Le système LMD  entre exigences internationales et réalités africaines

Le système LMD entre exigences internationales et réalités africaines

L’année académique à la Faculté des lettres, arts et sciences humaines de l’Université d’Abomey Calavi (Flash/UAC) est invalidée avec à la clef, l’exclusion de plus d’une vingtaine de responsables syndicaux étudiants. Cette situation traduit de réelles difficultés dans la mise en œuvre du système LMD face aux exigences internationales et eu égard aux réalités des universités africaines, notamment celles de l’espace occidental francophone.

Le Conseil pédagogique de la Flash et le Rectorat de l’Uac ont donc décidé d’invalider l’année académique 2015 – 2016. Cette décision a été prise à contre cœur, à en croire Flavien Gbéto, Doyen de la Flash qui s’est confié à notre confrère Fraternité : « Nous avons demandé aux étudiants de lever leur motion et de reprendre le chemin des évaluations. Jusqu’à présent, ils n’ont pas voulu démordre. Nous avons écrit un moratoire à chaque organisation et leur avons dit que si on dépasse une certaine période, nous ne pourrions plus sauver l’année…...
Décision diversement appréciée  
Pour Antoine Vianou, Ancien vice-recteur de l’Uac (2006-2011), répondant aux préoccupations de notre confrère Fraternité,  « Si l’on faisait le LMD, il n’y aurait jamais d’années invalidées. Ce qui se passe est prévisible. Depuis 2010, j’avais indiqué qu’en raison de la massification, il faut trouver une autre façon pour évaluer, en l’occurrence à la Flash. Il faut recouvrir aux moyens modernes dont des examens sous forme de questions à choix multiples. Aussi, le problème vient-il du fait qu’on n’a pas une bonne connaissance du LMD. Ce système suppose la semestrialisation. On peut ne pas avoir obtenu tous les crédits attachés aux enseignements d’un semestre et réussir l’année. Donc une année ne peut être invalidée. Si l’on faisait le LMD, il n’y aurait jamais d’années invalidées. Il peut avoir des offres de formation qui ne vont pas être effectuées et pour lesquelles on peut faire des rattrapages. Ce n’est pas un problème des enseignants. C’est parce qu’il y a une massification qui fait que malgré leur bonne volonté, ils ne peuvent pas corriger les feuilles. Ce n’est pas non plus un problème des étudiants. Tant qu’on ne trouvera pas une autre technique d’évaluation, on ne pourra pas s’en sortir. Il ne s’agit pas de dire que l’année n’est plus invalidée. Le Recteur a pris la décision en fonction des éléments dont il dispose. On ne peut y échapper. Mais pour le futur, il faudrait maintenant que les gens soient préparés à mettre en route cette forme d’évaluation, de sorte à ce que ça ne soit pas des hommes qui corrigent mais des machines. Le Chef de l’Etat quant à lui, peut apporter des ressources nécessaires. Peut-être qu’il peut faire encore des miracles. Nous en seront heureux. »  
          Fulgence Afouda, secrétaire général du Syndicat autonome de la recherche et de l’enseignement supérieur (Synares) dit, dans une déclaration, toute sa désapprobation de la décision et l’indignation de son organisation pour le caractère secret que tentent de donner les autorités décanales et rectorales aux problèmes posés. Il invite à la relecture du Règlement pédagogique de la Flash afin de l’adapter au nouveau système tout en prenant en compte les spécificités de l’établissement à gros effectifs.
         La centrale des syndicats des travailleurs du Bénin (CSTB) au terme de son forum sur l’état du secteur de l’éducation au Bénin, demande l’arrêt pur et simple du système LMD, jusqu’à ce que les conditions de sa mise en œuvre soient réunies.
 La mise en oeuvre ouest africaine du LMD 
Il ressort donc que la crise à l’Uac est née de la mise en œuvre du système LMD comme dans plusieurs autres pays en Afrique de l’ouest à l’instar du Burkina Faso, de la Côte d’ivoire, du Niger, etc. Alors, pourquoi et comment cette réforme est-elle conduite dans la sous-région ? Un double questionnement sur lequel le Dr Eliethe P. Éyébiyi de l'Université d'Abomey-Calavi (Benin), Socio anthropologue, chercheur au CRESA Bénin, a publié un article édifiant sous le titre « L’alignement de l’enseignement supérieur ouest-africain »[1].

Pour lui, le processus de Bologne adopté en 1998, vise à construire un espace européen commun d’enseignement supérieur à l’échéance 2010, et à favoriser la mobilité des enseignants et des étudiants. Cependant, chaque système universitaire avait la latitude de définir ses propres modalités d’intégration. Le postulat était de faire converger tous les systèmes dans le cadre d’un marché de l’enseignement supérieur unifié. ……

                                                       EDUFORM AFRIQUE  Magazine N°24
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