Le pillage des champs de bataille… Un fléau pour le patrimoine !
LES SITES DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE SONT UN PATRIMOINE ARCHÉOLOGIQUE… Pourtant, nous en avons parfois peu conscience et ils sont très menacés par les pratiques de fouilles illégales ! Ainsi, le massif des Vosges est une région dont les traces de la Grande Guerre sont parmi les mieux conservées. Préservées des pressions urbaines ou agricoles, ses montagnes offrent, par leur caractère de « musée à ciel ouvert », des sites parfois proches de leur état de 1918. Hélas, elles sont très attractives pour les pilleurs de champs de bataille. Pratiqué depuis la guerre elle-même, le ramassage de ses reliques connaît une recrudescence concordant avec l'explosion actuelle des ventes de détecteurs de métaux. La destruction des « archives du sol » et le pillage des sites par des fouilleurs clandestins ou des collectionneurs avides de « militaria » constituent un véritable fléau.
ATTENTION : La réalisation de « fouilles » sans autorisation officielle de l’État constitue une infraction passible de fortes amendes et même d’emprisonnement !
DES OBJETS SORTIS DE LEUR CONTEXTE NE PEUVENT PLUS LIVRER AUCUNE INFORMATION HISTORIQUE Le bouleversement des couches archéologiques pour récupérer des objets en métal, céramique ou verre, détruit et saccage irrémédiablement les sites. Les informations qu’auraient pu révéler des niveaux d’occupation intacts et des objets dans leur contexte sont ainsi perdues pour la datation, la connaissance du site et l’histoire des hommes qui y ont vécu. Le traitement scientifique attaché aux sites archéologiques n’étant pas encore généralisé, trop souvent, les organismes, institutionnels comme associatifs, qui prennent l’initiative de rénover leurs sites de guerre ont des pratiques parfois fort éloignées des enjeux archéologiques.
UNE ACTIVITÉ DANGEREUSE De nombreux accidents sont à déplorer durant ces pratiques illégales, essentiellement lorsque les pilleurs manipulent les munitions, pensant qu’avec le temps elles ne sont plus actives ou qu’ils pourront aisément les neutraliser. Selon l'association Hâlte Aux Pillage du Patrimoine Archéologique et Historique, au moins 30 utilisateurs de détecteur de métaux ont trouvé la mort depuis 1999 en France.
LES ATTEINTES À L’HUMAIN Il faut aussi s’interroger sur les profanations des dépouilles des soldats qui heurtent les droits humains les plus imprescriptibles. Les pilleurs armés de leurs détecteurs de métaux vont rechercher les sépultures perdues et tous les vestiges militaires ou civils (plaque d’identité, alliance, boutons…) porté sur le corps du combattant. Ce prélèvement d’objets interdit à jamais l’identification des corps et donc la restitution à d’éventuels descendants des restes de leur parent. En justice, il y a double incrimination de violation de sépulture et d’atteinte à l’intégrité du cadavre en cas de pillage, qualifications particulièrement graves en droit pénal.
SI VOUS DÉCOUVREZ UN SITE : LA LOI VOUS IMPOSE D’AVERTIR LE MAIRE DE LA COMMUNE OÙ IL SE SITUE, celui-ci prévient le préfet qui saisit le ministère de la Culture / Direction régionale des Affaires culturelles (Service Régional de l’Archéologie) qui appréciera l’intérêt archéologique de la découverte et prendra les mesures nécessaires à son étude scientifique.
Tous nos remerciements à Michaël Landolt – Archéologue Service régional de l’Archéologie de Lorraine – Direction régionale des Affaires culturelles de Grand Est – 6, place de Chambre – 57045 Metz Cedex