LE NEZ, LA BOUCHE et LES PIEDS Une PASSION pour les PARFUMS Partagée
RENCONTRE UNPLUGGED entre Nathalie Pichard Gabrielli – LA Fondatrice de toPNotes et Laurence Arrigo Klove – Experte de marques de parfums créatifs
‘La quiche pas trop chaude, sinon elle devient molle’. Cette rencontre pose le problème contraire ; il y a trop de piment et cela donne un cocktail explosif. Trop de personnalité. Trop intense. Ma fois, il vous suffira de boire un peu plus. Et puis les similitudes finiront bien par sortir… et une grande gueule prendra le dessus paisiblement.
PROLOGUE
Drink ? Laurence : une petite vodka mule puis du bourgogne rouge ? Nathalie : un bon verre de vin rouge ou un gin tonic ! Laurence : d’accord pour du vin rouge, ta bouteille et toc !
Musique ? Nathalie : Sinatra, Cole Porter, Depeche Mode, David Bowie, The Cure, Gun’n’Roses, ZZ top, Lenny Kravitz, Stevie Wonder, Bob Marley, que choisir… ? Laurence : là c’est trop, un peu de sobriété non ? Grace Jones, la vie en rose en version remixée en boucle.
Au menu ? On s’amuse avec du guacamole pimenté accompagné de tacos, on passe au plat de pâtes - naturellement, vous comprendrez plus tard - aglio olio e peperoncino, aïe ail (Nathalie) ! On conclut avec du café expresso noir. Simple. Direct. Vous remarquerez qu’il n’y a aucun débat sur ce on mange quoi.
Chez qui ? Laurence : zoom ou what’sapp ou skype ? Nathalie : je hais tout ça, au secours !!! Alors on attendra le printemps patiemment (Laurence).
La tenue vestimentaire ? Nathalie : en noir, pantalon de cuir. Laurence : là ! elle en jette. Chemisier vieux rose, pantalon blanc à pinces, gros effort de ma part par rapport à ma base casual chic. J’espère qu’elle appréciera.
Un accessoire ? Nathalie : les bagues à la main gauche. Laurence : surtout pas de sac, ma montre.
Quel parfum d’ambiance ? Nathalie : Mitsouko évidemment. Laurence : Ah surprenant en senteur pour la maison ! J’avais apporté mon Maharadjah, divin et classique. Là, ma bouche grande ouverte se referme. Je ne dis rien. Je me laisse ensorceler par M.
Le parfum pour soi ? Nathalie : Angel, Mitsouko, Shalimar. Laurence : ‘les trois en même temps ?’ ‘J’aime bien sur toi d’habitude je n’aime pas’. Deux inanités, quelle fausseté ! Sérieusement, rien à dire, trois chefs d’œuvre. Pour moi, cela sera Between Two Trees, In Between, Mojave Ghost. Face à Nathalie, je m’efface, vous avez remarqué ?
LE DIALOGUE
ParfuManiaque ? Nathalie : parfumane (comme potomane). J’ai une bonne descente ! Laurence : un parfum par mois pour le goûter, le découvrir pleinement, l’apprécier puis d’habitude je l’offre – en choisissant la personne qui l’appréciera à sa juste valeur, tout en la surprenant.
Depuis quand ? Nathalie : depuis toujours ! bébé, enfant, gamine, ado, adulte, et bientôt vieille ! le parfum, c’est ma vie ! Une histoire d’amour avec un A. L’argent des babysittings dans des 50 ml de Mitsouko, le dico des parfums 1983 et la collection (sans poussière !) des miniatures vides et sans boite. Laurence : maman portait Opium, le baiser de bonne nuit en était imbibé, tout mon argent de poche allait en parfumerie. J’ai même volé un petit flacon de parfum à la violette à un anniversaire d’une amie (8 ans). Le seul vol de ma vie.
Le background italien – back to the roots ? Nathalie : mon grand-père maternel, d’origine italienne et grand voyageur, faisait collection de tout ce qui était parfumé, notamment de ‘savonnettes’ chipées dans les hôtels. Il se parfumait d’Old Spice, du vinaigre de toilette de Lubin ou de 4711. Et du côté paternel, il y avait la même passion, ma grand-mère faisait la collection de flacons de Guerlain… Laurence : papa, maman et tutti quanti. Du Pur. Aucun mélange. La première dans la famille avec un prénom français. On dit que les italiens aiment les belles choses, qu’ils ont un sens de l’élégance inné. Pour moi, le parfum est au cœur de cela.
Le bagage de la formation académique ? Nathalie : vendange tardive, juriste ratée, parfumeur ratée mais avocate des parfums (rires) avec toPNotes ! Transmission, défense, passion, amusement. Laurence : elle débloque ? Son vin a dû lui faire tourner la tête. Moi, je résiste très bien. Mes idées sont claires. Le marketing. Le client. Les mots justes. Les vrais atouts produit. Dans leur contexte. Le rationnel. Les émotions créées. La créativité. La qualité. La modernité.
L’évaluation olfactive ? Nathalie : le kiff. La sensation de la première fois. Laurence : en touriste. Mais parfois je vois juste.
Les marques qui vous inspirent ? Nathalie : aucune. Je me fous de la marque. Seul le jus me touche, ou pas. Je n’ai donc aucun a priori. Les chypres ont ma faveur mais je reste ouverte pourvu qu’il y ait quelque chose d’intéressant… ! Laurence : les mots ne sont pas mâchés. Pour la séduire, on sait donc ce qu’il faut. Quant à moi, j’aime simplement les marques qui racontent une histoire, une poésie, qui m’emmènent ailleurs, celles qui écrivent une page actuelle et qui ont le sens de la qualité…
Quelle senteur vous fait totalement chavirer ? Nathalie : plein de choses, … du vin, du fromage, les odeurs de l’amour, l’herbe fraîche, la baguette chaude qui sort du four, l’odeur de la terre et … la bouse de vache, j’adore ! Laurence : difficile à croire mais avec Nathalie tout est possible ! Pour moi, quelque chose d’inhabituel, un mélange de contrastes, ‘douce-amère’, du piquant mélangé à du doux, une épice twistée avec de la vanille, du pamplemousse marié à du santal…
L’écriture ? Nathalie : oui toujours, newsletters, articles, posts parfums, dossiers de formation, et quelques poèmes érotiques que je réserve à mon dulciné ! haha. Laurence : une passion, une addiction quotidienne, en anglais, mais elle est folle pourquoi en English ?
Un coup de gueule ? Nathalie : je ne supporte pas le manque de reconnaissance, de bienveillance, de générosité, de politesse… et les imposteurs ! Les pires ! Laurence : l’absence de coeur et de vérité. On est d’accord !
Une anecdote complètement loufoque mais vraie du métier ?
Nathalie : ce n’est pas loufoque mais inouï… je me revois dans cette galerie d’aquarelles dont je m’occupe il y a 28 ans et où débarque Jean-Pierre Béthouart (parfumeur chez Firmenich), que je ne connaissais pas. Je révise mon droit. On parle couleurs (Jean-Pierre peint) et … parfums puisque la parfumerie est ma passion. Le lendemain, Jean-Pierre revient me voir et m’offre une boite bleue marine Firmenich, d’une quinzaine de matières premières. Il me dit « amuse toi !». C’est le début de tout ! Laurence : un 1er avril, j’ai une réunion en salle de conférence avec une marque afin de découvrir sa collection de parfums. La marque arrive accompagnée d’un body guard affublé d’un blouson en cuir, lunettes noires, casquette. Surprise ! Ce personnage prend la parole et indique qu’il est un homme d’affaires russe et qu’il vient de racheter la marque. J’ai une envie irrésistible de crier ‘poisson d’avril’, vous pouvez arrêter l’accent et enlever le costume… mais hic, c’est vrai, je me demande quand même s’il a une arme sous son blouson et je n’ai qu’une envie terminer la réunion…
Les prochaines aventures ? Nathalie : elles seront les bienvenues, j’aime les surprises… Laurence : double A. L’Afrique et l’Asie. Les découvrir. Les croquer. Les apprivoiser. Les humer. En parlant l’hindi. Bon là c’est un peu trop fort, j’avoue.
En surchauffe vous faites quoi pour refroidir ? Nathalie : j’écoute de la musique à plein tube ! Ou je ris avec une copine. Laurence : je vais courir en humant la fraîcheur du vent, de la pluie ou bien je repasse. La paisible chaleur du fer à repasser m’extirpe la mienne…
Au présent, comment prenez-vous votre pied ?
Laurence : apprendre. Comprendre. Transmettre. Convaincre. Concrétiser des Projets. M’amuser.
Nathalie : « c’est du comme vous ! » L’amusement sérieux, la gagne, l’excitation de l’inconnu, la prochaine rencontre… ! Il faut que je sois emballée !
EPILOGUE
DEUX grandes GUEULES - NPG et LAK - et TROIS PARTIES du CORPS en émoi.
LA BOUCHE
‘Un rire qui se perd sur sa bouche’ (la vie en rose) … Nathalie : un rire fort, démoniaque qui secoue, en ahhahahahhhaa sur une bouche rouge grande ouverte. Laurence : un rire ascendant, intense, presque vulgaire sur une bouche marron. Une bouche en mouvement et qui chante O Sole Mio…. Le BRUIT elles en font. Ensemble, c’est impressionnant.
LE NEZ
Nathalie : pointu et moche, inspirant un surnom (Zénobie, reine de Palmyre). Envie de le refaire 100 fois. Je le hais mais il me sauve la vie ! Il m’a inspiré un poème où je l’encense malgré tout… Laurence : mon nez italien, il a du caractère. Je joue à deviner les odeurs grâce à lui. Cependant les odeurs du sale me sont intolérables. J’ai la nausée. Parfois c’est l’odeur du lave vitres. Le propre. L’inverse donc. Docteur, c’est grave ?
LES PIEDS
Nathalie : les talons – les escarpins de Jimmy Choo ! et mes petites bottes L’Aigle quand il pleut ! Laurence : pas de talons aiguilles pour moi. Non merci. Mes baskets apolitiques, mes sandales Good Mood et oui des bottes de pluie. On devra se rencontrer un jour de pluie, il faudra regarder la météo attentivement !
Au fur et à mesure de la rencontre, les sens ont pris le dessus. On sent intensément. On renifle. Fort. On regarde et on écoute aussi. Attentivement. On rit à tue têtes. On chante de plus en plus fort, presque à en hurler de joie. Il n’y a pas besoin de mettre de la musique, c’est déjà très sonore, donc débranchez moi ça. “Le son est souvent plus important que le sens” d’après Amélie Nothomb. Pas pour elles. Pour Nathalie et Laurence, les sens & la sensualité débordante restent animées d’une mission, d’un but… Attention, derrière ces personnalités ensoleillées, vous trouverez des femmes entêtées, résolument déterminées, et de redoutables professionnelles. Cela promet !
Education Parfums + Héritage CARON. 35 ans d'expérience. Storyteller. Auteure sur le parfum et la parfumerie depuis 20 ans. Poétesse aux heures perdues...
1 ansJe le relis maintenant. Oulala ;)).