L'entreprise sans chef a fait long feu ! Tribune de Pierre Cannet sur les Echos Executives
La transformation digitale a pu faire croire à un aplatissement de la hiérarchie, mais nombre d'entreprises reviennent à un modèle plus pyramidal. La fin du management n'est pas pour demain.
Grâce à un coup de baguette magique l'entreprise moderne est devenue agile, la transformation digitale a « disrupté » les fonctions traditionnelles, les DRH chantent en choeur les louanges de l'entreprise libérée à organigramme plat, sans chef et sans hiérarchie.
Fin du rêve, la réalité !
Oui, la transformation digitale en entreprise a profondément redistribué les cartes. De nouvelles fonctions (data, marketing on line, community management, data science, e-commerce, etc.) sont apparues et ont parfois annexé les métiers traditionnels, en particulier ceux du marketing et de la communication. Oui, de nombreuses entreprises, notamment des « pure players » du e-commerce comme Zalando, ont mis en place des organisations holocratiques, en supprimant les différents échelons hiérarchiques. Place à l'initiative individuelle et à la créativité de tous au service du collectif !
Pour autant, l'entreprise sans chef a fait long feu ! Beaucoup de sociétés sont revenues à un modèle plus pyramidal et ont remis de la hiérarchie au sein des organigrammes. Sans doute s'est-on quelque peu illusionné sur la portée de l'entreprise sans chef ! Le modèle de l'entreprise libérée, agile et digitale est directement issu de la culture start-up. Pour les groupes qui aspirent à développer l'esprit entrepreneurial, promouvoir l'entreprise sans ou avec moins de chefs, revient à imiter les facteurs de réussite des jeune pousse.
Plus de projets individuels
Soyons clair, si les start-up ont sans doute réduit le nombre d'échelons hiérarchiques, elles ne se sont pas - et loin s'en faut - débarrassé de leurs chefs ni de leur codir. Chacun à leur manière, Jacques Antoine Granjon chez Vente-Privée, Xavier Niel chez Free et Marc Simoncini chez Meetic puis Sensee sont de vrais capitaines d'entreprise, charismatiques et même souvent autoritaires. Chacun a su s'entourer d'un codir de fidèles collaborateurs.
In fine, que reste-t-il de l'illusion de l'entreprise holocratique ? Deux acquis. Le premier, l'esprit entrepreneurial à insuffler dans l'entreprise. Il s'agit de ce souffle « intrapreunarial » qui vient d'en bas et qui donne plus de place aux projets individuels dans l'entreprise . Le deuxième, la pyramide managériale avec moins d'échelons. L'échelle se raccourcissant, les managers intermédiaires ont du souci à se faire !
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7 ansMerci pour cet article Pierre Cannet qui donne l'occasion d'un échange sur l'évolution du management mais aussi sur la tentation d'ériger en vérité universelle ce que nous constatons dans notre environnement de travail proche. Votre vision des nouveaux modes de management est personnelle. Je la respecte et comprends que vous puissiez avoir des intérêts à défendre les modèles pyramidaux. Certaines entreprises font peut-être marche arrière (?) mais de nombreuses autres entreprennent des démarches pour faire progresser leurs modes de management. Il y a un point sur lequel je ne vous comprends pas : vous parlez d'entreprise "sans chef". Déjà le terme "chef" nous ramène pour le coup à mode de management plus qu'ancestral. Pourquoi l'utiliser plutôt que par exemple "dirigeant" ? Ensuite, dans les nouveaux modèles de management et de gouvernance partagée adaptés à l'entreprise moderne, aucun ne prône l'absence de chef. Je suis donc surpris par cette interprétation de votre part. Je vous rejoins enfin sur la nécessité d'insuffler un esprit entrepreneurial dans l'entreprise... moins sur votre conclusion "les managers ont du souci à se faire". Pourquoi se faire du souci ? Au plaisir d'échanger avec vous autour de votre article.
Co-fondateur HomeExchange - Tukazza Group - B Corp - Next40 #2020 - Administrateur Réseau Entreprendre Paris - Investisseur chez TFTP - Sociétaire Label Emmaüs
7 ansBonjour Pierre Cannet c'est assez bien expliqué dans les livres de Laloux et de Isaac Getz la tentation est grande de revenir au Chef. Pourtant si à très court terme cela semble plus facile, à moyen terme, cela reste plus efficace de laisser décider les personnes qui ont les infos. Le mythe du codir qui serait plus pertinent pour décider finira par tomber. Cela n’empêche pas d’avoir des gens avec plus d'expérience mais leur décision n’est pas acceptée parce qu'ils ou elles sont les chefs mais parce qu’ils sont compétents. Au plaisir de partager.
Une fois de plus il n’y a pas de méthode miracle à appliquer systématiquement et dans tous les cas... mais le fonctionnement hiérarchique et en silo dont sont fait la plus part des boîtes de ce pays mérite un vrai changement... et la démarche de « libération » est une vrai source d'inspiration vers un management plus moderne et plus efficace... et ça va durer ! Avec plaisir pour s’en parler ;-)