Le programme et l’entourage en développement durable d’Emmanuel Macron
Emmanuel Macron (Eric FEFERBERG / AFP)

Le programme et l’entourage en développement durable d’Emmanuel Macron

Par Claire Avignon,

Emmanuel Macron (En Marche) a remporté, dimanche 7 mai 2017, l'élection présidentielle avec 66,06 % des voix, devant Marine Le Pen, candidate du Front national qui en recueille 33,94% (1). AEF revient sur son programme en environnement, énergie et RSE ainsi que sur son équipe chargée de ces sujets durant la campagne.

Élu président de la République, Emmanuel Macron formera d’ici lundi 15 mai son premier gouvernement en attendant les résultats des élections législatives des 11 et 18 juin prochains.

DANS LA LIGNÉE DE FRANÇOIS HOLLANDE SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Le programme du chef de l’État s’inscrit dans la continuité du quinquennat de François Hollande. Il reprend en particulier l’objectif de fermer la centrale nucléaire de Fessenheim et le "cap" de la loi transition énergétique d’atteindre à horizon 2025 les 50 % de nucléaire dans la production électrique ; l’objectif de 32 % de renouvelables en 2030 ; la fermeture des centrales à charbon ; l’alignement de la fiscalité du diesel sur celle de l’essence ; l’interdiction des néonicotinoïdes à compter de 2020 ; la simplification du droit de l’environnement ; la poursuite de la hausse de la taxe carbone pour atteindre 100 €/t en 2030 ; l’atteinte de 500 000 rénovations thermiques par an.

Sur les OGM et le gaz de schiste, pour lesquels François Hollande avait confirmé le moratoire de la France, Emmanuel Macron ne remet pas en cause la politique actuelle tout en souhaitant favoriser la recherche publique.

Parmi les nouvelles mesures structurantes voulues par Emmanuel Macron : l’interdiction de la vente des véhicules thermiques en 2040 et l’interdiction des permis d’exploiter les hydrocarbures, y compris conventionnels, en France, notamment en Guyane.

Sur le sujet hautement polémique de Notre-Dame-des-Landes, Emmanuel Macron dit vouloir suivre le résultat de la consultation de juin 2016 en Loire-Atlantique, favorable au projet aéroportuaire, tout en lançant une "médiation" de 6 mois dès le début du quinquennat pour éviter un nouveau Sivens, qui avait fait un mort fin octobre 2014. Le médiateur sera notamment chargé de regarder les solutions alternatives (comme l’aménagement de l’aéroport actuel Nantes-Atlantique) mais aussi de "convaincre" les opposants au projet.

Entre les deux tours de l’élection présidentielle, le candidat d’En Marche, a repris une proposition de Nicolas Hulot, la transformation du Cese en "Chambre d’avenir". Il a aussi fait un pas sur la question du Ceta, auquel il est favorable, alors que l’écologiste y est fortement opposé, en installant une "commission indépendante" chargée d’évaluer les impacts environnementaux et sanitaires du traité de libre-échange entre le Canada et l’UE (lire sur AEF).

Plus tôt dans la campagne, en mars, Emmanuel Macron avait également annoncé l’organisation d’un "Grenelle de l’alimentation", reprenant aussi une proposition de Nicolas Hulot. Il souhaite en outre organiser un "Giec" dédié aux perturbateurs endocriniens.

100 MD€ POUR LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE D’ICI 2022

Le programme prévoit d’injecter 4 milliards d’euros pour la rénovation énergétique des bâtiments publics et 4 milliards d’euros pour la rénovation énergétique des logements des ménages propriétaires en situation de précarité énergétique ; et de consacrer 1 milliard d’euros supplémentaire pour la transformation du crédit d’impôt pour la transition énergétique en prime, octroyée au moment des travaux. L’objectif est la rénovation de la moitié des logements-passoires dès 2022. Les passoires énergétiques seraient interdites de locations à compter de 2025.

Le chef de l’État a également prévu d’accompagner la conversion du parc de véhicules automobiles anciens vers des véhicules récents pour améliorer la qualité de l’air en y consacrant 3 milliards d’euros d’aides pour les ménages.

La transition écologique sur les territoires se fera via des contrats régionaux de transition écologique pour une croissance verte, qui viendront remplacer les contrats de plan État-région.

L’ancien banquier veut également poursuivre les avancées du quinquennat en matière de finances responsables, via la création de garanties publiques et en couplant les investissements privés avec des fonds publics.

En tout, les investissements favorables à la transition écologique devraient atteindre 100 milliards d’euros sur le quinquennat, dont 20 milliards publics.

LES POLITIQUES

Ce programme a été élaboré par l’équipe d’En Marche dont les deux porte-paroles en environnement tout au long de la campagne ont été Arnaud Leroy, primo-député PS (Français établis hors de France) qui s’est fait connaître sur les questions de RSE et de politiques environnementales européennes, et Corinne Lepage, avocate, ancienne eurodéputée centriste et ancienne ministre de l’Écologie (1995-1997).

Parmi les autres personnalités politiques impliquées sur les questions environnementales : François de Rugy, député de Loire-Atlantique depuis 1997, d’abord pour le parti Les Verts devenu EELV, puis pour le groupe SER ; et Serge Lepeltier, ancien maire de centre droite de Bourges, ancien ministre de l’Écologie (2004-2005) et ancien ambassadeur climat (2011-2013). Il est actuellement président de l’association Équilibre des énergies, qui plaide pour un plus grand recours au chauffage électrique.

Issu à la fois de la société civile (ancien porte-parole de la FNH), de l’administration (il est directeur de l’économie circulaire et des déchets de l’Ademe, en retrait depuis son ralliement à En Marche), et de la politique (il a été vice-président EELV de la région Pays-de-la-Loire de 2010 à 2015), Matthieu Orphelin a annoncé son ralliement à Emmanuel Macron en mars 2017, aux côtés de Jean-Paul Besset, également proche de Nicolas Hulot, et de Daniel Cohn-Bendit, dans une tribune parue dans Le Monde. Il est candidat d’En Marche pour la première circonscription de Maine-et-Loire (qui comprend la ville d’Angers, siège de l’Ademe).

Maud Lelièvre, déléguée générale des Eco-maires, ancienne conseillère au cabinet des ministres de l’Écologie Nicole Bricq et Delphine Batho, actuelle membre du CNTE pour la LPO, est aussi membre d’En Marche.

Yann Wehrling, ancien Vert devenu porte-parole du Modem, président du groupe du centre et des démocrates à la Région Ile-de-France, soutient également Emmanuel Macron.

À noter qu’outre Corinne Lepage et Serge Lepeltier, cinq autres élus qui sont ou ont été ministres de l’Environnement soutiennent Emmanuel Macron : Nicole Bricq (qui est même membre d’En Marche), Jean-Louis Borloo, Michel Barnier, Ségolène Royal et Barbara Pompili, secrétaire d’Etat à la Biodiversité.

LES HAUTS FONCTIONNAIRES

Plusieurs hauts fonctionnaires ont également travaillé au programme d’Emmanuel Macron, dont Julien Marchal pour les questions énergétiques. Conseiller en charge de l’environnement et de l’énergie du secrétaire d’État à l’Industrie Christophe Sirugue jusqu’en mars 2017, il a été conseiller d’Emmanuel Macron lorsqu’il était ministre de l’Économie (2014-2016). Il a également été conseiller adjoint à l’énergie et au logement au cabinet du président de la République (2014-2016), après avoir été depuis août 2012 chargé de mission énergie auprès du conseiller en charge de l’industrie et de l’énergie Olivier Lluansi. Il travaillait auparavant à la DGEC du ministère de l’Écologie, comme adjoint au chef du bureau des énergies renouvelables (septembre 2009-août 2011) puis comme adjoint au chef du bureau des affaires extérieures de l’énergie nucléaire. En mars 2017, il a été nommé secrétaire général de DCNS Énergies.

Élise Calais, adhérente d’En Marche, est aussi une haute fonctionnaire : rapporteure au Comité interministériel de la restructuration industrielle à la direction générale du Trésor depuis janvier 2017, elle a été directrice de cabinet adjointe de la secrétaire d’État au Commerce, à l’Artisanat, à la Consommation et à l’Économie sociale et solidaire Martine Pinville (janvier 2016-janvier 2017). Avant cela, elle travaillait déjà à la direction générale du Trésor (2012-2016) après avoir travaillé comme adjointe au bureau des marchés de l’électricité à la DGEC de 2010 à 2012.

SOCIÉTÉ CIVILE

Emmanuel Macron a aussi séduit des personnalités de la société civile. Parmi ses soutiens, Bettina Laville, conseillère d’État, présidente du Comité 21, spécialiste notamment des questions internationales (climat, ODD) ; Nicolas Imbert, directeur de Green Cross France ; Sébastien Mabile, avocat en droit de l’environnement, proche de la FNH (lire son interview à AEF sur le préjudice écologique) ; Yvon Le Maho, directeur de recherche émérite, spécialiste de la biodiversité et des OGM ; Baptiste Perrissin Fabert, économiste du développement durable pour France Stratégies après avoir été économiste du climat au ministère de l’Écologie (2014-2016) et chercheur au Cired (2010-2013).

Du côté des entreprises, Philippe Zaouati, PDG de Mirova, spécialiste des questions d’investissements durables, soutient Emmanuel Macron, de même qu’Audrey Zermati, directrice de la stratégie d’Effy (société spécialisée dans l’efficacité énergétique) et ancienne déléguée générale adjointe de l’Union française de l’électricité, Anne-Marie Idrac, présidente du club des administrateurs RSE de l’IFA, et Jean-François Rial, PDG de Voyageurs du Monde.

Diane Simiu, qui travaille pour le WWF France et qui a été haute-fonctionnaire au ministère de l’Écologie (lire sur AEF), est également engagée à titre personnelle dans le mouvement d’Emmanuel Macron et a participé à la rédaction du programme en environnement et en énergie du nouveau chef de l’État.

Nombre de ces soutiens ont signé une tribune parue le 14 mars 2017 dans Libération et intitulée "Oui, la transition est En marche !"

(1) Un scrutin marqué par un taux d'abstention record depuis 1969 de 25% et plus de 4 millions personnes qui ont voté blanc ou nul.

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La Rédaction développement durable

Isabelle Spiegel

VINCI Vice-President, Environment

7 ans

Un bravo tout particulier à Diane !

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