Le mieux est il l'ennemi du bien ?

« Cancers : des milliers d’opérations inutiles »

C’est ce que titre Le Parisien sur sa Une, notant sur deux pages qu’« une étude révèle que 60% des opérations de la thyroïde ne sont pas nécessaires. Les protocoles sont en train de changer pour privilégier désormais un suivi personnalisé de la maladie ».
Claudine Proust remarque ainsi : « Jusqu'où faut-il aller dans le repérage de tumeurs, qui pour certaines s'avèrent, au fil du temps et des études scientifiques, moins agressives ? Comment jauger le risque, décider d'opérer ou d'attendre et de surveiller ».
« Car, si tous les petits cancers ne deviennent pas gros, «les gros ont tous, par définition, commencé petits», rappelle le cancérologue Alain Toledano. Ne pas en faire assez ou risquer d'en faire trop ? »,
s’interroge la journaliste.
Claudine Proust explique que « la question revient pour les cancers de la prostate, voire du sein, et désormais pour la thyroïde avec cette étude inquiétante du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC-IARC) publiée cet été dans le New England Journal of Medicine ».
Elle indique que « les progrès de l'imagerie aidant, 560.000 personnes de 12 pays développés auraient fait l'objet ces 20 dernières années de surdiagnostic de cancer de la thyroïde. Dont 46.000 en France ! ».
« Des surdiagnostics synonymes de surtraitements pour 70 à 90% des patients touchés par un carcinome papillaire de petite taille : opération, traitement à l'iode radioactif puis hormone de synthèse à vie pour compenser l'absence de cette glande qui régule notre organisme. D'où une qualité de vie amoindrie, comme le souligne une étude de l'association française de patients Vivre sans thyroïde »,
poursuit la journaliste.
Claudine Proust observe ainsi qu’en France, « sur les 10.000 cancers de la thyroïde diagnostiqués chaque année, seuls 4.000 méritent d'être traités tout de suite, selon le Pr Martin Schlumberger, endocrinologue à Gustave-Roussy (Villejuif), qui tire la sonnette d'alarme. En mai dernier, des chercheurs internationaux ont proposé de sortir les carcinomes papillaires de la classification des cancers pour que patients et médecins abordent différemment la maladie. Et se convainquent que parfois une surveillance active de la maladie suffit ».
La journaliste se penche sur les causes de ce surdiagnostic, relevant tout d’abord : « Est-ce un effet pervers du dépistage ? ». Le Pr Schlumberger remarque que « tout a commencé dans les années 1980 avec les échographies à disposition. On s'est mis à en faire à tout bout de champ même, quand à la palpation, la thyroïde paraissait normale ».
Claudine Proust note que « le nombre de petits nodules ainsi repérés a augmenté. Or, seuls «environ 5% des nodules thyroïdiens sont des cancers», précise l'endocrinologue », ce dernier ajoutant qu’« on s'est mis à faire des cytoponctions pour préciser la nature d'anomalies de plus en plus petites. On est ainsi allés chercher des problèmes qui n'existaient pas ».

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