Le sprint des livraisons à domicile
Le dernier kilomètre est un enjeu au coeur du e-commerce

Le sprint des livraisons à domicile

L’augmentation massive des achats en ligne est en train de bouleverser la chaîne logistique du secteur de la livraison à domicile. Ce mode de consommation désormais ancré dans nos pratiques implique de nombreuses équations à résoudre en matière de distribution et n’est pas sans impact sur notre environnement. Tour d’horizon de cette course folle qui ne fait que commencer.

Du dernier livre de Jacques Attali à la pizza quatre saisons du samedi soir, nous achetons tous en ligne, de plus en plus, c’est un fait. Cet appétit pour le e commerce, qui se joue directement entre le vendeur et le domicile du particulier, ou encore entre le producteur et le consommateur, est lié à nos nouveaux modes de vie, et à la simplicité du mode opératoire des commandes sur nos smartphones et tablettes.

Internet a accéléré la cadence et le paysage logistique lié au e-commerce traverse un bouleversement actif ces dernières années. La livraison à domicile, qui s’est étendue bien au-delà des produits alimentaires, est devenue un élément clé dans la décision d’achat du consommateur. Elle représente un argument de vente que partage à présent la quasi-totalité des entreprises : petits commerçants, grosses enseignes et industriels.

Un service en plein boom

Dans de nombreux secteurs, les entreprises ont été obligées de s’adapter à cette nouvelle façon d’acheter, phénomène devenu mode de vie généralisé. Certaines entreprises, quand elles ne sous-traitent pas ce service, doivent parfois se transformer en livreur, ce qui est pourtant un tout autre métier.

Qui dit livraison à domicile en plein essor, dit optimisation incontournable des processus pour gagner en efficacité. Du clic de la commande jusqu’à la porte du client, de la gestion des stock jusqu’à la distribution qui s’accompagne de collaborations avec de nouveaux profils de transporteurs, nous assistons à la réorganisation intégrale d’un système logistique qui n’est plus adapté.

La structure de la supply chain doit ainsi être repensée en permanence. « L'offre actuelle qui dérive de La Poste et des transporteurs B to B n'est plus adéquate », déclarait déjà en 2015 Jérôme Libeskind dans le JDN, expert en logistique urbaine et consultant chez Logicités.

Ce phénomène place les prestataires de transport devant des équations complexes : être performants, rapides, rentables… Inscrite dans cette chaîne de la livraison, des entreprises se créent, prenant au passage des commissions importantes. Des réseaux de chauffeurs comme UberEats voient le jour, s’appuyant sur des livreurs intérimaires.

Le désir d’instantanéité

Les consommateurs du nouveau millénaire ont pris le pli de l’immédiateté et veulent être livrés dans l’instant, et si possible gratuitement. L’enjeu est de minimiser les coûts et de réduire les délais. Quand les prix du marché se ressemblent, une livraison personnalisée permet de se démarquer. Cette personnalisation du service devient aussi importante que le prix ou la qualité d’un produit et les options se multiplient.

Ce désir d’immédiateté pousse les entreprises à trouver des smart solutions pour livrer en mode express. A titre d’exemple, Amazon livre désormais en une heure à ses clients premium et pour 5,90 euros, 18 000 produits disponibles. La Fnac vient de son côté de lancer dans quelques villes le « deux heures top chrono » tandis que Carrefour va très bientôt inclure dans ses services la livraison dans l’heure.

La vente en ligne fait aussi évoluer la gestion des volumes. Il faut en effet être capable de produire et livrer à l’unité, et non plus en grosse quantité. C’est l’un des aspects que j’essaie personnellement de développer au sein de Nefab. Le e commerce « s’est traduit par une atomisation des flux qui sont de plus en plus réduits en volume et de plus en plus fréquents », précisait en juin 2017 l’expert en logistique Jérôme Libeskind dans le magazine Capital.

Il existe deux types de livraison à domicile. Celle dont l’horaire est inconnu et où le client est absent dans la moitié des cas. Cette livraison qu’il faudra répéter implique des coûts supplémentaires. La livraison où un créneau est déterminé à l’avance s’avère plus efficace.

Les drones sont en train de venir à la rescousse de ce timing serré pour adapter la livraison à la disponibilité du destinataire. « Depuis trois ans, les géants de la distribution, Amazon ou Walmart, les poids-lourds de la logistique, comme DHL et UPS, ainsi que nombre de services publics postaux, travaillent à la mise au point de systèmes de livraison par drone auprès des particuliers » développe un article du Monde.

Des constructeurs automobiles comme Mercedes réfléchissent de leur côté à des modes de livraison qui puissent combiner véhicules et robots livreurs.

Le fameux dernier kilomètre

Tous ces nouveaux modes de consommation ont un impact sur nos vies urbaines. La course qui se jouait avant sur les fleuves et sur les rails s'est déplacée sur nos routes. L’afflux de camionnettes destinées à livrer génère une densification de la circulation dans nos villes et une congestion du trafic.

Si le flux augmente, la pollution aussi. Les livraisons à domicile représenteraient 25% du CO2 émis et la moitié des particules liées au transport. A Lyon, la ville où je réside, les réglementations sont encore trop multiples et hétérogènes selon les véhicules.

C’est ici que la question du dernier kilomètre surgit et vient complexifier le casse-tête. Ce fameux dernier kilomètre est aujourd’hui un enjeu au coeur du e-commerce. Selon Capital, il « pèse pour près de 20% du coût total de la chaîne de valeur du transport de marchandises ». GPS et algorithmes fonctionnent alors à plein pot pour tenter de simplifier ce cauchemar logistique.

L’usage des vélos et des triporteurs, conduits par des livreurs auto-entrepreneurs, s’est multiplié pour affronter cette borne ultime. Outre Deliverro pour l’alimentaire, à présent implanté dans 40 villes françaises, des start-up se développent sur ce créneau. C’est le cas de Stuart qui offre un coursier en moins de dix minutes sur Paris, sept jours sur sept. Cette plateforme web technologique fait le lien entre les commerçants et des coursiers indépendants géolocalisés, équipés de vélos ou de véhicules non polluants.

Afin de pouvoir optimiser ce dernier kilomètre, il me semble que la digitalisation de la chaine logistique doit aller encore plus loin, jusqu’à connecter le colis via son emballage.

Limiter l’impact sur l’environnement

Enfin se pose la question du point géographique de la livraison : au domicile du client ou à l’extérieur ? Vu le coût du dernier kilomètre, la multiplication des chauffeurs sur le bitume et l’impact sur l’environnement, la seconde option pourrait représenter une solution d’avenir même si l’habitude d’être servi chez soi est prise depuis longtemps. Des géants du web pourraient ainsi être amenés à collaborer avec des magasins de proximité.

Le point relais pour retirer un produit permet des frais de livraison plus bas. Selon Jérôme Libeskind, « les relais colis sont une très bonne solution pour être plus flexible : les destinataire les retirent rapidement et le turn-over est optimal. »

Autre piste, la consigne de retrait automatique, disponible 24h sur 24, dans les gares ou les centres commerciaux, avec réception du code par SMS. Un concept qui serait en train de se répandre. La livraison au travail est également une option qui se développe.

A domicile, au travail, en point relais ou en consigne, les solutions sont diverses et ce sont les plus durables qu’il faudrait développer. Je trouve cette problématique passionnante, car elle mêle l’influence de l’intelligence artificielle et des nouvelles technologies à des pistes bien plus classiques. Cette problématique est aussi en train de gagner le BtoB

Un autre des véritables enjeux est à mon sens la limitation de l’impact de ce shopping en ligne sur notre environnement. Il faudra en effet apprendre à réduire les déchets produits par tous les emballages qui contiennent les produits livrés, partout et en permanence.

En tant que fabricant d’emballages, j’aime à rappeler que le meilleur emballage est l’absence d’emballage. Et que l’emballage réutilisable et connecté est une piste intéressante que nous promouvons chez Nefab.

Peut-être pouvons nous partager nos pistes et perspectives pour trouver ensemble des solutions concrètes et des alternatives durables ?

Benoit Détharé

Benoit Détharé

Directeur général Nefab Packaging France | Nous économisons les ressources (économiques et environnementales) dans les supply chains de nos clients, pour un meilleur futur.

6 ans

Merci Maxime.

Maxime O.

Senior Retail Media Account Manager Marketpace @Manomano

6 ans

Article très intéressant et pertinent. Merci de partager votre vision.

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