Le lancement du premier objet en plastique au chanvre ( 3/4 )
Pendant ma projection dans les nuages de l'avenir du chanvre dans les plastiques en ayant choisi de contacter directement leur producteur leader , Elf Atochem, je me devais de lui démontrer qu'il existait bien un écho favorable chez les industriels exploitant ses polymères . D'où d'innombrables explorations d'un monde qui m'était largement inconnu ;Je vous rappelle les conditions dans lesquelles mon idée de mélanger des fibres de chanvre à du plastique recyclable pouvait se réaliser dans la France agricole et industrielle de 1998 : sans exploitation de champ de chanvre ,sans argent pour investir dans une usine à faire ce mélange, ou dans des moules pour fabriquer de nouveaux objets, il me fallait composer avec les forces existantes dans ces domaines : de la coopérative récoltant la paille de chanvre pour en sortir des lots de filasses plus ou moins épurées de leur chènevotte jusqu'aux transformateurs de matière plastique en objets . Avec ces derniers, il n'était pas question pour moi d'investir dans un moule d'injection, d'inventer un nouveau modèle ! NON !! Je devais choisir un objet existant dans leur gamme et ensuite soit qu'ils le commercialisent en exploitant le nom Plasticana, soit que MOI je devienne le commerçant et eux les sous traitants : c'est finalement ce qui est arrivé avec le plus grand fabricant de chaussures injectées en plastique d'Europe de l'époque : Plastic Auvergne ! Cette "lune de miel "ne dura que deux ans car ce dernier était déjà depuis quelques années pilonné par les produits d'origine asiatique ou brésilienne . Et en 2003 la catastrophe de son dépôt de bilan m'avait été communiqué . La vente des moules patrimoniaux de leur gamme de chaussure se fit dans l'angoisse d'une prédation d'acheteurs étrangers ! Fort heureusement , son seul concurrent en France, le groupe familial Humeau , avait délégué son équipe pour les racheter et les sauver , et en cela sauver les débuts de ma marque Plasticana !!! Je ne l'oublierai pas , quand 5 ans plus tard , Pierre Humeau me proposa d'acheter ma marque pour son secteur et de me demander d'intervenir pour la faire connaitre dans les Salons à travers une gamme de modèles et j'accepta en signe de reconnaissance .
C'est pourquoi je dédie pour fêter cette première mondiale d'une chaussure entièrement en plastique au chanvre à mes premiers contacts industriels d'Auvergne , cette petite versjon de "L'auvergnat " du regretté Brassens , me permettant d' en-chanter aussi mon très lointain passé ( le patronyme Ravachol vient surtout du bord de l'Auvergne , à St Chamond):
"Ce n'était rien qu'un feu de choix,
Mais il m'avait chauffé le coeur,
Et dans mon âme il brûle encore
A la manière d'un feu de joie."
A.R
Dans le domaine de la chaussure -qui était mon dernier champ d'activité de consultant pour la marque O.X.S en 1997-, j'avais exploré un mélange pour une qualité de semelle avec l'unité Atofina de St Fons et l'avais proposé à une marque alternative de l'époque ; franchement je ne me souviens plus du pourquoi du renoncement de celui- ci ni de son nom .
Dans les autres domaines , pendant les années 1999/2000 je collectionnais les refus ou les esquives auprès des industriels , même pour envisager des essais . Je pense ici au bracelet de la montre Swatch avec du Pebax dont je vous ai déjà parlé. Mais aussi à des contenants , flacons pour Yves Rocher, ou la Maison Verte , et pour des contenants géants des poubelles publiques . Pour ces dernières ,je passais par la Mairie de Paris qui aurait pu impulser en donnant des ordres de commande mais ce fut sans suite chez les Services concernés. J'ai du aussi mal supporter l'étonnant refus de la nouvelle Mairie socialiste d'abandonner le bois exotique en 2001 pour équiper ses bancs publics alors que l'Ingénieur des Espaces verts à l'époque Tiberi (1998 ) avait été bougrement intéressé .. Allez comprendre la logique de certains "Verts" quand ils viennent au Pouvoir ..! (En 2010, ma proposition a failli réussir avec la Mairie de Lyon pour les bancs du Parc de la Tête d'Or, cela a échoué par manque de volonté d'investissement de l'industriel concerné. En 2022 qu'en serait il et qu'en est il plus généralement de l'exploitation du bois exotique dans les villes de France ?)
Oui, finalement et uniquement , il était dit qu'un seul objet pouvait naitre à cette époque et sourdre logiquement de mon récent passé dans la chaussure avec O.X.S . Oui , enfin ma mémoire rebougeait et me reliait à cette sandale toute simple aux brides transparentes qui avait équipée mes pieds dans la colonie de vacances de Sausset les Pins pour éviter les piqûres d'oursin! Si en 1998 sa popularité la faisait surnommée selon les régions "araignée","nouille", "mica" pour les Antilles , ou plus généralement " méduse" , chez son fabriquant Plastic-Auvergne, je découvris bientôt sa réalité industrielle sous la référence ...201 !
Sa petite histoire : là aussi il s"agissait d'une grande mutation de savoir faire pour son inventeur Jean Dauphant: sa famille excellait dans la coutellerie depuis 4 générations dans un petit village de la montagne thiernoise, aux Sarraix (d'où le nom de marque La Sarraizienne lancée en 1962 ) . Il recherchait à se distinguer de ses concurrents . L'écho de la nouvelle d'un matériau plastique produit à proximité (St Fons puisqu'il s"agissait de St Gobain qui avait investi dans la famille des polymères vinyliques pendant la seconde guerre mondiale ) lui fit imaginer de faire les manches des couteaux avec ! Mais son usage fut si positif qu'il ouvrit son esprit à une toute autre application : faire une sorte de pantoufle (car tel est le nom d'usage sous lequel il déposera son modèle à Paris en 1955 ) ! Elle était faite en deux parties , une semelle avec plein de picots pour ne pas glisser , et un ensemble de brides que l'on rivetait à cette semelle font une enserrait la cheville avec une boucle à rouleau.. !!
Le succès fut phénoménal dès son lancement de production après la fin de la guerre , car il y avait une demande dans tous les pays chauds administrés par la France , de Tahiti en en Afrique ainsi que dans les métiers exigeant la résistance au milieu humide (pêcheurs ) Chez lsandale , référence 201 !
La conversion de Plastic Auvergne à faire une édition spéciale Plasticana
Je me concentrais donc à téléphoner au petit fils de son inventeur, Pdg de Plastic Auvergne Mr Jean Marc Paslier ! Avec ses millions de paires fabriquées par an , j'eu quelque difficulté à le convaincre à faire des essais . Le chanvre n'inspirait rien de bon dans ce territoire converti au protestantisme depuis seulement la fin du 19eme siècle .Il a donc fallu que je m'engage à acheter un minimum de 2000 paires pour finalement devenir un sujet de considération pour son directeur des développements , et qu'il soit accepté de recevoir un premier compound d'essais que je diligentai chez Valagro en 1999 enfin ! Mais une fois ces essais réussis , avec une belle coloration de la sandale, il fallait trouver des clients ! Alors où vendre ?comment .. ??
La première piste survint à l'occasion du salon de l'agriculture de février 2001 où les prosélytes du chanvre (comme le producteur de la boisson pétillante "La Chanvrette" avaient investi un vaste espace de 50 M2 ! j'en retenais 2 M2 pour me lancer à corps et âme perdue dans la première présentation sous le nom de ma marque Plasticana qui n'avait pas encore son logotype ! Ici le défunt acteur (et ami voisin de palier !)Badin m'aidant à convertir les foules !
A cette occasion , un des exposants - l'écologiste Bernard Rappaz de Valchanvre- il avait déjà installé une éolienne et des panneaux solaires en 1974 et cultivait du chanvre depuis 1971 - me fit la première commande de 1000 paires ! et un revendeur de produits bio rue Rambuteau à Paris ainsi que la Maison du Chanvre de Montreuil en prirent quelques dizaines ... là je pouvais donc m'engager , et je commandais fermement les 2000 paires , avec la promesse de P.Auvergne de stocker et de livrer au fur et à mesure les clients que je trouverai !
Je pensais aussi à l'emballage de la sandale chez le revendeur . J'avais remarqué au salon Pollutec en 1998 une proposition de grand sac papier hydrophobe pour le ramassage de déchets végétaux . Je contactais le papetier pour une adaptation en volume de contenant une paire de chaussure avec l'idée de mettre au dos un emplacement d'adresse pour envoyer les sandales sur un site de recyclage . Je communiquais aussi sur la pérennité de son existence sociale lors de pique-niques pour ramasser les déchets du repas . Mais sur le lieu de vente comme vous allez le voir il pouvait servir de support de présentation ( il fallait mettre une boite de chaussure dedans pour sa fermeté , ce qui n'était pas encore le cas chez mon premier revendeur ! ).
En voici un exemplaire de 2002 avec le logotype dessiné par Bernard Bonhomme. Sa résistance est toujours aussi utile mais pour stocker des pommes de terre chez soi!!
Alors voici le florilège des événements qui ont marqués la naissance du premier objet en plastique au chanvre :
Le premier grossiste le proposant : Valchanvre en mai 2001
La première boutique bio le vendant: Naturadiet , 15 rue Rambuteau 75003 Paris avril 2002.
(c'est là que son "voisin" Azzedine Alaia put l'acquérir !)
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Le premier salon de vente directe au public: Vivez Nature octobre 2001
Avec mon intrépide soeur. sous une banderole en papier de chanvre tendue sur un fil de lin ) Dans le sac sans logo, j'avais mis les granulés Plasticana pour faire toucher du doigt le phénomène de la mutation de forme permise par le procédé de l'injection plastique)
Cela a été l'occasion d'éditer le premier tract format A5 sur papier de chanvre. j'ai gardé le manuscrit original qui montre l'essentiel de ma démarche bien actualisable 20 ans plus tard : la réduction de la dépendance au pétrole !!
Il fut suivi d'une vente directe au renommé salon des herboristes à Milly la Forêt encore avec l'aide de Badin qui avait une voiture pour transporter les dizaines de sandales !
Le premier salon professionnel : Gliss Expo sept 2001
Le premier salon environnement : sélection pour le Village des éco produits de Pollutec
Le premier article de presse: L'Environnement Magazine juillet 1999
là ,il ne traite que de la démarche globale puisqu'aucun objet n'était encore commercialisé
La première boutique de mode l'incorporant à sa gamme : Upla mars 2002
Le premier article dans un magazine grand public : Figaroscope juillet 2002
c'est grâce à l'implication d'Upla qu'une journaliste du Figaro a pu être saisie par la curiosité ! c'est pourquoi j'aime bien remercier et honorer les Espaces qui continuent d'accueillir la chaussure de par le monde en 2022 ! (www.plasticana.com)
Voilà , conçue en 1998 l'idée de mélanger du chanvre à du plastique recyclable aura mis 3 ans pour aboutir à un objet présentable dans le champ social.
L'exemple était donné : c'était donc possible ! et c'était désirable, donc achetable donc un "marché" pouvait recevoir cette innovation . Vous verrez donc les autres applications sorties de ce noyau primal dans le prochain article .
André Ravachol
Chanvrier de Coeur
Fondateur de la marque PLASTICANA (www.plasticana.com)
L'histoire est sympa et le conteur passionné => that's perfect 😄
Art-thérapeute
2 ansQuel merveilleux chemin...
Administrateur Confortisol - Icynene & HBS Maroc et Chanvrières Industrielles du Maroc
2 ansravachol andre Vous ne me connaissez pas, mais le jour j'avais vu vos bottes en chanvre en 2008, c'est en partie grâce à cette idée ingénieuse que j'ai entrepris depuis 2008 toutes mes études de recherches sur le chanvre. Bravo d'avoir donné la passion à cette plante à pleins d'autres personnes comme moi