L'entreprise libérée, un enjeu pour demain ?

L’entreprise libérée est une approche de management que j’ai lancé en 2014.  « Libérée », c’est un mot que j’ai mis sur un concept plus tard, car en 2014, je ne pouvais pas encore donner de nom à cette démarche. Mais cela convient très bien au Groupe Maisons de l’Avenir aujourd’hui.

Le principe est simple : dans l’entreprise libérée, la notion de chef est diluée. Il n’y a pas de chef par autorité. Le seul rythme mis dans les obligations du travail, c’est le rythme lié au client. Je ne demande pas, par exemple, au dessinateur de me rendre un plan de permis  à une date donnée. C’est à lui d’adapter son travail pour arriver à tenir les délais en tenant compte des contraintes autours. Cela responsabilise tous les collaborateurs. Je pense aussi que cela les oblige aussi à l’entraide et donc laisser développer en interne les personnes fédérant naturellement un groupe.

Les salariés force de proposition

Ils sont également devenus une vraie force de proposition. Nous avons mis en place plusieurs groupes de travail, sur le principe du « A chaque problème une solution ». Lorsqu’un axe d’amélioration est identifié, les salariés s’organisent entre eux pour monter les groupes. J’interviens juste pour valider la structure du groupe et leur donner une date pour le rendu de leur travail. Et je les laisse réfléchir. Dernièrement, un groupe a été créé pour réfléchir aux solutions de présentation des projets client. J’ai donné l’axe d’amélioration, en reprécisant les attentes du client, et je leur ai demandé ce qu’ils proposaient. L’investissement dans un nouveau logiciel et une formation ont ainsi été programmés pour la rentrée.

Nous avons plusieurs groupes de travail en permanence dont deux permanents : communication interne et qualité service client. Tous ces groupes sont précieux pour l’entreprise, et notre client. Et pour moi.

En effet, je n’ai pas de directeur technique ni de directeur de ventes. Cela signifie que je n’ai plus de filtre sur ces postes intermédiaires. J’ai toutes les remontées des salariés en direct car il est normal qu’un salarié qui a quelque chose à me dire, puisse venir le faire. Par contre une règle importante, quelqu’un qui apporte un problème doit proposer une solution, cela oblige les salariés à s’autonomiser.

Pas du temps de perdu

Au final je ne perds pas plus de temps. On pourrait croire que cela charge l’agenda, mais lorsque quelqu’un a une bonne idée, ça vaut toujours le coup de l’écouter et de travailler, ensemble, à sa réalisation.

Cette transition de management de l’entreprise va devenir essentielle.  Beaucoup de jeunes arrivent dans la société. Ils ne pourront pas vivre dans une entreprise qui ne fonctionne qu’avec des ordres. Ils veulent que leurs idées soient prises en compte, ou tout du moins écoutées. Dans le Groupe Maisons de l’Avenir, c’est déjà le cas.

Par expérience tous les salariés ne sont pas prêt à cela, c’est pour certains compliqué de se libérer, le cadre du poste délimité dans les tâches et sous couvert d’un chef est plus rassurant pour certains. Cela signifie que la seule décision du dirigeant ne suffit pas pour évoluer sur ce type de management. Je pense aussi que cela demande une connaissance très large des postes dans l’entreprise, c’est donc aussi un choix d’implication de celui ci sur ce sujet.

Enfin, cette façon se laisser aux salariés une façon de s’approprier les décision donne une valeur autre que le traditionnel capital en euros, le capital humain sera t’il un jour valorisé pour estimer une entreprise ? Je le pense. Cet enjeu de management est un sujet sensible pour assurer la pérennité d’une entreprise dans le temps.

Photo : les salariés du Groupe Maisons de l'Avenir et du Groupe Morel aux fêtes maritimes de Brest 2016.