L’économie de la connaissance

L’économie de la connaissance

Imaginez une économie dont la ressource est infinie ! où quand je vous donne qq chose, elle m’appartient encore ! où 1+1 font 3 ! où le chômeur possède plus de pouvoir d'achat que le salarié… Tout cela paraît pour le moins étrange !

La connaissance, comme la connerie, est infinie ! Cela change tout.

Si les ressources de la terre sont limitées, la connaissance, elle, est infinie. Donc une économie croissante indexée sur les ressources, même renouvelables, n'est pas durable, cela est mathématiquement impossible. Par contre, une économie croissante indexée sur la connaissance est bien durable.

Ajd le dollar est encore la monnaie de réserve mondiale. Si vous voulez acheter de l'or, du gaz naturel, du pétrole, des céréales, des légumes, des fruits ou de la viande… ajd vous devez les acheter en dollars.

Or dès 1977, entre 2 crises pétrolières, Jimmy Carter fait ce calcul : si nous indexons le dollar sur les ressources, dont le pétrole, son potentiel est limité… mais si nous indexons notre monnaie sur la connaissance, son potentiel est infini. En 1984 Steve Jobs affirme que le logiciel, c'est le nouveau baril de pétrole. Si Apple était un pays, l’entreprise serait plus riche qu’un grand nombre d’États ! Avec un chiffre d’affaires plus élevé que le PIB des Émirats arabes unis, basé lui sur les ressources, et l'homme le plus riche du monde n'est pas un pétromonarque mais un magnat du logiciel.

Alors oui l'économie de la connaissance nous y sommes déjà, quand la Corée du Sud, dont l'économie croit exponentiellement depuis les années 1950 sans quasiment aucune réserve de ressources naturelles, a expérimenté un Ministère de l'Economie de la Connaissance, ou quand Barack Obama courtise les meilleurs geeks de son pays comme Elon Musk et Taylor Wilson, et qu'il en nomme même Steven Chu et Ernest Moniz, Secrétaires à l'Énergie, un poste autrefois dévolu aux vieux briscards des hydrocarbures.

La connaissance mondiale double environ tous les 9 ans depuis les années 80, un chiffre hallucinant qui signifie qu'en moins d'une décennie, l'humanité produit plus de connaissances nouvelles que dans les 7 000 dernières années de son histoire… Nos modes de transmission de connaissance sont eux restés très archaïques malgré l'émergence du web. Or l'avenir économique mondial appartiendra indubitablement à ceux qui sauront faire circuler la connaissance à la fois bcp mieux et bcp plus vite. Car si la connaissance est le nouveau pétrole, le Knowledge Flow est le nouveau Cash Flow.

L'économie de la connaissance est une révolution. Elle est aussi différente de l'économie classique que l'était la physique quantique de la physique classique. Tout d'abord la connaissance a 2 propriétés sociales : elle est prolifique (elle double rapidement) et elle est collégiale (chacun en possède un petit morceau). Ensuite les échanges de connaissance obéissent à 3 règles profondément différentes de celles qui régissent les échanges de capital et de ressources naturelles.

Règle n°1 : Les échanges de connaissance sont à somme positive.

Si je vous donne 20$, ils ne sont plus à moi. C’est un échange à somme nulle. Mais si je vous donne de la connaissance, je la possède tjrs, je ne la perds pas. C’est un échange à somme positive. En vous donnant de la connaissance, je ne serai pas plus bête, alors qu'en donnant à chacun de vous 20$, je serai moins riche ! Ma seule limite dans le partage de ma connaissance, c’est le temps. La règle est même plus générale que ça : quand on partage un bien matériel, on le divise, et quand on partage un bien immatériel, on le multiplie, ça change tout !

Règle n°2 : Les échanges de connaissance ne sont pas instantanés.

Un échange de propriété, c’est instantané, 20$ ou 20 millions de dollars, c’est une signature sur un chèque qui prend le même temps. Alors que le partage de la connaissance n'est pas instantané, cela prendra du temps.

Règle n°3 : Les regroupement de connaissance ne sont pas linéaires.

Si vous prenez 20$ + 20$, vous aurez 40$, c'est linéaire. Mais savoir 2 choses en même temps c'est plus que savoir 2 choses séparément, pcq à chaque fois que vous associez 2 connaissances, vous en créez une 3ème, au pire triviale, au mieux, révolutionnaire. Regrouper du capital ne crée pas de capital, mais regrouper de la connaissance crée de nouvelles connaissances. Et c’est précisément pour cette raison que la connaissance explose.

Ces règles engendrent un monde grandiose et nouveau qui va profondément changer les rapports humains. En ce moment, nous réalisons une transaction de connaissance; vous me lisez, je vous donne de la connaissance, et vous me donnez 2 choses en échange : votre attention et votre temps. C'est votre monnaie d'échange ! Les échanges de connaissance sont proportionnels à l'attention multipliée par le temps, ce qui crée selon Beck & Davenport une économie de l'attention. Cela s'exprime par la formule secrète et miraculeuse : φ(𝐤) ∝ 𝐀𝐭

Vous vous demandez peut-être ce que veut dire cette formule ? Voici sa signification : La connaissance est proportionnelle à l’attention multipliée par le temps.

φ = La connaissance

(k) = Échange (par exemple entre un élève et un professeur, entre un livre et un lecteur…)

∝ = Proportionnelle

A = Attention

t = Temps

Càd qu’une personne, pour apprendre, a besoin de donner 2 choses : de l’attention (écouter, observer, lire, manipuler…) et du temps.

Ces 2 choses sont indispensables mais surtout indissociables !

Si vous cherchez à apprendre qq chose à qq un, cela va lui demander du temps, mais s’il n'est pas concentré (plutôt distrait), la connaissance qu’il gardera sera réduite, de manière proportionnelle à son attention.

Si son attention est maximale, mais qu’il n’a pas le temps pour absorber de la connaissance, cela ne lui servira à rien non plus.

En quoi cette formule a des conséquences magnifiques ?

Tout d'abord, en supposant un accès équitable à la connaissance (ce qui n'est pas encore le cas), cela signifie que n'importe qui sur terre naît avec du pouvoir d'achat dans l'économie de la connaissance. Tout le monde sur terre ne naît pas avec 1 000$ en poche (ce qui devrait pourtant être un droit de l'Homme), mais tout le monde naît avec de l'attention et du temps à dépenser. De plus, le chômeur, à accès égal, a plus d'attention et de temps à revendre, donc plus de pouvoir d'achat. L'économie de la connaissance possède une dimension intrinsèquement juste.

Vous constatez que l’obstacle, dans l’économie de la connaissance, n’est pas le pouvoir d’achat mais l’envie. Alors que dans l’économie des biens et des services, c’est l’argent qui détermine ce que l’on peut acheter. C’est la raison pour laquelle il faut absolument donner envie avant d’enseigner qq chose.

Alors dans quelles circonstances maximiserons-nous notre pouvoir d'achat dans l'économie de la connaissance ? Dans quelles circonstances donnons-nous toute notre attention et tout notre temps à qq un ? Quand nous sommes amoureux ! On n'apprend jamais aussi vite que quand on est amoureux d'une connaissance, et l'économie de la connaissance maximise donc la productivité et le pouvoir d'achat des amoureux sincères du savoir… On dit dans la Silicon Valley que le Knowledge Flow précède le Cash Flow, ce qui s’étend ajd au monde entier, tous secteurs confondus.

Parlons un peu de l’école, de l’attention et du temps. À l’école, la connaissance est obligatoire, or celle-ci a très peu évolué pour être capable de capter l’attention. Nous constatons ajd un monde de divertissement de plus en plus immersif et une école de plus en plus laborieuse en comparaison. Au XXe siècle, l’école était super attractive. Ce n’est plus le cas !

Imaginez que vous vous trouvez dans un hôtel 5 étoiles, devant un buffet exceptionnel à volonté. C’est le paradis ! Imaginez mnt que le maître d’hôtel vous intime l’ordre de tout manger en 1 heure ! Chaque assiette laissée pleine sera portée sur l’addition. C'est l'enfer ! Le buffet n’a pas changé, le contenu n’a pas changé, ce sont les règles du jeu qui ont changé. Transformer le travail en jeu est également une question de changement de règles. Vous pensez que cette histoire de buffet ne vous est évidemment pas arrivée ! eh bien vous vous trompez… vous avez connu ces circonstances plusieurs fois dans votre vie. A l’école, vous êtes noté sur ce que vous avez laissé. Si vous avez tout mangé, vous avez 20, ce que vous avez laissé a diminué vos notes. A l’école, vous disposez d’un magnifique buffet de connaissances mais on se moque de votre appétit. Ce qui évidemment dessert les enfants qui ont moins d’appétit. Ceux-ci ont immédiatement une crise de foie et sont dégoûtés pour longtemps.

Le modèle de l’école existe pcq il est industriel. Tous les pays qui se sont rapidement industrialisés ont un système éducatif violent. La France, le Japon, la Corée, la Chine… On y enseigne en vue du PIB, pour disposer d’une main d’œuvre formée. L’enseignement des humanistes était complètement opposé à ce modèle-là. Prenez par exemple Léonard de Vinci et François Ier qui était un véritable cancre. Comme il était roi de France, il devait absolument réussir, par n’importe quel moyen. Léonard de Vinci a tout fait pour donner envie à l’enfant avant de lui apprendre quoi que ce soit. A tel point que François Ier a créé le Collège de France en 1536. Cet enseignement a une force énorme, il est ergonomique, taillé sur mesure, basé sur le mentorat. En revanche, il est très cher et pas démocratique. Peu de personnes peuvent se l’offrir. C’est le contraire de l’enseignement industriel parfaitement démocratique, parfaitement pas ergonomique. L’enseignement du XXIe siècle réussi sera celui qui sera parvenu à fusionner les 2. Il existe des technologies qui savent très bien capter l’attention. Ce sont les jeux vidéo. Entre 2004 et 2014, l’humanité a accumulé 7 millions d’années en hommes/heures à jouer avec World of Warcraft (jeu de rôle en ligne massivement multi-joueurs)… Ajd, on ne connaît pas d’outil plus performant que les jeux vidéo pour transmettre de la connaissance.

On s’est même rendu compte, dans le cadre d’interventions chirurgicales par voie laparoscopique (forme de cœlioscopie), que les médecins qui jouent régulièrement aux jeux vidéo d‘action sont 35% plus performants que ceux qui n’y jouent pas !

On a fait trop longtemps un lien évident entre pénibilité et travail. Ce qui est faux. A tel point qu’on voit des représentants de l’éducation nationale s’inquiéter de voir les élèves s’amuser… Il y a du travail pénible certes, mais cela ne signifie pas que tout travail est pénible.

Abordons mnt la capacité d’apprentissage en situation amoureuse, càd partant du principe que votre attention est maximum puisque le sujet vous passionne :

– en 5 heures, vous entrez dans n'importe quelle connaissance : la pâtisserie, le ju-jitsu, la chromodynamique quantique ou le chinois, 5 heures maximum.

– en 50 heures, vous êtes autonome. Càd que si vous avez fait l'amour à la connaissance du chinois, 50 heures en cumulé, on peut vous lâcher en Chine, vous n'avez plus besoin de manuel pour apprendre. Il vous suffira d'écouter les gens et de regarder les panneaux et vous n'aurez plus besoin de manuel, donc vous êtes autonome à 50 heures.

– en 500 heures, vous pouvez enseigner. Par exemple, un brevet de pilote, c'est en dessous 500 heures.

– à 5 000 heures, vous pouvez avoir le prix Nobel. Il y a des prix Nobel de littérature qui ont passé moins de 5 000 heures cumulées à écrire leurs œuvres.

– Enfin à 50 000 heures, là c'est un vrai mariage. Ça fait 17 ans à 8 heures par jour, à 50 000 heures, vous avez trouvé l'amour de votre vie dans le monde de la connaissance et donc les prix Nobel, les notes, etc., ce n'est plus votre problème, vous êtes ce que les Japonais appellent des « trésors nationaux vivants ». Très peu de gens atteignent ce niveau, mais ça, c'est le sommet de l'économie de la connaissance. Vous êtes tombé amoureux d'un domaine, vous avez cumulé 17 ans de votre vie, vous y avez consacré 17 ans de votre vie et bcp plus qu’heureux, vous êtes devenu un trésor pour l'humanité.

Alors vous voyez, l'économie de la connaissance, c'est très simple en fait, et ça change complètement le monde et rappelez-vous que c'est la seule économie dont le pouvoir d'achat ne dépend que de VOUS, de votre attention et de votre temps.

Tous les pays devraient faire en sorte que leur population trouve le moyen d’identifier la connaissance sur laquelle elle a envie de passer 50 000 heures. C’est là qu’on crée le plus de valeur économique et de compétitivité. On ne peut pas être compétitif si on n’aime pas son job… Nous devrions en tenir sérieusement compte dans notre éducation et dans nos entreprises.

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