Le semeur de vent: la dépêche du toit de l’Afrique.
L’histoire du chemin de fer en Ethiopie :
Le chemin de fer Franco-éthiopien :
L’Ethiopie était sans débouché maritime depuis la conquête de l’Erythrée devenu colonie italienne le 1er janvier 1890. Ménélik 2 conscient du handicap que cause l’isolement de son pays va accorder le 11 février 1893 à son conseiller suisse Alfred Ilg le contrat pour construire une voie de chemin de fer reliant Djibouti à Addis Abeba.
La compagnie va être créée le 9 mars 1894 sous le nom de Compagnie Impériale Ethiopienne (C.I.E).
La France donne le 27 avril 1896 l’autorisation de passer par la cote française des somalis et dépendances (nom donné à l’époque à la colonie française de Djibouti).
Alfred Ilg va s’associer à l’un ingénieur français Léon Chefneux, et fonder le 07 aout 1896 la Compagnie Impériale des Chemins de fer Ethiopiens. Les premiers coups de pioche sont donnés en octobre 1897.
La construction de la voie ferrée ne sera pas une simple affaire. Celle-ci ne passera pas par Harar qui était la ville la plus importante en Ethiopie aussi bien en terme de population qu’au point de vue commercial. Le tracé passe par la vallée et rejoint Dire Dawa le 24 décembre 1902. On avait tout d’abord désigné ce premier arrêt important à l’entrée du pays du nom d’Addis Harar (la nouvelle Harar) mais on lui a rapidement changé de nom pour l’appeler Dire Dawa.
La compagnie va déposer le bilan le 6 juin 1907 et sera recréée le 30 janvier 1908, par notamment Joseph Vitalien (l’un des médecins de Ménélik de 1904 à 1909), sous le nom de compagnie du chemin de fer Franco-éthiopien. Les travaux vont reprendre fin 1909 et finalement la voie atteindra Addis Abeba le 17 juin 1917.
La gare d’Addis Abeba ne sera inaugurée que le 3 décembre 1929.
Durant leur occupation du pays de 1936 à 1941, les italiens avaient pensé construire de nouvelles lignes en direction de leurs colonies notamment vers Massawa et Assab en Erythrée et Mogadiscio en Somalie. Le chemin de fer sera sous administration britannique de 1941 à 1946.
Une nouvelle ligne fut en projet en 1960 vers la ville de Dilla (chef-lieu d’une des principales régions caféières du pays).
La société des chemins de fer franco-éthiopiens a acquis la nationalité éthiopienne en application d’un traité franco-éthiopien qui en particulier accordait à l’Ethiopie des facilités au port de Djibouti pour tout le trafic transitant par le chemin de fer et en accord avec la concession de Ménélik 2 de 99 ans, expirant le 31 décembre 2016.
La société prend le nom de chemin de fer djibouto-ethiopien le 21 mars 1981 sous la forme d’un établissement public binational.
Depuis 2007 le train ne circule plus vers la capitale Addis Abeba, le chemin de fer n’assure plus le transport de marchandises et celui-ci avait cessé de fonctionner en 2011 dans le sens Dire Dawa- Djibouti avant de reprendre en 2016. A Dire Dawa se trouve la seule gare fonctionnant encore mais n’employant plus que 300 employés à Dire Dawa contre 2000 auparavant.
Le train circule maintenant deux fois par semaine (mardi et samedi matin) vers le frontière, transportant jusqu’à 200 passagers (y compris sur le toit) en 3e classe. Le ticket coute 175 birr et le train met 7 heures pour rejoindre sa destination située à 208 km.
Durant les dernières années d’activité, le train circulait à une vitesse de 20 à 30 km/h. La durée du trajet le trajet entre Addis Abeba et Djibouti était de 23 heures (12 heures entre la capitale et Dire Dawa et 11 heures entre Dire Dawa et la ville de Djibouti).
Les 3 gares principales se trouvaient à Dire Dawa, Addis Abeba et Djibouti mais le dépôt principal avec tous les ateliers se trouve à Dire Dawa.
Le profil de la ligne :
Longueur : 784 km en partant de Djibouti ((5 mètres d’altitude) et Addis Abeba (2400 mètres d’altitude) avec plus 75km de voies de gare et d’embranchements particuliers.
L’écartement de la voie est métrique et celle-ci est divisée en deux lignes :
A de Dire Dawa vers Djibouti (310 km) encore en activité jusqu’à la frontière djiboutienne.
B de Dire Dawa vers Addis Abeba (474 km)
Le ballast est constitué de pierres cassées d’origine calcaire ou volcanique.
Les traverses sont métalliques (appelées de type Ménélik) en raison des nombreuses termitières sur le tracé de la voie. Une petite partie de la ligne près de la ville de Metehara a été refaite en 2008 par les italiens suite à la montée du niveau du lac Besaka ; notamment les traverses métalliques ont été remplacées par des traverses en béton.
Sur la voie du chemin de fer avaient été construits de nombreux ouvrages d’art dont :
Le pont ferroviaire de l’Awash construit en 1914 par un ingénieur français. Détruit par les italiens en 1941 pour empêcher l’avance de l’armée britannique venue libérer le pays, il sera reconstruit par les sapeurs sud-africain et remis en service en 1946. Au niveau du pont s‘est déroulé le 14 janvier 1985 l’un des plus graves accidents ferroviaires en Afrique causant la mort de 400 passagers.
Trains :
Les machines à vapeurs du début du siècle vont être remplacées durant l’occupation italienne par 3 autorails Fiat Littorine utilisées de 1938 à 1965 dont un a été placé sur la place de la gare à Dire Dawa.
Les premières machines BB pour tirer des wagons furent livrées en 1954 ; les dernières au nombre de 6 en 1984.
A partir de 1964 et jusqu’en 1974, des automotrices Billard-Soulé seront livrées. Elles permettaient de transporter 250 passagers répartis en 3 classes à une vitesse maxi de 85 km/h mais qui sera réduite pour des raisons de sécurité à 45 km/h. Certaines de ces automotrices sont encore utilisées de nos jours pour aller de Dire Dawa vers la frontière djiboutienne.
Le train impérial :
Les deux premières voitures furent offertes par les français en 1935 :
La voiture N°1, avec salon, cabines couchettes et bureau.
La voiture N°2, avec un restaurant et cuisine.
Les deux autres furent offertes par les britanniques en 1954 mais construites en France :
La voiture V1 1001 avec cabines couchettes, salon et bureau.
La voiture V2 1002 avec un restaurant, office et cuisine.
La composition du train impérial à partir de 1954 comprenait en général :
- deux locomotives.
- un fourgon blanc, de construction Nicaise et Delcuve de 1913 renfermant le groupe électrogène destiné à l’alimentation permanente en électricité de la rame impériale durant les trajets et les arrêts.
- les 4 voitures de Sa Majesté et sa famille.
- 2 voitures lit-salon de 1ere Classe pour ses invités et collaborateurs.
- 2 voitures de 2eme classe pour l’escorte impériale.
- 2 wagons couverts pour le transport des bagages...
Le dernier déplacement du train impérial eu lieu en 1973. Les voitures se trouvent maintenant dans le musée du train impérial à Addis-Abeba.
La nouvelle ligne de chemin de fer :
A partir du 5 octobre 2016, un train de conception chinoise circulera à nouveau sur une ligne cette fois ci électrifiée, entre la ville de Djibouti (5 mètres d’altitude) et la capitale Addis Abeba (2294 mètres d’altitude) mais sur un tronçon diffèrent de l’ancienne voie, et une longueur de 752 km. Tout comme pour le TGV en France, les gares ont été construites à l’extérieur des grandes villes, notamment la nouvelle gare de Dire Dawa se trouve à 11km plus au nord que la précédente.
La première ligne de chemin de fer électrifiée d’Afrique a été construite en 4 ans par deux entreprises chinoises pour un cout de 4 milliards de dollars financé à hauteur de 70 % par la banque chinoise d’import-export. La gestion de la nouvelle ligne sera assurée par les chinois durant les 5 premières années d’exploitation.
Depuis l’arrêt du transport de marchandises sur l’ancienne voie, ceux sont près de 1500 camions qui transportent tous les jours les marchandises importées ou exportées depuis et vers le port de Djibouti. Il leurs faut 24 heures pour effectuer les 918 km séparant les deux capitales. Le nouveau train prendra en partie la relevé des camions et transportera 7 fois plus de marchandises que l’ancien et circulera à 120 km/h divisant le temps par deux par rapport aux camions. Il y aura également des voitures pour les passagers pour un trajet d’une durée de 10 heures.
Il est prévu de construire de nouvelles lignes dans les prochaines décennies.
Une entreprise chinoise est également à l’origine de la construction du Tramway d’Addis Abeba dont la première ligne a été inaugurée le 21 septembre 2015. La capitale éthiopienne est la seule ville en zone sub-saharienne à posséder un tramway. Deux lignes d’une longueur totale de 31,6 km ont été construites et permettent de transporter environ 130000 personnes quotidiennement.
Le gouvernement éthiopien projette de construire 80 km de ligne de tramway et 93 km de ligne de métro d’ici 2032.