Le téléphone ne sonnait toujours pas !

Le téléphone ne sonnait toujours pas !

Il arrive que nous nous rappelions des moments précis de notre vie. Une bribe, un éclair remonte à la surface lorsque vous en discutez avec votre famille, vos amis ou vos collègues de bureau. Je ne sais pas vous l'expliquer mais je me souviens de presque tout. Ne pensez pas chers lecteurs que je manque d'humilité. Dès qu'une image, un son, voire un mot, jaillit de mon cerveau et bien toute une histoire se met en forme. Que mes aventures se soient déroulées, il y a un an, dix ans, trente ans et même cinquante ans "dansent" dans ma forte tête.

C'est impressionnant, non ?

Puis, j'ai tout à coup un désir de l'écrire afin que vous puissiez, chers lecteurs, la lire à votre tour. Comme vous frétillez d'impatience et je vous comprends bien, alors suivez-moi.

Il y a une quarantaine d'années, ma mère avait décidé de faire son entrée dans le bottin téléphonique comme nos voisins. A l'époque, c'était vraiment quelque chose de repérer son nom, son prénom, son adresse et son numéro au sein de ce "dictionnaire" du téléphone. Pour chaque département français, il existait ce fichier récapitulatif des personnes possédant une ligne téléphonique dans chaque commune. Par contre, pour mériter cette entrée dans le "Who's Who" des personnes anonymes, il fallait faire sa demande aux P.T.T. (Poste Télégraphes et Téléphones).

Je vous vois déjà réagir à l’annonce de l'acronyme P.T.T., le Petit Travail Tranquille. 

Ah ah, nos chers fonctionnaires que nous sommes toujours en train de critiquer et pourtant ils nous sont "parfois" utiles.

Je m'en souviens un mardi, ma mère avait reçu le courrier tant attendu. Enfin notre demande d'installation d'une ligne téléphonique avait été acceptée par le fournisseur d'accès soit les PTT. À la maison, c'était la fête au village, mes sœurs et moi-même étions fiers de recevoir ce nouvel objet en bakélite. 

Nous avions décidé de trouver un endroit, dans notre appartement, afin que cet appareil soit le mieux placé dans la pièce principale. Des négociations longues et rudes avaient été nécessaires car chaque participant avait ses arguments pour positionner l'appareil téléphonique dans l'un des quatre coins de la pièce. Nous fûmes déçus de constater que le technicien des PTT ne nous avait même pas demandé l'endroit précis où nous souhaitions l'installer.

Je m'en souviens (vous voyez, je vous l'avais dit), il s'était dirigé directement au seul endroit possible, nous avions omis que cet appareil devait être branché à une source électrique.

Une fois les tests effectués par le technicien et le bon de travail dûment émargé par ma mère, nous nous installâmes les quatre enfants autour de ce nouvel appareil de couleur gris à cadran rotatif. Nous ne pouvions pas le lâcher des yeux comme s’il risquait de disparaître. Nous attendions la première sonnerie, prêts à nous jeter sur l'appareil, comme la pauvreté sur le monde.

Le téléphone ne sonnait pas !

Nous avions vécu durant ces années la révolution du téléphone avec ses progrès technologiques. A l'identique de ces personnes qui avaient connu la calèche puis le TGV et le Concorde (Cf "Le dinosaure de l'an 2000).

Autrefois, le téléphone était considéré comme un bien rare alors qu'aujourd'hui il est devenu indispensable et utilisé à outrance.

Pour revenir à notre histoire, cela faisait trois jours que nous étions, les quatre enfants, autour du bigophone à l'entendre sonné. Pour ne pas faire de jaloux, nous avions même établi un ordre précis de passage afin d'avoir la chance décrocher le combiné. La tension était à son paroxysme dans l'appartement. J'avais obtenu la dernière place car mes trois sœurs s'étaient "débrouillées" pour me faire payer mon statut spécifique d'unique garçon de la famille. 

Ce n'était pas un drame d'être à cette place car l'Évangile disait que les derniers seront les premiers.

Je ne vous cache pas que je n'avais rien compris à ce verset biblique car lorsque l'on est dernier et bien, on n’est pas premier. 

Mais, le téléphone ne sonnait pas !

C'était long d'attendre cet appel providentiel, même si nous étions tous les quatre hyper-motivés à remplir cette mission. Avec le recul, on se serait cru un instant au centre de lancement d'une navette spatiale à Kourou. Vous savez lorsque les ingénieurs font le décompte, juste avant d'exploser de joie une fois que la fusée est mise en orbite. 

Mais le téléphone ne sonnait toujours pas !

Au sein de notre monde 3B où le Bien, le Bon et le Beau s'exprimaient à foison, une idée surgissait de mon cerveau. J'annonçai, à mes trois sœurs, le fruit de ma réflexion. Je leur disais en toute décontraction :

- A main levée lequel d’entre nous quatre a communiqué notre nouveau numéro de téléphone à ses connaissances ?

J'attendis au moins trente secondes et ce long silence se répandait dans la pièce mais surtout il répondait à ma question.

Personne !

Nous ne pouvions que constater qu'aucun d'entre nous avait eu la présence d'esprit de le faire savoir. Nous n'avions donc pas diffusé le précieux numéro de téléphone.

Comment pouvions-nous être appelés si notre numéro de téléphone n'était connu que de nous quatre et de notre mère ?

La seule question simple que je me pose actuellement, pourquoi notre mère ne s'était-elle pas rendue dans une cabine téléphonique pour nous permettre de décrocher enfin notre premier appel ?

Peut-être comme nous les quatre gosses, n'y avait-elle pas pensé tout simplement...

Vous souvenez-vous de la place prise par le téléphone bakélite au sein de votre foyer ?

Racontez-le moi !

Sihame TANANE

L’Humain et ses compétences au cœur de mes actions ✨

4 ans

Je me suis replongée, après cette lecture, dans ces situations où lorsque le téléphone sonnait et à chaque fois : ce fut « la surprise » de l’identité de l’interlocuteur 😂

Antoine Hirschauer

Supply chain Manager - ALM INTERNATIONAL

4 ans

Alain ZIMMERMANN, il est beau de téléphone, plaqué or ! L'histoire tient en haleine, ce qui est sur, c'est que maintenant, on ne va pas s'arracher les smartphones pour décrocher, l'info arrive d'ailleurs 😉 C'est vrai qu'attendre un coup de téléphone quand on est gamin, ça crée du suspens et de l'émotion.. Ca me rappelle un jour, ou j'ai reçu un appel d'un copain qui me disait que j'avais loupé mon bac à 6 points, il était devant le tableau d'affichage. Là j'avoue que j'aurais préféré ne pas entendre l'appel, mais la curiosité aidant.. 

Dominique Denis

Assistante ADV - 5 Ans exp

4 ans

Que de souvenirs ...effectivement considéré comme un "luxe" !

Vick LIEPA

Chargé de mission et d'ingénierie dans la formation continue

4 ans

J'ai une petite histoire familiale qui remonte, il y a bien longtemps. Il s'agit de grande tante Vian. Cette brave vieille personne déjà bien âgée à l'époque servait de gouvernante aux deux enfants et s'occuper à faire quelques tâches ménagères dans la villa de mes aieux qui furent parmi les premiers à obtenir le téléphone. La légende dit qu'une foule avait l'habitude de venir proche de la maison pour entendre le téléphone sonné sans savoir qu'à l'intérieur la pauvre dame vivait l'enfer de cette nouvelle invention et ne pouvait s'empêcher à chaque fois, qu'elle voyait l'appareil de s'ecrier << Invention diabolique❗😡 >> 😂😂

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