L'avenir d'EDF est nucléaire !
Ce titre peut vous paraître étonnant mais je maintiens cette affirmation.
Des années 80 au début des années 2000, la France est devenue l'un des leaders mondiaux de la production d'électricité nucléaire avec deux monstres à la clef EDF et AREVA (devenu ORANO depuis peu). 58 réacteurs en France, la mise en place ou la participation à des dizaines d'autres un peu partout dans le monde. Partout dans le monde, dès que vous parliez ENERGIE+FRANCE, cela donnait NUCLEAIRE.
Et puis patatras, à la fin des années 2000, l'hégémonie disparut. La faute à qui, aux écolos ? Fukushima (non c'était déjà entamé) ? la chute de demande de nouvelles centrales ? EPR ?
Tiens trois lettres mystérieuses qui quelques années après Tchernobyl semblaient symboliser le renouveau du nucléaire mondial, donc français. Depuis, le premier EPR sorti est chinois, ceux D'Areva (Finlande) et EDF (Flamanville) se font toujours attendent, triplant ou quadruplant la facture. Celui d’Hinckley Point risque de couler notre entreprise nationale.
Mais que s'est-il passé ? Avons-nous vendu une technologie non-mature ? Avons-nous raté un virage possible ? Par quoi sommes-nous aveuglés ?
Le débat sur le nucléaire est toujours très sensible en France si bien qu'il n'a quasiment pas existé ces 30 dernières années. Donc, il faut saluer la loi de transition énergétique de 2015 qui a osé annoncer une baisse de la part du nucléaire en France dès 2025 et un objectif à 2050. Mais "osé", "voté" n'est pas "réalisé", et on parle maintenant de 2035. Oui, on en parle car il y a un débat national sur la programmation pluriannuel de l'énergie. Vous ne le saviez pas ? On parle de ne plus fermer, d'ouvrir de nouvelles centrales, on parle peu de diversifications, d’efficacité énergétique, de réduction massive des besoins…
Pourquoi ? Parce qu'EDF dicte la politique énergétique de la France ? Quel vilain raccourci ? Parce que nous avions une vision court-termiste de la gestion des actifs ? Parce que nous avons peur de la vérité sur le démantèlement des centrales et l'avenir de la production ?
Et si le virage raté n'était pas là ? Depuis le début nous savons que nos centrales ont une durée de vie limitée, par arrêté elle reprenne par magie 10 ou 20 ans d'exploitation par l'espoir d'être remplacée par une plus jeune, plus efficiente, plus sûre... Et on repousse l'échéance du démantèlement. C'est une fuite en avant très dangereuse (en termes économique, environnemental et de sureté national), d'autant que les conditions d’exploitations ne s’améliorent pas. De plus en plus de centrales sont en maintenance ou en rupture temporaire d'exploitation pendant la période estivale due aux réchauffements de la température de nos rivières.
Mais si nous étions parmi les leaders mondiaux de la construction de centrales nucléaires avec la maîtrise de quasiment toute la filière : enrichissement, exploitation, retraitement...
Ne pourrions-nous pas devenir aussi les champions du monde du démantèlement ? Nous savons qu'arrêter une centrale ne se fait pas en un jour, ce sont des dizaines d'années de procédures et de travaux. Cela représente un portefeuille énorme d’activité en France (58 réacteurs d'ici 20-30 ans) et dans le monde. Et si nous prenions ce marché vraiment au sérieux, tout d'abord pour bien le programmer dès la prochaine PPE, ensuite pour améliorer le coût et les procédures de démantèlement, et diminuer les coûts d’entretien. Car ces coûts pour le moment ne sont pas facturés, ils n'apparaissent pas sur notre facture d'électricité, quelle sera l’ampleur de la charge ? Quel coût social pour la France ? Quelles opportunités en termes d'emploi ? Cela représente quasiment sans aucun doute plus d’emplois que la filière nucléaire actuelle, c’est près de 40 années de chantier. Il faut avoir ce débat sans tabou.
Et je martèle, oui l'avenir d'EDF est dans le dé- nucléaire ou le processus de dénucléarisation de la France et d’une partie du monde.
Grid Connection Manager OX2
6 ansEt un grand merci par avance a tous ces travailleurs, ouvriers, techniciens, ingenieurs et aussi les comptables, etc. qui voudront bien contribuer au démantèlement des centrales et la gestion des déchets ultimes 👍. Le chantier est devant nous, il va durer des décennies et il est capital.
Deputy director strategy and development Offshore grids & interconnections at Rte
6 ansAscenseur émotionnel à la lecture du titre, puis de l’article... merci pour ce texte très pertinent !
Taking the time to make the right career choice for the nxt 10 yrs - Chair Scientific & Tech @ FOWT - Chair Floating Wind @ WFO - Available for Sr Advisory (Tech, Dev, Strategy & M&A for Renewables / Floating Wind)
6 ansContent de lire - en mieux - ce que je poste depuis belle lurette: la France a toutes les clés en main pour devenir le leader mondial du démantèlement en développant un retex unique sur son propre territoire. Ceci engendrerai sans aucune doutes des créations d’emplois pour la filière nucléaire et pour celle des ENR ... tout en sauvant - en partie - le soldat EDF de ses tourments financiers que nul ne peut nier auj’hui.
CEO GECKOSPHERE®| Expert Énergie Climat Océan | Conférencier | Enseignant | co-Président HEC Transition | co-auteur Fresque de l'Energie
6 ansTitre accrocheur à n’en pas douter ;)
Président chez SAS HACE Hydro Air Concept Energie
6 ansle marché du démantèlement est effectivement l'avenir d'Areva et d'EDF