Le malaise
Le malaise s’installe dès que les réalités divergent et que l’incompréhension s’enracine.
Le malaise est source de frustrations, les frustrations sont source de colère, la colère est source de violences, les violences sont source de souffrance, la souffrance est celle de tous, acteurs et observateurs.
Lorsque tout le monde souffre, le malaise devient oppressant.
On souffre pour des raisons différentes, et l’on attribue la cause du malaise aux autres.
En trouvant des coupables responsables du malaise, on s’interdit de fait de trouver des solutions autres que la reddition des autres.
On entre en guerre.La mauvaise foi est la compagne de toujours des guerres. Elle décrédibilise les propos, les arguments, les « raisons », mais elle s’impose.
Personne n’est alors raisonnable, dans ses deux acceptions : être doué de raison et pouvoir être raisonné.
Les épreuves de force dispensent d’être intelligent.
L’escalade des propos envenime l’espace, l’insulte s’ajoute aux blessures, les idées deviennent des principes, les valeurs sont bafouées dans leur sens, et la rancune fait le reste.
Les procès d’intention dominent les discussions et obèrent le futur. Tout dialogue est alors truffé de dialectique éristique, ce n’est pas un terrain d’entente que l’on recherche… Le but est de gagner la guerre.
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Et l’on sait, depuis toujours, que dans une guerre il n’y a que des perdants, si ce n’est à court terme, ce sera à moyen terme, rancœur oblige.
Dans les démocraties, celui qui détient le pouvoir est toujours critiqué, voire condamné, par ceux qui n’ont pas voté pour lui et qui représentent en règle générale près de la moitié des électeurs.
La guerre est inévitable, parce que les batailles sont constantes. L’opposition est reine.
Chacun se sent représentant du peuple, les uns pour avoir été élus, les autres pour avoir été plébiscités par un grand nombre.
Tout le monde a raison d’avoir tort.
Personne ne peut représenter tout un peuple, personne ne peut unir tout un peuple sauf lorsque tout ce peuple est en danger… et encore pas toujours.
Il nous faut donc attendre, et nous attendre à, un évènement gravissime qui balaiera le tumulte du moment en le remplaçant par une mobilisation générale contre une adversité curative.
Ainsi va la vie des nations…
Gdc
Lead Specialist-Quality chez LILLY FRANCE
1 ansTrès belle conclusion qui au passage, rappelle comment notre pays a trouvé un élan commun en 1914… Il est toujours bon d’étudier l’histoire. Churchill disait, entre autre, que plus on s’enfonce dans l’histoire, plus le futur peut être prédit. Il est navrant, à notre époque, que peu de gens s’interrogent sur ce qui a fait notre nation et pourquoi elle réagit de cette façon lorsque la contestation gronde. C’est extrêmement inquiétant de voir qu’il n’existe plus que le rapport de force pour faire avancer les sujets… La situation dans lequel notre pays se trouve à quand même des airs de printemps 1914… Espérons que cela s’arrête là. Mais comme nous ne savons que ce que les médias savent sur ce qu’il se passe en Ukraine, c’est à dire rien, il y a de quoi être inquiet pour l’avenir…
Performance Recovery in a Post-Lean & Six Sigma World | Manufacturing Intelligence | Decision Science | Complex Businesses & Operations
1 ansMerci Gérard-Dominique pour ces belles réflexions. Elles me rappellent celles d'Ibn Khaldoun, ce grand penseur du XVe siècle, une époque particulièrement troublée qui offre beaucoup de similitudes avec la nôtre. Il enseignait à l'époque que l'histoire a un autre sens, qui consiste à méditer, à s'efforcer d'accéder à la vérité, à expliquer avec finesse les causes et les origines des faits, à connaître à fond le pourquoi et le comment des événements. L'histoire prendrait donc racine selon lui, dans la philosophie dont elle doit être comptée comme une des branches. Beaucoup ont vu en lui un précurseur des travaux de Machiavel, Montesquieu, Auguste Comte, Karl Marx ou encore Max Weber. Une de ses citations résume bien je trouve, ce que nous vivons aujourd'hui : Les temps difficiles créent des hommes forts. Les hommes forts créent les périodes de paix. Les périodes de paix créent les hommes faibles. Les hommes faibles créent les temps difficiles.