L'avènement de l’entreprise responsable ?
Truisme, utopie, incantation ? Création de valeur partagée, integrated thinking et économie positive partagent le même constat ; notre modèle économique, concentré sur la maximisation du profit, a trop longtemps prospéré aux dépens de l’environnement naturel et humain. La ratification des accords de Paris sur le changement climatique entérine la déclaration de l’état de l’urgence planétaire. Parallèlement, les Objectifs du Développement Durable balisent un nouvelle feuille de route pour les entreprises afin qu’elles concourent à la satisfaction des besoins de l’humanité, en créant tout à la fois de la valeur économique et la de valeur sociétale.
Ces derniers mois ont foisonné de nouvelles initiatives RESPONSABLES. L’ONU a montré le chemin avec les COP 21 et 22, et les ODD. Certains gouvernements ont renforcé leur dispositif législatif comme le Modern Slavery Act au Royaume-Uni ; en France, le projet de loi sur le devoir de vigilance des grandes entreprises en matière de respect des droits de l'homme et de l'environnement est en en passe d'achever son parcours parlementaire.
Du côté normatif, l’ISO 14001 version 2015 intègre désormais la performance environnementale et la prise en compte des parties prenantes quand la GRI a procédé en octobre dernier au lancement des GRI Standards pour un reporting extra-financier facilité et plus opérationnel.
Le nouveau classement du TOP 100 des P-DG les plus performants du monde, élaboré par la Harvard Business Review, qui en 2016 s’est fait sur la base du classement financier des entreprises qu’ils dirigent (80% de la note) et sur leur classement ESG (Sustainanalytics et CSR Hub) pour 20%.
On pourrait aussi signaler que pas moins de 38 marchés boursiers dans le monde intègrent désormais l’obligation pour les entreprises cotées de publier des informations sociales et environnementales. Dernière initiative en date, le 8 décembre, Europlace a présenté à Londres à l’occasion de l’événement annuel de l’International Integrated Reporting Council 7 recommandations sur la notion de création de valeur et les reporting associés.
Les entreprises ne sont pas en reste dans la prise d’initiatives responsables
Sur la thématique du changement climatique, en novembre 2015, 39 entreprises françaises s’engageaient pour le climat quand en novembre 2016, plus de 350 entreprises américaines faisaient part de leur inquiétude de voir Donald Trump rejeter l'accord de Paris sur le climat de décembre 2015. Les stratégies bas-carbone se mettent progressivement en place et obtenir un bon rating de la CDP devient un véritable enjeu pour nombre d’entreprises industrielles.
Les achats responsables ont le vent en poupe et génèrent, notamment dans le secteur BtoB, une prise de conscience vertueuse par les fournisseurs et prestataires de services évalués, de s’engager à leur tour dans des démarches responsables. Ainsi, de plus en plus d’entreprises formalisent leur stratégie RSE. Les rapports RSE deviennent pour elles, au-delà de la seule conformité réglementaire, le moyen de communiquer à leurs parties prenantes le contenu de leur démarche, leurs enjeux et leurs indicateurs clés de performance, leur plan d’actions et leurs indicateurs opérationnels.
En 2015, quelque 1000 grandes entreprises mondiales ont publié un rapport intégré quand une dizaine d’entreprise le faisaient en France, sachant que 2/3 des entreprises du CAC 40 devraient le tester en 2016 selon l’Observatoire de l’information extra-financière des entreprises du SBF 120 publié en novembre dernier par E&Y. Rappelons que le rapport intégré,porté par la démarche d'integrated thinking, expose la vision intégrée de la performance financière et extra-financière de l'entreprise.
L’analyse de matérialité, socle des référentiels de reporting GRI, SASB et IIRC avait jusqu’à présent été surtout utilisée comme seul outil de reporting RSE, afin d’apporter une couche de légitimité supplémentaire aux démarches RSE. Depuis peu, quelques entreprises engagées dans la voie création de valeur partagée utilisent désormais l’analyse de matérialité pour challenger la durabilité de leur modèle d’affaire en fonction des risques et opportunités émergents, ce qui induit l’implication du top management.
A l’heure de formuler des vœux pour la nouvelle année, que souhaiter d’autre que de plus en plus d’entreprises, à l’instar par exemple de Unilever, L’Oréal ou Solvay qui affichent clairement des objectifs ambitieux de réduction de leurs impacts environnementaux et sociaux négatifs voire s’engagent sur la démonstration d’impacts positifs, dépassent le cadre contraignant de la RSE pour en faire une source d’innovation et de croissance… responsable.
Responsable conformité RSE / risques et changement climatique
7 ansExcellente synthèse, les enjeux sont colossaux mais la dynamique est en route... avec ou sans Trump.
Directrice RSE (née en 324 ppm) ⚫⚪ Legallais Groupe Grand Comptoir : marques Legallais, DFC2, Bricozor, Protecthoms, Pieces express. Membre du C3D et du PMFR (Global Compact)
7 ansMerci pour cette belle synthèse qui permet de rappeler que les choses bougent, que les avancées sont nombreuses, pour une économie plus durable et responsable, et que de grands groupes ont compris la nécessité de s'inscrire dans cette dynamique qui se traduit par une transformation de leur business modèle. Espérons que pour 2017, cette trajectoire soit maintenue en laissant une place plus grande à l'intelligence collective beaucoup plus porteur que génie individuel.
Network activator for climate justice
7 ansBelle carte de vœux :)
Conseiller principal, ESG
8 ansQuelle magnifique synthèse M. Desmier !... Que conclure d'autre ?... que l'on attend pour 2017 une vive réaction des marchés, des cies pour atténuer l'effet Trump... qui s'annonce dévastateur au niveau des risques climatiques et pour l'environnement au sens large, sans compter les opportunités d'affaires que peuvent nous offrir certains domaines d'activités reliés aux technologies propres par exemple qui ont le potentiel pour contribuer à la transition énergétique. Donc si je me projette en 2017, je m'attend à une mobilisation des cies responsables à l'échelle planétaire, de la société civile également, (particulièrement) des investisseurs institutionnels qui peuvent "peser lourd dans la balance", des institutions et organismes internationaux, etc. Bref, nous aurons besoin d'une action (concertée, idéalement) entre ces acteurs. Est-ce que je rêve en couleur ?!... En cette fin d'année, on dira que je formule ce vœu.
Risk manager chez Covéa
8 ansla RSE commence à faire partie de l'ADN des entreprises et c'est plutôt bon signe !