Handicap invisible et perception : quand les mots et les attentes sociales deviennent des obstacles

Handicap invisible et perception : quand les mots et les attentes sociales deviennent des obstacles

Vivre avec un handicap invisible comme la schizophrénie et la dépression sévère ne se limite pas seulement aux défis intérieurs. Il y a aussi la perception des autres, souvent marquée par l'incompréhension et le jugement. Une des difficultés que je rencontre régulièrement est liée à ma manière de parler. N'ayant jamais eu beaucoup d'amis, mon vocabulaire s'est principalement formé à travers les livres. Cela m'amène souvent à utiliser des mots que beaucoup jugent "trop compliqués" ou "démodés", et cela devient une source de moquerie.

Les mots que je choisis me marginalisent, et parfois, on me fait sentir que je ne parle pas "comme les autres". Alors que pour moi, ces mots sont naturels et reflètent simplement mon expérience, je comprends que dans un contexte social, ils peuvent me rendre difficile à comprendre, voire "étrange" aux yeux des autres.

De plus, je n’ai pas les références culturelles qui pourraient me permettre d'avoir les mêmes interactions sociales que les autres, de rencontrer une partenaire et de créer une famille. Ce manque me place en décalage constant avec ce que la société attend de moi. Et cela n’est pas seulement dû à mon vocabulaire ou à mes interactions sociales, mais aussi à mes dépressions sévères, qui sont une source de souffrance constante.

Je ne me verrais jamais imposer mes dépressions à une autre personne. Vivre seul semble donc être la seule option, un choix que je fais pour ne pas infliger ma souffrance à quelqu’un d’autre. Pourtant, être un éternel célibataire devient aussi un sujet de moquerie. La solitude choisie est mal comprise, comme si l’on ne pouvait pas vivre seul sans être jugé.

Et malgré tout cela, une idée, stupide et illogique, persiste : j'aimerais léguer tout ce que j'ai construit à un enfant. Mais je ne me sens pas capable de le concrétiser de manière biologique. Mon esprit, marqué par la maladie, pourrait faire du mal à un enfant que j'adopterais. C’est comme si c’était la sélection naturelle : tout de moi va disparaître après moi.

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