Le portrait de Février • Mathilde Buhot

Vous brûlez de savoir qui se cache derrière le Pôle Conseil de Clubhouse France ? Découvrez le portrait de l’une de nos intervenantes de choc !

Ce mois-ci, Mathilde Buhot, consultante en mobilité professionnelle et coach, nous partage son parcours, ses réalisations avec le Clubhouse France et ses convictions concernant la santé mentale.

Peux tu nous parler de ton parcours ? Pourquoi t’es-tu engagée dans la santé mentale ? 

Après 20 ans dans une entreprise industrielle privée, je me suis reconvertie en 2007 en validant un Master Economie Sociale et Solidaire, avec pour projet de mettre à profit mes connaissances de l’entreprise vers des projets plus locaux et tournés vers l’humain, en accord avec mes valeurs et mes engagements.

Après plusieurs expériences toutes enrichissantes, j’ai travaillé longtemps dans le champ du handicap et de l’emploi, où j’amenais les chefs d’entreprise et leurs équipes à changer de regard sur le sujet, en les sensibilisant et en les accompagnant dans le recrutement et l’intégration de personnes en situation de handicap (tous types de handicap).

J’ai réalisé alors que le handicap psychique était le plus mal accepté, car très stigmatisé et effrayant pour les recruteurs.

Par ailleurs, j’ai souvent accompagné des personnes touchées par les troubles psychiques, qui ont toute leur place dans la société et dans l’entreprise et pourtant ont du mal à parler de leurs besoins spécifiques sur leur poste de travail. J’ai voulu participer à la déstigmatisation du handicap psychique, en travaillant sur le terrain avec elles et les employeurs.

Je conseille aux personnes concernées de parler de leur handicap et de leurs besoins, tout en sensibilisant l’employeur et les équipes, afin de sécuriser et faciliter les parcours professionnels.

Les problèmes viennent généralement du manque de communication, donc de l’incompréhension des deux parties : les employeurs ont des préjugés, mais les salariés aussi en imaginant qu’ils seront rejetés s’ils parlent de leurs troubles psychiques. Les salariés cachent leurs difficultés en compensant et en s’épuisant, ce qui peut conduire à des situations difficiles voire d’échec.

Par ailleurs, j’ai dans ma famille un jeune psychiatre dont j’ai suivi le parcours, et qui m’a apporté beaucoup sur la compréhension de ces pathologies. Il est lui-même très militant pour l’inclusion et les nouvelles formes de prise en charge vers le rétablissement.

Cela fait maintenant quelques années que tu es engagée auprès de Clubhouse. Pourquoi, et comment t’impliques-tu?

J’ai découvert le Clubhouse par un de mes amis, staff au Clubhouse de Lyon qui venait d’ouvrir. J’ai tout de suite adhéré aux valeurs et au concept de ce lieu innovant, où j’ai été accueillie chaleureusement par les membres, les staffs et Sandrine la directrice du club. Nous avons eu envie de collaborer, et j’ai commencé comme bénévole en mettant à disposition mes compétences et mon réseau d’entreprises.

J’ai ensuite, comme entrepreneure indépendante, travaillé pour le club dans le développement des relations entreprises. J’ai participé à l’organisation des « Mind Break First », des petits déjeuners dédiés aux entreprises qui visent à leur apporter des outils de compréhension, et au cours desquels un membre du club témoigne de son expérience sur le sujet abordé. J’ai également commencé à collaborer avec les équipes du Clubhouse France dans le champ de la formation.

Aujourd’hui j’ai intégré SC Conseil, une structure porteuse de valeurs dans le champ de l’accompagnement à l’emploi et qui porte entre autres des projets dédiés aux plus fragiles. Au sein de la structure, j’ai le plaisir de poursuivre ma collaboration avec le Clubhouse sur des actions de sensibilisation et de formation dans le champ de la santé mentale et de l’emploi.

Qu’est-ce qui te révolte aujourd’hui quand tu penses à la prise en charge des troubles psychiques et de la santé mentale ?

En particulier le retard que nous avons en France :

- l’hôpital psychiatrique, parent pauvre du secteur hospitalier, qui impose par manque de moyens des prises en charge souvent violentes en ne donnent pas aux personnels la possibilité d’accompagner les patients de façon humaine,

- le manque de structures relais en sortie d’hôpital,

- la difficulté pour des jeunes d’accéder à un accompagnement,

- le manque d’innovation dans les pratiques.

mais heureusement tout ça commence à bouger !

Au contraire, qu’est-ce qui te donne de l’espoir ? 

Beaucoup de choses !

- Les structures comme le Clubhouse qui proposent des concepts innovants et œuvrent vers le rétablissement des personnes en privilégiant l’autonomie et la responsabilisation, grâce entre autres à la pair aidance

- Le changement de regard sur le handicap psychique : j’ai découvert en entreprise une écoute et un intérêt pour mieux comprendre les enjeux de santé mentale des salariés

- Un changement de posture des jeunes professionnels de la psychiatrie, tournés vers les concepts innovants et convaincus que l’accompagnement hors du milieu hospitalier est un facteur de rétablissement.

Je reste profondément optimiste !

Une initiative dans le champ de la santé mentale que tu as envie de nous faire découvrir ? (en France ou à l’étranger)

Je suis actuellement plongée dans la lecture d’un ouvrage à la fois sérieux, scientifique et divertissant, qui aborde les troubles psychiques sous un angle attractif pour le « grand public » : « Pop &Psy » de Jean Victor Blanc.

Je pense qu’il faut « vulgariser » la thématique des troubles psychiques en rendant l’information accessible à tous et à tous les âges, notamment chez les jeunes, par des formats attractifs (BD par exemple)

Quel est ton mantra ? :-)

" Ecoutons, laissons parler et agir celles et ceux qui sont concernés "