Les équipementiers français de l’énergie dans le doute face à l’innovation
À l’heure où on ne sait plus s’il faut accélérer la mise en pratique des solutions préconisées par la transition énergétique, ou plutôt attendre pour donner les privilèges aux résultats de l’innovation, il serait judicieux d’avouer et d’accepter le doute comme facteur clés des grandes périodes de transition de l’histoire de l’énergie.
Qui peut imaginer aujourd’hui, se reproduire la fin tragique de Lucien Gaulard (1), le créateur du transformateur électrique, et un des pères de la distribution électrique moderne, avec l’anglais Gibbs. Le 1er février 1888, dix mois avant sa mort, il se pointa devant le Palais de l’Élysée, puis les bras en l’air, annonce au concierge de la Présidence de la République : "Je suis Dieu et je veux la paix universelle".
Lucien Gaulard a fini sa vie dans un asile parce que ses solutions n’avaient pas été comprises, ni rapidement adoptées. Pourtant qui peut nier le rôle joué par le transformateur électrique durant plus d'un siècle, dans la distribution et la consommation énergétique ?
Sans le transformateur électrique de Lucien Gaulard, la France n’aurait certainement jamais été une puissance économique. Mais si, aujourd’hui nous avons tant de mal à savoir qui a raison des pro-énergies renouvelables et ceux pour le nucléaire et le gaz de schiste, il est certain qu’il manque encore à cette transition énergétique française, la découverte d’un Lucien Gaulard adepte de la convergence énergie/numérique.
Les concepts à la mode, à l’exemple de "L’industrie 4.0" et les réglementations telles la RT2012 et ses 1 377 pages, ne sont pas nécessairement les solutions. Les premiers comme les deuxièmes oublient souvent que la question territoriale et souvent l’élément clé de la réussite d’une transition énergétique dans un pays.
Pour l’Hexagone, réconcilier à travers le prisme régional, croissance et environnement, serait à n’en plus douter la meilleure preuve d’un génie français de l’aménagement du territoire.
Ainsi, il est fâcheux de découvrir après plus de trois années de son entrée en application que la RT2012 ne prend pas en compte la diversité des territoires. Elle privilégie le gaz, alors que c’est une énergie consommée beaucoup plus dans les territoires urbains, qu’à la campagne.
La foire d’empoigne qui dure autour de la RT2012 s’amplifie d’autant que les labels qui la régissent se font attendre pour être publiés. Une preuve supplémentaire que cette réglementation n’a pas été construite avec la volonté de laisser à l’innovation la place qu’il faut en perspective du bien commun rechercher, la réconciliation entre croissance et environnement, le confort économique et la préservation climatique.
(1) L'Homme aux lacets défaits, Patrice Delbourg, aux éditions Le Cherche Midi
Président chez Toi-Sol "Toit et Soleil"🌞
9 ansJe suis bien placé pour accréditer votre réflexion. Sans être un Lucien Gaulard, j'essaye néanmoins d'apporter une solution nouvelle de captation solaire thermique (toi-sol.fr) et je rencontre les pires difficultés. Entre l'impossibilité de se faire assurer, la difficulté de trouver des partenaires industriels Une réglementation illisible est incompréhensible le scepticisme des investisseurs qui recherchent des solutions faciles et rapides. Innover en France est un parcours du combattant.