L'intelligence artificielle au secours de la lutte contre le cancer
L'intelligence artificielle au secours de la lutte contre le cancer
Le Parisien 1er juin 2018
« Diagnostic, traitement, recherche : les algorithmes sont un véritable espoir pour les 400.000 personnes qui sont touchées chaque année par cette maladie », indique Florence Méréo, envoyée spéciale au congrès mondial de Chicago, qui ajoute que l’intelligence artificielle y est « sur toutes les lèvres ».
« Ou comment des algorithmes s’apprêtent à révolutionner les pratiques médicales. Car, loin des fantasmes, de l’imaginaire du robot délirant, des films de science-fiction, ce programme scientifique, évoqué pour la première fois en 1956, se révèle une nouvelle arme contre la maladie » note-t-elle.
L’une des 2025 études présentées à ce congrès « démontre qu’un calcul opératoire peut prédire le risque de troubles du sang, de fièvre et d’infections pour certaines patientes sous chimiothérapie », poursuit la journaliste. « Encore plus bluffante, l’annonce faite mardi par une équipe de chercheurs allemands, français et américains. Pour la première fois, un ordinateur a été meilleur que des dermatologues pour repérer sur une série de photos des cancers de la peau ! Les médecins ont identifié 87% des mélanomes, la machine… 95%. A la clé, beaucoup d’espoir », souligne-t-elle.
« D’autant que les patients ne sont pas contre. Selon une étude publiée cette semaine par OpenText, 45% des Français pensent que l’IA permet d’obtenir un constat médical plus sûr et une personne sur trois lui ferait confiance », indique l’article.
La journaliste évoque « un diagnostic plus précis », posé « par une machine ultra-entraînée, jamais fatiguée, ni étourdie ». « C’est notamment ce que vise « mammo diag’», la mammographie automatisée que développe la prometteuse (elle collectionne les prix internationaux) start-up française, abritée à l’hôpital parisien Cochin, Thérapixel », souligne-t-elle.
« Il s’agit, grâce à un algorithme d’intelligence artificielle, de lire l’image afin d’identifier automatiquement les masses anormales », décrypte son cofondateur, l’ingénieur Pierre Fillard. « Moins d’erreurs et un gain de temps pour les radiologues », résume Le Parisien. « Ils pourront se concentrer sur des cas plus compliqués. Et comme les faux positifs sont réduits, ça diminue les alertes inutiles pour le patient », reformule Pierre Fillard.
La journaliste évoque des « traitements plus ciblés » que les « standards en cancérologie : telle tumeur = tel traitement ». « L’IA peut faire évoluer cela. Avec elle, on exploite plus d’informations. Si la machine peut prédire l’agressivité de la tumeur, elle peut aussi prédire ses chances de répondre à une thérapeutique plutôt qu’à une autre. C’est plus efficace, plus rapidement », s’enthousiasme le Pr Nathalie Lassau, radiologue à Gustave-Roussy à Villejuif (Val-de-Marne).
A ce propos, Le Parisien fait savoir que « le centre du cancer vient de sceller un partenariat inédit avec… Centrale Supélec à Gif-sur-Yvette (Essonne). (…) Au programme : calculs de dose, proposition de traitement personnalisé… ».
Autre atout mis en avant par la journaliste : « Un meilleur suivi ». « L’intelligence artificielle ouvre la voie à un suivi en temps réel du patient, avec une vision complète de l’évolution de ses symptômes », note-t-elle. « La recherche va évoluer. L’impact sera considérable », pointe le Dr Jacques Lucas. Mais attention, « il faut garder un esprit critique face au diktat de la machine. Les réflexions éthiques, déontologiques, juridiques doivent être au cœur du débat public. Et le médecin doit pouvoir transgresser ce que dit l’ordinateur », insiste le vice-président du conseil national de l’Ordre des médecins, coauteur d’un livre blanc sur la question.
Le Parisien rappelle en conclusion, les chiffres clés du cancer : « 400.000 nouveaux cas de cancer en 2017 en France (385.000 en 2015). 214.000 cas chez les hommes (majoritairement prostate, poumon, côlon) et 186.000 pour les femmes (principalement sein, côlon, poumon) ».