Le rêve à l’épreuve du Covid ou comment être un entrepreneur de 23 ans en 2020
Aujourd’hui, cela fait 11 mois jour pour jour que le premier Shape’n Go a ouvert ses portes. Ce projet, c’était celui d’un ado-presque-adulte de 21 ans à peine. Ce projet, c’était le rêve d’une vie dont les ailes ont été coupées dans leur élan par des vagues fracassantes.
Le 18 décembre 2019, tous ceux qui ont vu naître et croître ce rêve étaient rassemblés pour célébrer l’inauguration du restaurant dans ma ville natale et assister au début d’une belle aventure humaine.
Le 18 mars dernier, soit 3 mois seulement après l’ouverture de ce que je voulais être le premier fastfood sain d’un genre nouveau, l’annonce du confinement et de la fermeture des établissements du secteur de l’Horeca tombait comme un couperet et nous mettait dans le même temps la corde au cou. 3 ans de travail acharné mis sur pause et remis en question.
Aujourd’hui, nous sommes le 18 novembre, cela fait 8 mois jour pour jour que nos vies ont été mises entre parenthèses et que celles des restaurateurs, tenanciers de bars, serveurs, cuisiniers, hôteliers, etc. complètement ébranlées, ornées d’incertitudes dans le meilleur des cas, de précarité et de fermetures en cascade dans les moins bons.
L’aventure Shape’n Go a commencé sur un coin de table, après un repas entre amis. Ce qui n’était qu’une idée est rapidement devenu un projet emplissant et rythmant mon quotidien, projet qui plus vite encore a pris la forme d’une première ouverture. Entre l’idée et le concret, 3 ans de réflexions, d’expérimentations et de rencontres se sont écoulés. Durant ces 3 années, il a été donné à l’ado-presque-adulte que j’étais la chance de vivre des choses incroyables : nommé meilleur jeune entrepreneur de l’année, j’ai eu l’honneur de croiser la route d’hommes et de femmes inspiré·e·s et inspirant·e·s qui ont participé de près ou de loin, sans le savoir, à la concrétisation de mon rêve. Ce dernier était simple : créer un nouveau concept positif qui révolutionnerait le monde de la restauration rapide. Un nom, comme une évidence : Shape’n Go. L’idée, l’appellation, les rencontres ne sont cependant que le début de l’aventure et la part belle de la démarche entrepreneuriale. Il y eut aussi 3 ans de sacrifices, d’abnégation, de journées interminables, de rendez-vous incroyables, mais également d’autres, plus désagréables ; soit 3 ans de travail acharné sans compter. Au début de l’aventure, du haut de mes 20 ans à peine, mes seules armes étaient des valeurs et une volonté inébranlable d’innover. Avec ces seules armes, j’ai rassemblé des acteurs du monde de l’entrepreneuriat et de la gestion à mes côtés. Avec ces seules armes et à force de persuasion et d’audace, nous avons séduit Decathlon, installé notre première enseigne dans un complexe de la chaîne et avons par la même occasion lancé un nouveau concept avec le géant du sport et des loisirs, une première européenne. Qui plus est, dans ma ville de cœur, celle qui m’a vu grandir, Charleroi. Une ville qui se bat, qui veut et va rayonner et s’épanouir plus encore. Le pas préliminaire vers l’essor de la première chaîne de fastfood sain.
6 mois plus tard, Shape’n Go accueillait ses premiers clients. Premières désillusions, premiers coups durs : le Decathlon au sein duquel nous nous sommes installés n’a pas réalisé l’ouverture promise et les chiffres ne suivent pas. À nouveau, des investisseurs privés, des particuliers, des rêveurs, croient en nous et nous offrent la perspective de pouvoir nous relancer, ailleurs. Est prévue l’ouverture de deux établissements au cœur des lieux les plus empruntés de Belgique, où le succès ne se ferait assurément pas attendre, pensons-nous.
C’était sans compter sur la première vague, déstabilisante, inattendue, brutale. Survenue de nulle part, la claque fut violente. Les projets tombent à l’eau, emportés par la déferlante, les négociations s’arrêtent, trempées par les flots et les investissements sont immergés jusqu’à nouvel ordre. Après ces mois d’arrêt forcé, sonne la réouverture : Shape’n Go doit rebondir, d’abord grâce aux livraisons et ensuite, par la reprise des activités en physique. Cependant, avec seulement deux mois d’ouverture et une localisation catastrophique, la réalité frappe à la porte. 70%. Le chiffre est marquant, les conclusions désastreuses : nous perdons plus de 70% de notre chiffre d’affaires. Le rêve reprenait de l’élan et s’est à nouveau effondré, en l’espace de quelques semaines.
Se poursuit cependant le combat, pour tout repenser, pour se réinventer, pour innover, pour ne pas sombrer. Non pour gagner de l’argent, mais pour ne plus en perdre. À force de travail, nous parvenons à diviser les coûts et à multiplier les entrées par deux. À coup de solutions court-termistes, nous parvenons tant bien que mal à garder le cap de l’aventure Shape’n Go, dans un secteur où bon nombre de navires sont au bord du naufrage.
Jusqu’à la deuxième vague. Un second arrêt, prévisible, nécessaire, mais qui fait l’effet d’une douche froide. Les restaurateurs, tenanciers de bars, serveurs, cuisiniers, hôteliers, etc. trébuchent dans le meilleur des cas, dégringolent dans les moins bons et nous sommes de plus en plus à osciller dangereusement depuis le haut de l’escalier. Un mal-être général s’est installé, un sentiment de frustration, une impuissance sourde. Les remparts du rêve et de la résilience seront-ils définitivement vaincus par les arrivées d’eau ? Comment se réinventer pour ne pas sombrer ? Comment se serrer les coudes pour éviter que l’ensemble d’un secteur ne s’écroule et qu’avec lui, des milliers de vies se suspendent ? Ce sont des questions qui m’habitent aujourd’hui, tous les jours.
Cette histoire, c’est l’histoire de Shape’n Go, c’est l’histoire de mon rêve. C’est l’histoire d’un rêve comme des dizaines fourmillent dans des milliers de têtes. Je me suis interrogé sur la raison de me battre tous les jours sans gagner un centime, sur la nécessité d’avancer dans la même direction, sur mon indéfectible humanité, sur mes valeurs, nos valeurs. Alors, j’ai pris le temps. J’ai pris le temps de repenser au chemin parcouru, aux étapes franchies, à tout ce que l’on a vécu, Shape’n Go et moi.
J’ai décidé de continuer à me battre, contre la mer, contre le vent, contre la tempête, malgré les vagues qui risquent encore de s’abattre. J’ai décidé de tout déconstruire pour tout reconstruire depuis le début, en se fondant sur mes expériences, mes erreurs, mais en gardant toujours précieusement en moi les valeurs qui m’animent et la prégnance de mon rêve. Pour moi, pour Shape’n Go, pour mon rêve. Pour nous.
Parce que c’est maintenant, le moment de croire en nous, le moment de tenir, de persévérer. Le moment de se réinventer, autrement, pour rebondir, différemment. Je ne sais pas encore comment mais je veux que ces vagues, plutôt que de terrasser mon rêve, lui offrent un nouvel élan vers un demain nécessairement différent.
L’avenir appartient et appartiendra toujours à ceux qui rêvent, qui se serrent les coudes et qui n’ont pas peur de (se) bousculer. Rêvons, osons, agissons, ensemble. Nous n’avons pas le choix : c’est ça ou regarder médusés le navire couler, les bras croisés.
Prenez soin de vos proches, prenez soin de vous. Vivez.
Aurélien
Sales Manager chez BNP Paribas
4 ansUn beau reportage sur votre entreprise. Un bel exemple de ténacité
Risk Manager at Funds Avenue
4 ansGwennan Manin
Coach et formatrice en développement personnel, hypnose
4 ansBravo !!! Merci pour ce témoignage inspirant. Je me suis permise de le partager car il est porteur d'énergie, d'espoir et de positivité. Personnellement à 20 ans je n'aurais pas osé me lancer dans pareille aventure et j'admire énormément les personnes comme toi, innovante et déterminée. Je ne manquerai pas de venir chez Shape'n Go dès que possible :-)
Event Manager- F&B Collaborater
4 ansCourage mon pote 💪🏼 on va tous en sortir plus forts
Project Manager aCMG, Co-founder Carolographie & Board Member Génération C
4 ansBeaucoup de courage à toi en cette période compliquée! Ton parcours est impressionnant et tu as raison de t'accrocher. N'hésite pas à nous contacter, on te fera un peu de pub' sur nos réseaux pour la réouverture.