Le nucléaire était l’énergie d’hier, il sera aussi celle de demain
Produire l’énergie phénoménale du Soleil en toute sécurité sur Terre. Le nouveau grand rêve du génie humain, après celui d’embrasser les étoiles, sera bientôt réalisé. Une expérience de fusion nucléaire menée ce mardi au National Ignition Facility (NIF), en Californie, a produit « pas moins de dix quadrillions de watts pendant cent trillionièmes de seconde » au moyen de près de deux cents lasers braqués sur de la grenaille de plomb. Cette « avancée historique » vient redonner toute sa force au projet ITER (International Thermonuclear Experimental Reactor) débuté il y a quatorze ans maintenant par l’Union européenne, les États-Unis, l'Inde, la Russie, la Chine, la Corée du Sud et le Japon. En attendant la complétion de ces travaux à l’ambition inégalée (rien moins que rendre l’électricité propre et quasiment gratuite), la fission nucléaire traditionnelle reste la meilleure source d’énergie à notre disposition pour entrer dans l’ère des effets irréversibles du réchauffement climatique. Alors en tant que Français, soyons fiers de notre nucléaire, défendons-le et développons-le !
Le nucléaire, garant de notre souveraineté énergétique
Le thème politique du nucléaire avait été à nouveau exploité, en France, lors de l’élection présidentielle de 2012. Alors que l’incident de Fukushima au Japon, en 2011, amenait l’Allemagne à accélérer la fin du nucléaire sur son sol, le Président Sarkozy au contraire défendait la filière française en en faisant un axe majeur de sa campagne.
Depuis dix ans, nous entendons sans cesse des discours culpabilisateurs au nom d’une écologie plus fantasmée que réfléchie : le nucléaire est dangereux, le nucléaire appartient au passé. Derrière les faux-semblants, ces invectives cachent un vrai danger pour notre pays. Certes, l’objectif de « sortie du nucléaire » n’est pas (encore) partagé par les gouvernements successifs. L’année 2020 mise à part pour cause de crise sanitaire (et donc de baisse de la consommation), le nucléaire représente en moyenne annuelle 70% de la production nationale d’électricité, 56 réacteurs de différents niveaux de puissance constituant un parc réparti sur l'ensemble du territoire. La réduction de ce ratio à 50% a par ailleurs été repoussée de 2025 à 2035. Mais les fermetures, réalisées et annoncées, de centrales nucléaires risquent de porter un sérieux coup à l’indépendance énergétique de la France.
Rappelons-nous novembre 2020. La ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, annonçait une fois encore en France des risques de coupures au plus fort de l’hiver 2020-2021. Même le recours à des coupures ciblées pour des foyers était envisagé, la responsabilité de ces dernières pesant en filigrane sur les ménages. Sans regret, l’Etat avait averti que certains foyers seraient délibérément privés d’électricité… Ces possibles coupures de courant sont la conséquence du délaissement du nucléaire, les énergies renouvelables étant incapables de le remplacer, tant en quantité (un seul réacteur de 900 mégawatts alimente en électricité 400 000 foyers chaque mois) qu’en qualité (les centrales tournent qu’il pleuve ou qu’il ne vente pas). Ainsi l’an passé, la France a dû importer du courant, notamment d’Allemagne - alors qu’un discours régulier prétend, et à tort, que ce sont nos voisins d’outre-Rhin qui doivent importer ! La fermeture de Fessenheim et les faibles rendements des secteurs solaire et éolien expliquent la réduction drastique du surplus énergétique. Et on nous parle de réindustrialisation ? Jusqu’à preuve du contraire, cette réindustrialisation serait également consommatrice d’électricité.
Pour éviter de telles déconvenues à l’avenir, EDF projette de construire six réacteurs en métropole afin de remplacer les centrales historiques, désormais quarantenaires. Restons vigilants sur l’accomplissement de ce devoir pour notre indépendance énergétique ! L’enterrement sans grande pompe ni grande surprise du projet Hercule, devenu Grand EDF, ne doit pas faire oublier que l’Etat considère toujours le nucléaire français comme un poids, la presse évoquant ici un « mur », là un « fardeau » d’investissements de 100 milliards d’euros pour rénover les vieilles centrales et construire de nouveaux EPR. Là où certains voient un mur, voyons une porte vers un nucléaire plus compétitif, plus abordable et plus performant ! Là où d’autres voient un fardeau, voyons une opportunité d’investissement d’avenir ! Un entrepreneur échoue souvent avant de réussir : de même, les longueurs (et coûts supplémentaires) du projet d’EPR de Flamanville ne doivent en aucun cas nous décourager, le nouveau réacteur devant au demeurant être mis en service à la fin 2022.
Le nucléaire, premier acteur de la transition écologique
Oui, le nucléaire est écologique ! A côté de la fumée noire des centrales à charbon, les centrales nucléaires rejettent principalement de la vapeur d’eau. 97,5 % de l’eau prélevée sont restitués à l’environnement, par évaporation ou rejet après un contrôle strict. Rapportée à la quantité d'énergie produite, la seule pollution atmosphérique des centrales à charbon tue de l'ordre de cent fois plus par kilowattheure que le nucléaire. Quant aux déchets radioactifs, EDF rappelle que la consommation annuelle par habitant d’électricité génère moins de 2 kg de déchets radioactifs, en comparaison des 100 kg par an et par habitant de déchets non radioactifs mais hautement toxiques. Les déchets radioactifs « à vie courte » (demi-vie à 30 ans, fin de radioactivité à 300) représentent près de 90% de la production totale des déchets irrécupérables. Toujours pour les déchets radioactifs, la loi française exige que ceux provenant de l’étranger (principalement d’Allemagne) et traités en France soient renvoyés dans leur pays d’origine. Enfin, donnée la plus parlante de nos jours, le nucléaire produit en moyenne 35 grammes d'équivalent CO2/kWh, contre 400 à 500 grammes pour les centrales à pétrole et 1,2 kilogramme pour les centrales à charbon. Le nucléaire émet même moins de dioxyde de carbone que l'énergie photovoltaïque, qui émet entre 100 et 200 grammes de CO2/kWh.
Certes, la décision radicale prise en 2011 d’arrêter le nucléaire en 2022 a marqué en Allemagne le véritable lancement de l’Energiewende, la « transition énergétique ». Force est de constater qu’une transition est bien en marche : en 2000, les énergies renouvelables ne représentaient que 6% du bouquet électrique allemand. En 2019, cette part grimpait à 43% selon une étude publiée par l’Association des industries de l’énergie et de l’eau (BDEW) et le Centre pour la recherche en énergie solaire et hydrogène (ZSW) du Bade-Wurtemberg. Or la Chancelière a fixé une nouvelle contrainte en 2020 : sortir du charbon en 2038. Le champ des possibilités se réduit, à tel point que début juin de la même année, dans la région industrielle de la Ruhr a été mise en service la centrale à charbon de Datteln 4, installation d’une capacité de production de 1 100 mégawatts. A force de vouloir sortir de tout, on ne s’en sort plus… D’autant que la première erreur des Allemands a été de considérer le nucléaire comme ennemi de leur révolution énergétique, alors qu’il en est le principal instrument. Résultat, l’Allemagne connaîtra cette année un pic d’émissions de gaz à effet de serre dû à la relance économique, laquelle a nécessité un net rebond du recours aux énergies polluantes pour alimenter en énergie les secteurs de la construction et des transports.
Recommandé par LinkedIn
Évidemment, nos regards se tournent vers la Chine lorsque l’on évoque le nucléaire comme remède à la crise environnementale. La Chine produit 27 % du total des émissions mondiales de carbone, la plus grande quantité produite par un pays et davantage que l’ensemble des autres pays développés réunis, selon un rapport du groupe américain Rhodium paru en 2019. En 2020, les fermetures record de centrales au charbon aux États-Unis et en Europe ont été compensées par celles mises en service par la Chine en 2020 selon Global Energy Monitor. Le nucléaire a été choisi depuis vingt ans pour faire sortir l’empire du Milieu des centrales à charbon (ce qui n’est pas gagné) et devenir indépendant énergétiquement, avec une multiplication par dix du nombre de ses centrales nucléaires au cours de cette période. Les premiers effets positifs sont visibles, puisque la production en 2020 d'énergie nucléaire par les réacteurs du groupe CNNC (China National Nuclear Corporation) a engendré une réduction des émissions de dioxyde de carbone de 119 millions de tonnes.
Alors que l’Asie projette de construire au total plus de 600 nouvelles centrales à charbon ces prochaines années (80% des projets dans le monde), avec 76 % des nouvelles capacités de production électrique à partir de charbon détenues par la Chine, défendre le nucléaire comme outil de lutte contre le réchauffement climatique est une nécessité qui devrait faire consensus au-delà des clivages politiciens.
Le nucléaire, enjeu industriel stratégique
Puisque l’on parlait de la Chine, démontrons ce qu’est défendre un intérêt industriel stratégique : il y a de cela six ans, la Chine a entendu mettre un terme à sa déforestation et à sa désertification en interdisant purement et simplement la coupe des chênes sur son territoire pendant 90 ans et en subventionnant massivement les importations de bois pour ses industries nationales. Démontrons maintenant ce qu’est ne pas défendre un intérêt industriel stratégique : les achats chinois de chênes français ont grimpé de 42 % à la fin mai 2021, créant mécaniquement une hausse des prix du bois pour les (souvent petites) entreprises de notre pays.
Ce qui est vrai pour le bois l’est aussi pour le nucléaire. Autrefois fer de lance du nucléaire, la France se trouve sérieusement concurrencée par la filière chinoise, devenue parfaitement autonome et aussi ingénieuse que nous il y a cinquante ans. Sans ingénieur français, le réacteur à eau pressurisée de troisième génération 100 % chinois Hualong-1 a été mis en service récemment. Les plans du tout premier réacteur nucléaire expérimental à sel fondu, n’utilisant pas d’eau et fonctionnant au thorium liquide plutôt qu’à l’uranium-235 (conduisant à une demi-vie des déchets radioactifs de 500 ans contre 10 000) ont été conçus par des experts chinois. C’est au demeurant une terrible image que de voir le premier et unique EPR en activité, issu du meilleur du savoir-faire français, installé à Taishan en Chine, bien moins peureuse que nous, et contrôlé par EDF à hauteur de 30%. Autrefois dépendant du génie bleu-blanc-rouge, le nucléaire chinois fait désormais face à une EDF empêtrée dans son endettement colossal et ses ambitions contrariées.
Le nucléaire est un enjeu stratégique pour notre pays, nous disposons encore d’atouts industriels indéniables (a contrario du solaire et de l’éolien, en passant). Selon la dernière étude Deloitte, le nucléaire représente 7 % de notre PIB, 5 % de l'emploi industriel sur la base de 180 000 emplois directs, 400 000 en comptant les emplois indirects et 17 % des revenus fiscaux de l'Etat. Avant l’étape de la maîtrise parfaite de la fusion nucléaire, de nouvelles générations de réacteurs à fission sont à inventer. C’est donc au retour rapide de l’Etat-stratège qu’il faut assister. Or avec le projet Hercule/Grand EDF tel qu’initialement conçu, les pouvoirs publics cherchaient en réalité à isoler le nucléaire du reste des activités de l’électricien national. La gestion des centrales et leur démantèlement pour celles qui arriveraient en fin de vie, la promotion et la construction de nouveaux réacteurs, notamment EPR, alerte la Cour des comptes, laquelle estime à une centaine de milliards d’euros sur dix ans les investissements nécessaires.
Nos politiques ont-ils vraiment pris conscience de ce formidable avantage que nous possédons ? La direction d’EDF défend-elle encore l’intérêt national ? Pour s'en assurer, après l’élection présidentielle à venir, devra être portée sur les fonts baptismaux une nouvelle mouture du projet Grand EDF, en inscrivant dans la prochaine loi de finances ce fameux plan d’investissements de 100 milliards d’euros. Après les événements sanitaires que nous vivons depuis bientôt deux ans, la réindustrialisation, la souveraineté énergétique et la transition écologique ne valent-ils pas cet effort ? Une restructuration d’EDF n’est également pas à exclure, mais plutôt que de vouloir la diviser en branches s’occupant chacune d’un secteur (remémorons-nous le franc succès de cette opération pour la SNCF avec la séparation rails/trains), réfléchissons plutôt à un changement de stratégie, avec une vision de long terme et une capitalisation sur les réels avantages comparatifs de notre pays.
Si le nucléaire reste un enjeu vital pour la France, il l’est aussi pour l’Europe. La « taxinomie européenne » portée par la Commission à Bruxelles comporte désormais un volet dédié au fléchage des investissements vers des technologies et entreprises durables, la « taxinomie verte », pour atteindre la neutralité climatique en 2050. Après une lutte acharnée entre militants et pays « pro » et « anti », le nucléaire n’est toujours pas intégré dans la liste des « énergies vertes » bénéficiant de ce fléchage incitatif, la Commission européenne devant trancher dans un texte ultérieur. Voilà un sujet prioritaire pour toutes celles et tous ceux qui aspirent à présider aux destinées de la France !
President Taff Tout Fait chez Taff Tout Fait
3 ansLe thorium ! Plus de 10 ans que l’on fils m a fait découvrir ça ! tokamak c est le concept a connaître aujourd’hui ! Pour comprendre que le nucléaire c Est déjà hier !
President Taff Tout Fait chez Taff Tout Fait
3 ansIl existe un minerait capable de produir de l Energie! Capable de devenir Un carburant et qui en plus peut une Fois usé être retraite et désactive ! Mais ça n intéresse personne car il n’a pas de force létal! L uranium’le plutonium sont dangeureux et le retraitement des déchets de l Europe se fait chez nous …. Il faut changer ça ! 
Consultant en Ventes | Auteur de L'Heure de Prospection (disponible sur Amazon) | Conférencier en Chine ⭐
3 ansLa question n'est pas trouver des moyens énergétiques plus écologiques, mais de changer nos habitudes de consommation... Toutefois, face à une population de plus en plus importante, la question sera aussi social. Que faire?