L'emploi sportif de quoi parle-t-on ?
Sport et Citoyenneté vient de produire un dossier spécial sur l’emploi dans le sport. Les acteurs prenant la plume montrent que le marché de l’emploi sportif évolue, se développe offrant de nouvelles perspectives économiques, d’insertion professionnelle, d’utilité sociale… On y parle de sport en entreprise, sport santé, sport loisirs mais aussi de potentialités et défis futurs de l’emploi dans le sport.
Sur ce sujet, on peut citer l’étude d’impact de JO de 2024 estime à entre 119.000 et 247.000 emplois, plus temporaires que pérennes (tourisme, organisation directe des JO). Ou encore, Benjamin Calier (responsable du Tremplin) montre que l’innovation digitale est déjà au service du sport. Il en va de même pour Alain Loret qui étudie notamment la transition sportive numérique comme nouvelle source d’emplois.
Néanmoins, l’usage d’un certain nombre d’expressions telles que « les métiers du sport » ou les métiers des « activités physiques et sportives » pourraient laisser penser que nous sommes devant un périmètre bien circonscrit et bien délimité.
Le sport comme secteur d’emplois et comme secteur économique à part entière est devenu une réalité, dont les contours, à l’instar de la définition du sport, mériterait d’être précisé. En d’autres termes, appréhender le marché du travail et de l’emploi sportif ne va pas de soi.
Au premier abord, ce dernier est segmenté en secteurs d’emploi associatif, privé non-marchand, privé et public. A cela se rajoutent, à côté des entreprises travaillant uniquement par et pour le sport, le service public, d'autres entreprises ayant partiellement un rapport avec le sport. A l’exemple, d’un pôle sponsoring sportif dans une entreprise bancaire. A cela s'ajoute des personnes avec une diversité de statuts en matière d’emploi (ponctuel, saisonnier, emploi non-salariés, notamment les indépendants.
Envisager le sport uniquement dans une dimension d’encadrement ou d’entraînement, revient à « exclure » un certain nombre de métiers à caractère sportif. On peut penser ici à des emplois dans le secteur médical, de l’évènementiel ou des médias, de commerce et de distribution, pourtant en lien direct avec le sport. Pour autant, ils sont considérés comme périphériques. On parle généralement ici d’emploi sportif indirect. Par conséquent, à l’inverse de la plupart des secteurs professionnels, le sport n’est pas un secteur exclusif et autonome.
Les conséquences en sont déterminantes. En effet, si plus de 150 métiers s’exercent au sein des seules entreprises de la convention collective nationale du sport (CCNS), il n’est jamais facile de les identifier en tant que « métiers du sport ». En effet, un médecin du sport relève-t-il des métiers du sport ? A l’inverse, le chauffeur de bus d’une équipe professionnelle de cyclisme est, pourtant, bien un salarié de la CCNS.
Au CAFEMAS, dirigé à par Jean-Louis Gouju, nous avions défini les bases pour cerner ce que l’on entend par « l’emploi sportif » pris dans sa globalité, sa diversité et ses enjeux.
C’est la raison pour laquelle il doit être construit, en tout ou partie, par d’autres branches professionnelles qui lui sont proches ou spécifiques.
--- Le premier périmètre regroupe l’ensemble des entreprises totalement dédiées au champ des activités physiques et sportives. Autrement dit, c’est l’ensemble des activités professionnelles d’organisation au sens large, c’est à dire dont l’objectif vise à concevoir, mettre en place, à développer les pratiques des APS et d’encadrement au sens de l’intervention directe auprès des pratiquants ainsi que la pratique sportive professionnelle.
On retrouve ici dans ce périmètre la CCNS. Cette jeune convention collective (étendue en 2006 !) a pour champ d’application les structures relevant de l’organisation, gestion et encadrement d’activités sportives ; de la gestion d’installations et d’équipements sportifs ; de l’enseignement, formation aux activités sportives et formation professionnelle aux métiers du sport ; de la promotion et organisation de manifestations sportives. Néanmoins, antérieurement à la CCNS, existaient d’autres conventions telles que le golf ou les activités équestres qui perdurent encore. Nous observons également que depuis 1973, le football dispose de « la Charte du Football professionnel », qualifiée de « quasi-convention collective » par la Cour de Cassation pour ses joueurs professionnels et ses entraîneurs. Une autre convention collective spécifique régit les administratifs du football. De même, il existe également des accords collectifs dans le rugby et le basket-ball signés en amont de la convention collective ainsi que les indépendants.
-- Un second périmètre regroupe les structures employeuses qui ne sont pas spécifiquement du champ mais qui disposent de filières, services ou départements (une partie de la structure employeuse) qui en font partie.
-- enfin, un troisième périmètre regroupe les secteurs d’activité dans lequel on retrouve de l’emploi sportif dans des structures non dédiées dans d’autres activités professionnelles comme le tourisme et l’hôtellerie-restauration, le commerce et distribution, le transport et la logistique, la Fonction Publique Hospitalière, etc.
BREF, les trois secteurs déterminent une vision plus large de l'emploi sportif.