Le marché de la pièce de rechange

Le marché de la pièce de rechange

Après un repli de 13 % en 2020 lié à la pandémie, le marché européen de la pièce détachée devrait retrouver dès 2022 son niveau d’avant-crise, à près de 190 milliards d’euros, selon une nouvelle étude de Roland Berger. Dans ce rapport, le cabinet annonce la montée en puissance des “barbares”, des opérateurs digitaux qui ont l’ambition d’ubériser le secteur.

Intervenant sur un parc plus âgé que l’OEM, les acteurs de l’IAM seront préservés, dans un premier temps, de la transition énergétique et technologique du parc roulant. Malgré une crise sanitaire sans précédent, ce secteur devrait en effet rapidement retrouver son plus haut niveau en Europe. L’enquête estime que ce marché, qui a chuté de 13 % entre 2019 et 2020, a repris la voie de la croissance dès 2021. En 2022, le chiffre d’affaires de la filière s’élèvera même à 186 milliards d’euros. Cette reprise devrait se confirmer dans les prochaines années avec un marché attendu à 202 milliards d’euros en 2025, puis à 221 milliards en 2030.

Deux facteurs sont avancés pour justifier cette progression : un développement de l’activité réalisée auprès des flottes automobiles, ainsi qu’une augmentation du coût des pièces. 

Une concurrence plus diversifiée

Dans ce marché appelé à croître à court terme, les acteurs de la rechange indépendante devraient une nouvelle fois tirer leur épingle du jeu. Entre 2000 et 2019, la part de marché de l’IAM est ainsi passée de 50 à 64 %. Pour 2025, elle devrait s’établir à 68 % puis grimper à 70 % en 2030. Les différents opérateurs de l’IAM devraient voir leur activité soutenue par la “professionnalisation des services” dans les garages et par un cadre réglementaire plus favorable. La montée en puissance des plateformes digitales, aussi bien sur les canaux B2C que B2B, jouera également en leur faveur.

Faut-il dès lors sonner le glas des constructeurs et de leurs réseaux ? Pas vraiment, le cabinet estime qu’à plus long terme, la généralisation progressive des véhicules électriques et le développement des logiciels embarqués devraient conduire à un rééquilibrage des forces entre OEM et IAM. 

L’invasion des “barbares”

Tenant compte des différentes dynamiques, les experts de Roland Berger présentent quatre scénarios possibles pour l’avenir de l’aftermarket. 

- Dans le premier d’entre eux, l’IAM consolide ses positions et voit sa part de marché augmenter, au détriment de l’OEM. 

- Le deuxième scénario inverse cette perspective, envisageant une riposte réussie des constructeurs. Avec des offres de location sur le cycle de vie complet du véhicule, notamment sur l’électrique, avec ainsi une meilleure maîtrise de l’après-vente de leur parc âgé de 0 à 10 ans. 

- Dans son troisième scénario, le marché pourrait demain être conduit par de grandes alliances réunissant acteurs de l’OEM et de l’IAM afin de bénéficier de meilleures synergies (logistique, stockage, etc.).

- Dans sa dernière projection, l’uberisation du secteur avec l’émergence des “barbares”, les acteurs issus du web (B2C ou B2B), Amazon, Alibaba ou même Autodoc, qui pourraient s’affirmer rapidement sur ce marché grâce notamment à une logistique plus efficace, des services innovants et des tarifs plus attractifs (de - 20 à - 30 %). La technicité du marché de la rechange a, en partie, freiné jusqu’ici les ardeurs de ces “barbares”, ces derniers ont les moyens de bousculer l’ordre établi. 

Un marché de moins en moins cloisonné

Vers quel scénario se dirige-t-on ? Pour Matthieu Simon, il est difficile de prévoir avec certitude qui va tirer son épingle du jeu. Les quatre scénarios peuvent se réaliser concomitamment, estime-t-il, soulignant que les différents opérateurs du marché seront de plus en plus contraints à se rapprocher les uns des autres.

“Les acteurs du marché ont intérêt à coopérer pour préserver leur activité. De nombreuses alliances sont possibles… Aux États-Unis, Amazon s’est par exemple associé à Pep Boys et à Monro pour la pose de pneumatiques. Une chose est sûre : en Europe, le marché reste encore très fragmenté. L’empilement des maillons dans la chaîne de distribution et des marges favorisera l’arrivée des barbares”, conclut l’expert de Roland Berger.

Source : Etude 2022 du cabinet Roland Berger 


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