Responsable, mais pas Coupable
EDUFORM AFRIQUE Magazine, spécial 50ans du CAMES

Responsable, mais pas Coupable

Fondé pour développer la solidarité intellectuelle africaine et coordonner l’harmonisation des politiques d’enseignement supérieur et de recherche de ses États membres, le Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur (CAMES) est une Institution régionale et intergouvernementale regroupant dix-neuf (19) pays et un vaste réseau de 104 universités et centres de recherche, répartis entre l’Afrique Centrale, l’Afrique de l’Ouest, la Région des Grands Lacs et de l’Océan Indien.

Il est l’expression de la volonté manifeste des pères fondateurs, de s’affranchir des puissances coloniales, doublée de la vision d’une africanisation de l’université africaine.     

Triomphateur de toutes les velléités d’étouffement sur son parcours, le CAMES fait aujourd’hui l’unanimité dans le concert des institutions régionales et internationales, comme un système unifié d’encadrement, de valorisation et d’évaluation des universitaires ressortissants de ses Etats-membres : modèle unique au monde d’intégration régionale.

Aussi, le CAMES est-il  objet de récriminations, de critiques acerbes voire violentes de la part des politiques mais surtout des universitaires qui, entre autre, portent des réserves contre ses critères et procédures d’évaluation.

S’il y a des raisons objectives comme, la question du mode de  désignation des membres du CTS en raison de l’inamovibilité de certains membres qui y officient durant de longues années, les interrogations à propos de la qualité des signataires des notes confidentielles pour les responsables pédagogiques et de recherches sur la LAFPT et les interrogations à propos du choix des présidents des jurys des concours d’agrégation par le Secrétaire général et le Président du CCG, qui, ayant réussi à progressivement construire, dans le champ académique « camésien », un imaginaire autour de figures tutélaires nichées dans les CTS et promptes à faire et à défaire les carrières sur la base de critères subjectifs, en rupture avec l’objectivité scientifique, justifient cette suspicion, il y en a en revanche qui, dans leurs griefs contre l’institution,  font notoirement preuve de sa méconnaissance, et vont jusqu’à prôner, sans aucune raison gardée, sa disparition.  

Au risque donc de nous inscrire dans le même registre que cette race d’intellectuels, reconnaissons qu’il a des faits avérés connus de tous sur lesquels, le CAMES, portant sa part de responsabilité, travaille activement. C’est d’ailleurs ce qui justifie l’initiative du « Code d’éthique et de déontologie » adopté en 2002, qui sanctionne sévèrement les comportements déviants dont se rendraient coupables ses membres.

Au CAMES, les principes et le règlement des évaluations sont établis et connus au point où, bien appliqués ne doivent  faire l’objet de critique, sous réserve qu’aucune œuvre humaine n’est parfaite. Malheureusement, l’institution ne peut que s’appuyer sur des hommes qu’il pense crédibles et dignes de confiance pour rendre le service. Et c’est là où le bât blesse.

A ce propos, c’est Topanou Prudent Victor K. Kouassivi, Maître de conférences de Science politique de l’Université d’Abomey-Calavi qui exprime le mieux notre pensée, dans sa récente publication, sous le titre « L’intellectuel Camésien et l’éthique ». Je cite : Les réflexions sur la notion « d’intellectuel » sont très anciennes. Pour le Professeur Nouréini Tidjani-Serpos, du point de vue substantif, l’intellectuel est caractérisé par « un sens de l’engagement sociopolitique explicite », une « distanciation et un fossé d’où naissent les paroles nouvelles porteuses de déviance, de rébellion, de subversion, de marginalité et de remise en cause ». Dans l’espace africain francophone incarné par le Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur (CAMES), cette responsabilité de l’intellectuel est encore plus grande, voire même plus noble. Non seulement parce qu’ici plus qu’ailleurs, l’intellectuel est assimilé à l’universitaire et au diplômé d’Université mais aussi parce qu’il s’agit de pays pauvres et sous-développés dont le devenir repose pour l’essentiel sur ses cadres diplômés. C’est pourquoi l’éthique de l’intellectuel Camesien doit préoccuper au premier chef les autorités du CAMES. Plus qu’ailleurs, les universitaires se doivent d’avoir une bonne tenue et un comportement exemplaire empreint d’éthique qui pourrait se résumer en une phrase : l’intellectuel Camesien ne doit pas être un tricheur, il ne doit pas être un fraudeur, fin de citation, et à moi d’ajouter, doit éviter de compromettre par quelque manière que ce soit, la notoriété de l’institution. Ce qui n’est pas forcément le cas. Il n’est d’ailleurs pas rare que des membres, profitent de leur position pour se livrer à des actes de faveurs pour les uns et de répression pour les autres. Ce sont eux les coupables qui trahissent sans scrupule la confiance des responsables  du CAMES et entachent l’honorabilité de l’institution.

 Comme toute organisation, le CAMES est victime de ce que certains de ses membres en font et de l’image qu’ils veulent bien donner de lui dans l’opinion. Vivement que le code de l’éthique leur soit appliqué dans toute sa rigueur pour mettre hors du système une bonne fois pour toute, ces pyromanes qui jouent aux sapeurs-pompiers et ce, afin que soit protégé, le label CAMES.

Bernadin AGBOKPE

EDUFORM AFRIQUE Magazine N°32 n spécial 50 ans du CAMES

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