Le redémarrage de l’économie chinoise est-il authentique ?
Née à Wuhan fin 2019, l’épidémie du coronavirus Covid-19 est aujourd’hui en passe d’être un lointain et mauvais souvenir pour la Chine qui a repris le chemin d’une vie normale, et grâce à cela, d’une croissance économique rapide. Ceci peut paraître surréaliste pour les pays occidentaux qui continuent une longue et éprouvante traversée de cette pandémie qui n’en finit pas, assortie de son cortège de mesures limitant la liberté de circuler et contrôlant, de façon perçue comme invasive, les comportements individuels.
La réaction première face aux nouvelles venues de Chine est le doute. Il parait choquant que la Chine n’affiche « que » moins de 5000 morts, soit 2,1% du total des victimes aux États-Unis, et ait retrouvé toutes les libertés indispensables à la relance de l’économie. La Chine n’aurait plus de nouveaux cas de COVID-19, sauf des malades venus de l’étranger. La seconde réaction est la colère car la Chine est facilement pointée comme « la » coupable de la pandémie alors qu’elle se positionne comme un modèle de stratégie sanitaire, avec un confinement musclé dès l’origine, fustigeant au passage l’incurie des occidentaux et de leur système politique inefficace. Ces performances, pour les occidentaux, ne pourraient être dues qu’à la propagande de ce pays encore imprégné, malgré ses dénégations courroucées, par la culture totalitaire, opaque et brutale. Or, d’après des études indépendantes citées par le media The Conversation, le degré de satisfaction des chinois envers le gouvernement central sur la gestion de la crise serait de l’ordre de 70 à 80%.
Il faut dénouer ce faisceau de jugements pour tenter de comprendre où en est réellement la Chine en cette fin d’année 2020 et tenter d’en tirer les leçons pour, peut-être, aborder 2021 de façon plus confiante.
Il est vrai que les chiffres officiels publiés par la Chine peuvent surprendre. La croissance entre juillet et septembre s’affiche à +4,9 % du PNB. Elle avait régressé pendant le premier trimestre de 6,8%. Ce qui est frappant c’est que le troisième trimestre 2020 est similaire au troisième trimestre 2019. De plus, le commerce international chinois a repris avec vigueur. Les exportations en septembre ont cru de 9,9% alors que les importations ont également fortement progressé de 13,2%. Le gouvernement chinois avait poussé, dès février, à une reprise rapide de l’activité, assortie de mesures sanitaires rigoureuses, mais les usines produisaient plus que la demande et les avions volaient à vide. Cette situation est révolue depuis l’été qui a vu de nets signes de reprise de la demande finale dans les centres commerciaux, en dépit du maintien des mesures de prévention.
La Golden Week, qui s’est déroulée du 1er au 7 octobre, est traditionnellement un évènement devenu considérable pour le tourisme mondial. Cette année, les visiteurs chinois, se sont orientés par force vers l‘intérieur du pays provoquant une croissance considérable de la demande touristique qui avait violement souffert des restrictions aux voyages intérieurs et de l’effondrement du tourisme international. 637 millions de voyages à travers le pays, concernant 45% de la population chinoise, ont généré sur cette première semaine d’octobre 68 milliards $ de revenus pour l’industrie touristique, soit près de 80% des résultats de 2019. Le réseau ferroviaire a absorbé 10 millions de voyages par jour en moyenne.
L’industrie automobile chinoise montre également, avec le salon automobile de Pékin, le seul qui se sera tenu dans le monde en 2020, sa détermination à retrouver son rythme de croissance antérieur, même s’il avait baissé depuis 2017. Les véhicules à énergie nouvelle -NEV- sont plus que jamais au cœur de cette stratégie de conquête. Les ventes de voitures ont cru de 13 % en septembre, atteignant 2,57 millions de véhicules, ce qui accuse une baisse de 6,6% sur 9 mois par rapport à 2019. Les NEV ont connu une poussée considérable en septembre avec 67,7% de croissance, pour le troisième mois consécutif. Tesla qui bénéficie de cette poussée, mais doit faire face à des concurrents agressifs, comme NIO et Li Auto, après avoir reculé de 35% en juillet, a décidé de baisser de 8% les prix du Model 3, produit en Chine, ce qui représente 36 000 $. Les véhicules utilitaires ont cru de 40% en septembre, ce qui est un indicateur de dynamisme des entreprises.
Le gouvernement qui a engagé toute l’industrie chinoise dans la voie de l’électromobilité ne cesse d’affirmer son engagement. Le Premier ministre, Li Keqiang, a annoncé le 9 octobre un nouveau plan global. Il est destiné à renforcer les infrastructures, dont les stations de recharge, la technologie, dans tous les domaines soutenant les véhicules connectés et électriques, et la coopération internationale. L’internet des véhicules (IoV) est une des priorités du gouvernement, la ville de Changsha étant une zone pilote de V2X (Vehicule to Everything). Une nouvelle liste d’exemptions de taxes d’achat pour les NEV a été publiée fin septembre. Les aides sont variées entre l’État central, les provinces et les municipalités
Dès janvier 2021, 80% des véhicules de transport public, taxis et véhicules logistiques devront être des NEV dans les zones écologiques pilotes de Fujian, Jiangxi, Guizhou et Hainan. La Chine dispose d’un parc de 4 millions de véhicules électriques à batteries et hybrides rechargeables, ainsi que 7000 véhicules à hydrogène, dont le gouvernement souhaite amplifier le développement. Cet essor des NEV bénéficie au groupe Volkswagen qui a annoncé, en septembre, s’engager avec ses partenaires chinois à investir 15 milliards € d’ici 2024, une majorité des 26 millions de véhicules électriques que le groupe prévoit de livrer d’ici 2029 le sera en Chine.
La Chine, convalescente, n’a rien cédé de ses ambitions par rapport à l’avant-COVID. Au contraire, l’objectif est de relancer la machine économique, en s’appuyant aussi bien sur le marché intérieur que sur la poursuite des exportations, qui ne semblent pas souffrir durement des restrictions américaines. Le développement technologique, sans surprise, est au cœur de cette stratégie dans un pays qui a déjà 120 millions d’abonnés à la 5G, ce qui a poussé Apple à intégrer cette capacité dans ses nouveaux iPhone 12.
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4 ansBonjour Jean-Pierre, auriez-vous un livre à conseiller pour comprendre un peu mieux la chine du 21ième siècle ?