Le lac des Bouillouses dans les Pyrénées catalanes
Le lac des Bouillouses et le pic Carlit

Le lac des Bouillouses dans les Pyrénées catalanes

En ce début septembre, je vous emmène dans le département des Pyrénées-Orientales et plus précisément en Cerdagne, à plus de 2000 mètres d’altitude. Vous pouvez contempler sur cette image le lac des Bouillouses, bijou scintillant dans son écrin de verdure, que domine le Carlit, le plus haut pic du département.

Après avoir contourné le lac et grimpé un moment, la vue sur les montagnes se dégage peu à peu. On rencontre sur le chemin des vaches et des chevaux en semi-liberté, puis on traverse des ruisseaux qui s’écoulent en cascade le long des rochers. On entend parfois au loin le sifflement des marmottes qui flairent un danger. L’air est pur, l’atmosphère lumineuse, les cimes majestueuses et l’effort de la marche n’est rien à côté de tant de splendeur.

En cette période incertaine, je ne peux m’empêcher de citer un poème de Baudelaire. Subjugué par la beauté des montagnes pyrénéennes, le poète écrit ces vers en 1838, à l’âge de 17 ans. Mieux que quiconque, il arrive en quelques lignes à nous faire ressentir cette impression d’être "hors du monde" lorsque l’on est au plus près des sommets. Ce poème est une véritable ode à la nature sauvage, à sa beauté mais aussi à son côté inquiétant que l’on oublie parfois.

Laissez-vous emporter par la magie de la poésie ! Bonne lecture et bonne rentrée !

 

 Incompatibilité

 Tout là-haut, tout là-haut, loin de la route sûre,

Des fermes, des vallons, par-delà les coteaux,

Par-delà les forêts, les tapis de verdure,

Loin des derniers gazons foulés par les troupeaux,

On rencontre un lac sombre encaissé dans l'abîme

Que forment quelques pics désolés et neigeux ;

L'eau, nuit et jour, y dort dans un repos sublime,

Et n'interrompt jamais son silence orageux.

Dans ce morne désert, à l'oreille incertaine

Arrivent par moments des bruits faibles et longs,

Et des échos plus morts que la cloche lointaine

D'une vache qui paît aux penchants des vallons.

Sur ces monts où le vent efface tout vestige,

Ces glaciers pailletés qu'allume le soleil,

Sur ces rochers altiers où guette le vertige,

Dans ce lac où le soir mire son teint vermeil,

Sous mes pieds, sur ma tête et partout, le silence,

Le silence qui fait qu'on voudrait se sauver,

Le silence éternel et la montagne immense,

Car l'air est immobile et tout semble rêver.

On dirait que le ciel, en cette solitude,

Se contemple dans l'onde, et que ces monts, là-bas,

Écoutent, recueillis, dans leur grave attitude,

Un mystère divin que l'homme n'entend pas.

Et lorsque par hasard une nuée errante

Assombrit dans son vol le lac silencieux,

On croirait voir la robe ou l'ombre transparente

D'un esprit qui voyage et passe dans les cieux.

 

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