LES ÉTUDES SCIENTIFIQUES SERONT RÉELLEMENT UTILES À L’ENTRAINEUR QUAND ...
Souvent, trop souvent, la science est l’unique contenu de la formation initiale. Les multiples références scientifiques, citées dans autant de diaporamas, pour chaque champ disciplinaire, laissent croire à l’entraineur profane qu’il trouvera toujours les réponses à ses questions dans les études scientifiques.
Initié, confronté aux réalités de terrain, l’entraineur est souvent déçu. Les études scientifiques ne répondent jamais, ou presque, à ses interrogations de terrain, provoquant chez lui déception et parfois, hélas, un rejet de l’approche scientifique.
La formation initiale, jadis très pragmatique, trop même, ne l’est plus du tout aujourd’hui. La formation initiale est aujourd’hui très, trop même, scientifique.
Ces deux praticiens, l’entraineur et le scientifique alors ne se comprennent pas, et il me semble, de moins en moins. Le scientifique se « scientifise » s’enfermant dans sa tour et l’entraineur s’enfonce dans un empirisme dogmatique.
L’entraineur doit accepter que la science ne réponde pas aux questions de terrain. La science a pour objet de rejeter des théories, de rejeter des croyances. C’est d’ailleurs pour cela qu’on « rejette H0 avec plus ou moins de confiance en statistique » et qu’on ne valide jamais une hypothèse.
Le scientifique doit lui veiller à ne jamais laisser croire à l’entraineur qu’il peut répondre à ses questions de terrain. Tous ne sont pas vigilants à ce sujet.
L’entraineur ne doit pas plus justifier ses contenus par des fragments de connaissances scientifiques le plus souvent déconnectés de la complexité du mouvement.
Comment les réunir ?
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D’abord en expliquant aux uns et autres qu’ils vivent dans des temporalités différentes : courte pour l’entraineur, longue pour le scientifique.
Ensuite en demandant à l’entraineur de collecter des données pour que le scientifique les analyse et qu’ensemble ils les interprètent.
Mais le vrai changement consisterait à interdire les publications scientifiques qui ne porteraient que sur une seule expérimentation. Les scientifiques devraient avoir l’obligation de mener au moins trois à quatre études avant de publier. Avec les mêmes sujets, à des moments différents, par exemple. Ou avec des sujets différents, dans des contextes différents.
Un entraineur sait qu’une victoire ne valide pas sa compétence. Le match suivant peut être une défaite. Un attaquant sait que marquer un but ne suffit pas à dire de lui qu’il est un bon attaquant. C’est la constance des victoires, des buts qui crédibilisent la compétence.
Pourquoi n’en serait-il pas de même pour un scientifique ? Pourquoi ne crédibiliserait-il pas ses résultats en éprouvant ses hypothèses plusieurs fois, pour ne publier que les résultats de ses multiples expériences scientifiques ? Alors, oui, il publierait moins. Mais assurément, des publications de meilleures utilités.
On croule sous les publications scientifiques, dont la grande majorité n’est jamais lue, alors que certaines sont citées à outrance. Pour être lus et indexés, les auteurs jouent avec les mots-clés, qui sont devenus le plus souvent des attrape-mouches.
Aujourd’hui, il faut mettre « deep learning », « machine learning », « random forest ». Ou « soccer », « injury ». Cela en est devenu ridicule.
Ce qui ne reste qu’un avis, une opinion.
Researcher at French Institute of Sports (Paris, France)
10 moisAlors on ne connait pas les mêmes entraineurs, et on ne lit pas les mêmes études