Le XXème siècle, un siècle de ruptures

Le XXème siècle, un siècle de ruptures

Paul Feller décédé en 1979, fondateur du musée de l’outil et de la pensée ouvrière à Troyes, a consacré sa vie à l’apprentissage des métiers manuels. « Pour qu’il y ait transmission, affirmait-il, il est nécessaire qu’un échange profond, qu’une empathie s’opère entre le maître et l’apprenti. Un échange construit sur le respect réciproque, plus encore, dans la conscience de l’intérêt de l’autre. Il faut des valeurs à transmettre qui soient essentielles, au-delà de la vie. Faire un avec l’univers et les autres. »

Les années de guerre ont changé le cours de l’histoire. Dans la première moitié du XXème siècle, on a cherché à rationaliser l’’intelligence humaine. Des tests de QI ont été inventés prenant en compte la capacité de raisonnement et de logique, excluant de fait les capacités émotionnelles, relationnelles, intuitives, spécifiquement humaines.

Dans le même temps est né en 1948, l’ordinateur moderne inspiré de la machine à architecture de John Von Neumann. Depuis, on a eu de cesse de faire faire à la machine ce que l’Homme était capable de faire avec son cerveau. Les progrès ont dépassé toute espérance, à tel point que la perspective nouvelle en ce début de XXIème siècle vise à supplanter l’intelligence humaine par une intelligence artificielle supérieure.

L’Homme sous la dépendance de la machine… science-fiction ou histoire en devenir ?

Signe des temps, l’Education Nationale, Ecole de la République se focalise progessivement sur la transmission de savoir et laisse de côté la construction de l’Homme citoyen et responsable. Résultat, les Employeurs déplorent l’individualisme et le manque de savoir-être des nouvelles générations. A remarquer par ailleurs que l’on utilise les mêmes mots pour parler de l’Homme et de la machine, en inversant au passage les valeurs : en informatique, le hardware désigne la partie noble : la machine, le software, les programmes. Chez l’Homme, les capacité fondamentales résultant de l’intelligence humaine sont qualifiées de softskills (compétences douces, comme on parle de médecine douce), alors que les savoir et les savoir-faire s’élèvent au rang de hardskills. Dans cette culture de la pensée techniciste, déshumanisée, le savoir passe avant la capacité d’apprendre et de flexibilité. La mise en concurrence passe avant la capacité à coopérer. La critique passe avant la capacité de discernement et le BSP, le Bon Sens Paysan. Le contrôle passe avant la capacité d’autoévaluation et d’autorégulation. Le risque d’erreur passe avant la capacité d’initiative et l’envie de découvrir….

Cette évolution de la société contient en germe un paradoxe : le progrès technologique, Minotaure de l’ère nouvelle, réclame pour sa conception, de plus en plus de capacités intellectuelles accessibles à une élite de plus en plus pointue, et pour la consommation de ses produits par la masse conditionnée, de moins en moins de libre arbitre et de réflexion.

A quand le sursaut d’Humanité ?

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