Les émotions dans les épreuves de la vie
Qu’est ce que les émotions nous font vivre lorsque l’on vit une épreuve et que l’on craint pour la vie d’un proche, comment la magie opère.
Parlons de ces émotions, et en particulier de la peur.
Je vous parle de cette peur extrême qui vient nous frapper de plein fouet lorsque la vie d’un proche tient à un fil.
Cette peur intense, dévorante, nous l’avons vécue en famille, hier matin, lorsque nous avons appris par téléphone, que notre fils et beau-fils ( je l’appellerais Theo pour garder la confidentialité) avait failli mourir et que son pronostic était engagé.
Lors d‘un examen qui pouvait sembler simple et sans risque, une fibroscopie bronchique sous anesthésie générale en vue d’une biopsie, il avait vomit et inhalé le contenu de son estomac encore présent 8h après son dernier repas autorisé.
Le médecin nous annonce une situation critique et précaire, Théo est resté 10 mn avec une saturation en oxygène à 50%, les aliments ou ce qu’il en restait après digestion par l’estomac, étant comparable à de l’acide, ont brulé ses bronches, le pronostic est engagé, mais le médecin nous dit qu’il lui a sauvé la vie en faisant une aspiration bronchique en urgence.
Il ne peut cependant pas se prononcer, Théo a été admis en réanimation, il est sédaté, (plongé dans un coma artificiel), intubé et ventilé.
Les émotions surgissent comme un volcan en éruption, un sentiment de colère après Théo, a t’il mangé malgré les consignes données par l’anesthésiste ? La colère permet de mettre un temps à distance la peur et l’angoisse de la mort.
Puis vient la gratitude envers le pneumologue qui a fait le bon geste au bon moment et à évité le pire, la mort brutale d’un jeune de 25 ans. Nous le remercions avec des mots remplis de larmes.
La tristesse et l’inquiétude arrivent ensuite suivies de près par l’angoisse des heures à venir qui seront décisives.
Mais l’amour, la compassion, l’empathie, sont aussi présentes venant réconforter le papa, envahi par la terreur de perdre son enfant. J’écoute sans juger, j’accueille les silences, je contiens mes larmes pour ne pas m’effondrer et rester présente et soutenante auprès de mon mari.
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Et puis le temps n’a plus la même densité, il s’étire et semble sans fin. Toutes les préoccupations quotidiennes, les rdv, les problèmes matériels sont relégués au second plan.
Alors, on trouve le temps pour faire une heure de trajet et se rendre au chevet du proche aimé, on trouve le temps pour rester auprès de lui, et relayer ceux qui ont trouvé aussi le temps de venir accompagner leur enfant, leur frère, leur petit fils.
Ce temps précieux c’est le temps de l’Amour, ou plus rien d’autre ne compte, le temps qui s’arrête, qui est en suspend, le temps qu’on trouve long, dans l’attente de nouvelles.
Au delà de tout ce que l’on vit dans la matière, il y a tout ce que l’on vit au travers des émotions.
Et puis il y a la magie qui opère, reliant des personnes qui ne se parlaient plus depuis sept ans, suite à un divorce, ou une brouille familiale.
La peur de perdre l’être aimé, devient le lien qui nous relie tous, au delà des egos, au delà des rancoeurs, heure après heure, la peur se transforme en empathie, on se dit bonjour, puis on s’embrasse, on se sourit, on communique, on partage nos ressentis, et on se dit « à demain, prenez soin de vous », ceux qui restent au chevet de Théo donnent des nouvelles aux autres, une grande chaine d’amour se construit.
Alors je me demande, faut il attendre un tel évènement pour se rapprocher, communiquer, se relier, partager ?
Prenons conscience que l’Amour est plus fort que la haine, que le mépris que la rancoeur. Il est à portée de coeur.
L’Amour transforme tout même la peur.
C’est un alchimiste.