ce qu’ils ne comprennent pas, et ce qu’aucun adepte à une religion ou à une philosophie artificielle ne peut comprendre, c’est qu’être gentils les uns envers les autres constitue aussi une forme d’obéissance à D.ieu. C’est une idée exclusivement juive. La Torah ne distingue pas entre les Mitsvot entre l’homme et D.ieu et les Mitsvot entre l’homme et son prochain. Toutes sont obligatoires, toutes font intrinsèquement partie de la Torah, et les unes ne peuvent exister sans les autres.
En fait, on peut faire valoir à juste titre que la façon dont on traite les autres représente le véritable test de sa religiosité. La façon dont vous considérez les enfants de votre ami est le reflet direct de ce que vous ressentez pour votre ami ; la façon dont vous vous comportez avec les enfants de D.ieu est le miroir de ce que vous éprouvez pour D.ieu. Dans le judaïsme, vous ne pouvez pas aimer D.ieu et détester les gens. Si vous aimez vraiment D.ieu, vous aimerez naturellement Ses créatures. Par notre comportement envers les autres, soit nous affirmons notre croyance que D.ieu dirige le monde, soit nous révélons qu’au fond, nous n’y croyons pas. Une personne vraiment engagée envers D.ieu ne ment jamais, ne manipule, n’abuse ou ne maltraite personne.
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Le verset lui-même est écrit au singulier signifiant que la Mitsva est d’aimer chaque Juif individuellement. D.ieu ne dit pas « Aimez les Juifs » ou « Aimez le peuple juif » parce que nous savons tous à quel point il est facile de prétendre « aimer » les gens en général tout en haïssant les individus. Au lieu de cela, on vous dit d’aimer votre voisin de palier ou de votre quartier, ou votre collègue de travail qui vous énerve. Souvent, la personne la plus difficile à aimer est celle à laquelle vous êtes exposé le plus fréquemment. Mais si vous pouvez aimer la personne assise à côté de vous en décelant le bien en elle indépendamment de certaines de ses actions, vous pourrez aimer tout le monde et toute l’humanité.
La dualité des Mitsvot entre l’homme et D.ieu et des Mitsvot entre l’homme et son prochain s’exprime par les deux Tables sur lesquelles étaient inscrits les Dix Commandements et qui ont été données à Moché sur le mont Sinaï. La première Table contient des Mitsvot qui affectent la relation entre l’homme et D.ieu ; la deuxième Table contient des Mitsvot qui affectent la relation entre l’homme et son prochain. Elles sont toutes deux également inhérentes à l’existence juive. Cela signifie que, selon la Torah, garder rancune contre son voisin n’est pas différent de manger un sandwich au jambon.
Pourquoi en est-il ainsi ? Selon l’approche la plus simple, c’est parce que les deux sont des commandements, et nous ne faisons pas de différence entre les Mitsvot ni ne les hiérarchisons. Un commandement est un commandement. À un niveau plus élevé, il est évident que l’harmonie est le préalable à une vie spirituelle. Sans cela, les êtres humains ne seraient pas libres de se concentrer sur des aspects supérieurs, mais seraient plutôt englués dans un conflit physique ou émotionnel constant. La discorde entre voisins, groupes ou nations ou simplement au sein de l’individu, est une force destructrice qui gaspille du temps et des ressources et nous empêche de recevoir les bénédictions pour lesquelles Il nous a créés.
Mais il y a une signification encore plus profonde à ces Mitsvot. Toutes les sociétés exigent un certain type de comportement de soumission de la part de leurs citoyens. C’est un moyen de maintenir l’ordre et de permettre les interactions sociales et commerciales nécessaires au bon fonctionnement de toute société. Cependant, les Mitsvot qui régissent notre conduite interpersonnelle sont bien plus que de simples règles de bonne conduite. Ce sont des outils de maîtrise de soi, pour maintenir le cavalier fermement en selle et subjuguer nos passions les plus viles et les plus dangereuses. Une vie passée à vivre selon ces Mitsvot créera un être humain merveilleux et magnifique. Dans le judaïsme, la formation de sa propre identité est considérée comme l’aspect le plus élevé de notre vie et le but principal de notre existence. (Extrait d'un livre de Rabbi David Baum, à paraitre aux Editions Torah-Box)
Binyamin Benhamou
Portfolio Manager
3 ansbonne question. et toi qu'est ce que tu preferes?