Le syndrome de l’imposteur ?
Qu’est-ce qui pousse quelqu’un à plus de 40 ans, proche de la cinquantaine qui plus est, à reprendre ses études ?
Un bouleversement majeur dans sa vie personnelle ou professionnelle ? Rien de tout cela, mais la volonté peut être de valider « officiellement » des acquis, d’avoir une reconnaissance de ses pères, de se prouver qu’on peut le faire, d’avoir un morceau de papier qui lui dit, non tu n’es pas un escroc, tu n’es pas un imposteur, tu es qualifié pour ce que tu fais !
Cette impression d’imposture a commencé dès mes études d’architectures. J’ai eu un parcours classique jusqu’au lycée, et je m’orientais plutôt sur une école d’ingénieur. Mais j’ai rencontré mes limites par rapport aux maths et à la physique à partir de la terminale. Mon prof de maths m’avait par ailleurs confirmé que je ne pourrai pas faire une grande école d’ingé et que je devrai me contenter d’une petite école.
A ce moment-là, mon frère était en cinquième année d’architecture, et moi gribouillant pas trop mal depuis pas mal d’années j’ai tenté ma chance. J'ai envoyé un dossier de dessins à l'école d'archi de Lyon, et j'ai été pris.
J’ai traversé ces études avec beaucoup de joies, épaulé pour mes premières années par mon frère qui m’a donné les codes et les méthodes qui m’ont fait gagner énormément de temps par rapport aux autres. J’ai pu enchaîner les parties de babyfoot et les bons projets tout au long de mon parcours mais en ayant au fond de ma cervelle cette petite phrase : tu triches ! Parce que mon frère et ses potes m’avaient filé les codes ? Peut-être… C’est con dit comme ça non ? J’ai passé mon diplôme en duo, avec un ami, car on avait des idées de projets communes, parce qu’on était complémentaire, mais aussi parce que je doutais de moi, de mes capacités à sortir seul un TPFE de bonne qualité.
J’ai travaillé 20 ans en agence, essentiellement sur les faisas, les concours, les esquisses. J’ai gagné une quarantaine de concours, seul ou en équipe, et pourtant ce sentiment est resté. Avec une autre question qui se glisse en plus au milieu de ces interrogations : est-ce vraiment le métier que je veux faire ? Que j’ai voulu faire ? Que je veux continuer à faire ?
Et le BIM est passé par là. Fin de la trentaine, je me suis dit qu’il ne fallait pas que je passe à côté. Je revenais à des logiciels de modélisation 3D, moi qui avait commencé à modéliser sur 3DS. Et c’était nouveau. Ça l’est toujours un peu d’ailleurs. Mais là encore, ce sentiment d’imposture persistait. Pas pour les mêmes raisons. Quand vous débarquez dans un secteur nouveau et que vous vous présentez comme connaisseur (pour ne pas dire spécialiste ou expert), en plus du regard circonspect par rapport à ce truc nouveau, qu’est-ce qui vous légitime dans ce rôle ? Quelques années d’expériences ne suffisent pas, et certains vous le font bien comprendre.
J’ai alors décidé d’assoir cette « expertise » par un diplôme. Enfin non, par deux diplômes !!! Le premier en 2019, un Diplôme Universitaire, et le second récemment, un Mastère Spécialisé, tous les deux centrés sur le BIM.
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Est-ce que j’ai gagné en légitimité ? Oui clairement ! L’expérience augmentant, le discours se faisant plus simple, plus clair, plus pragmatique et plus pertinent, je suis enfin, je pense, la représentation de mon poste, de mon rôle au sein du CHU.
Est-ce que ce sentiment d’imposture perdure ? De moins en moins, car j’ai appris à vivre avec, car je suis plus sûr de moi, car je sais aussi de quoi je parle.
Des doutes j’en aurai toujours, mais c’est ce qui me pousse à avancer, à toujours apprendre, à toujours confronter mes idées, à discuter avec les autres bimeurs et bimeuses et expliquer à ceux qui ne connaissent pas ce qu'est ce monde dingo du BIM.
Merci à ceux qui m'auront lu ;)
PS : Ces dernières années on parle beaucoup du syndrome de l’imposteur, je suis donc allé regarder la définition sur le net, et en réalité, je crois qu’il y a peu de personne atteint de tous les symptômes, car ils sont vraiment très durs et handicapants. Et bien évidemment, je ne suis pas atteint de ce syndrome de l’imposteur, mais j'ai peut être juste un poil de manque de confiance en moi ^^
Titulaire du diplôme d’architecte / HMONP en recherche de nouvelles opportunités architecte chef de projet senior
8 moisNous avons un parcours assez similaire. Neanmoins je suis toujours rester connecté aux outils 3D, je défends toujours l’idée que l’usage du BIM et un enjeu majeur dans le développement de nos activités. J’espère un jour retrouver un job me permettant de mettre en action ce concept
Dessinateur-projeteur MEP, 3D / Thermicien, Technicien d'études spécialiste fluides, Econome et Logique / BIM / Artiste technique / Rénovateur, expert Technique Immobilier / Accompagnateur de projets
8 moisPas besoin d'avoir 40 ans, ou d'avoir fait sa crise, ça peut même arriver avant !
Président Fondateur - CEO - Ambassadeur BuildingSmart
8 moisJ'ai les mêmes employés que toi Stéphane Limoge , mais on est d'accord, si tu as eu tes 2 diplômes au final, c'est que tu étais déjà légitime... c'est l'education française qui nous pousse parfois à croire que non... (rien à voir avec l'esprit norvégien quand j'y étais) A mon époque de démarrage du bim, pas de cours... et pourtant je forme à ça... et pourtant mes salariés doutent encore sur leur légitimité quand je leur montre leur capacité par A + B. Donc bravo à tous ceux qui passent ce cap ! 😀
Architecte senior principal, directeur BIM & Innovation
8 moisAvec le temps, j'ai appris que le doute, quand il est bien dosé, est une force qui permet de prendre du recul et de faire des choix plus éclairés. Un peu de doute est sain car une confiance excessive mène souvent à de mauvaises décisions.