Le processus d’octroi des crédits aux entreprises : une évaluation permanente du risque.
L’évolution du contexte réglementaire impulsée par le modèle du Comité de Bâle implique une réforme importante du processus d’analyse et de décision en matière d’octroi de crédit aux entreprises.
Si jusqu’à une date récente cette décision s’insérait dans une consultation « unique » du Comité de crédit basée sur une étude qualitative, la plupart du temps sur les critères avancés par les chargés de clientèle, et sur une étude quantitative « normée » s’appuyant sur les états financiers aboutissant à un accord « ex ante » au moment de l’octroi jamais remise en cause avant constatation de la défaillance du client.
Il faut noter que, dans cette phase d’octroi du crédit, la mesure du risque de crédit est faite par rapport à une échelle du risque et n’est que rarement remise en cause durant la vie du prêt sauf demande de nouveau concours.
Les principes bâlois exigent une réévaluation permanente des critères retenus via le calcul de la probabilité de défaut et dans les modèles avancés la création d’un modèle de notation. Cela implique une modification profonde des rôles, des méthodes, des procédures et du système d’information dédié à la gestion des engagements.
L’évaluation du risque de crédit aux entreprises repose sur plusieurs étapes.
La démarche d'un établissement de crédit voulant se former une opinion sur une entreprise, avant d’octroyer un prêt est initiée et repose sur la demande de financement transmise par le chargé de clientèle.
Dans une première étape, le banquier est amené à porter ses premières appréciations concernant l'entreprise à partir de l’étude des informations nourries par son correspondant et les documents comptables et sociaux. Cette étape est marquée par une forte asymétrie d’informations et une forte pression commerciale.
Dans une seconde étape l'analyse va s'efforcer d'expliquer et d’apprécier l’ensemble des spécificités de l'entreprise. Elle ne doit pas se limiter aux aspects financiers propres à l’entreprise, mais prend aussi en compte les aspects économiques.
De plus, une appréciation des opportunités et des menaces de l'environnement ainsi que les forces et les faiblesses de l'entreprise, s'avèrent indispensable pour anticiper d’éventuelles difficultés (évolution du défaut).
La décision implique non seulement le chargé de clientèle en charge du compte de l’entreprise, mais aussi l’analyste crédit et « in fine » le comité de crédit. Ma longue expérience m’a montré fréquemment une divergence d’objectifs entre les prescripteurs : production de crédit dans la démarche commerciale et appréciation du risque dans la démarche d’analyse aboutissant à des présentations « biaisées » au Comité de crédit.
Il est donc utile de profiter de la réforme du processus de gestion des crédits pour redéfinir les rôles de chacun sachant que l’objectif commun est de protéger la banque de pertes inattendues engageant les fonds propres et la survie de l’établissement.