L'abandonisme | 1/12
"C’est trop tard, ça sera jamais assez".
Salut,
Bon, déjà, je vais commencer par dire que la quasi-intégralité de ce texte (et de cette démarche) sont le fruit de bonpote, un super média indépendant sur le changement climatique. J'ai adapté / réécrit / résumé à la marge. Voilà. Pour le reste, début 2024, on ne peut que se réjouir d’avoir (presque) convaincu les climatosceptiques. Mis à part quelques illuminé.e.s sur Cnews, plus personne ne nie les effets de l’activité de l’Homme sur le changement climatique. Bonne nouvelle ! En revanche, la partie la plus difficile arrive : changer. Changer nécessite d’agir. Un peu. Beaucoup. Savoir quand, et comment. Changer fait chier tout le monde, c'est bien connu. Il se trouve qu'un papier de l’université de Cambridge a mis en exergue les 12 discours retardant l’action climatique, perçus comme les 12 excuses on va dire "habituelles" qui justifient l’inaction climatique. Autrement dit, oui, le changement climatique est un problème, mais il y a toujours une bonne excuse pour ne rien faire. J'ai décidé de scinder cet excellent argumentaire en autant de petits points particuliers. Voici le premier : l'abandonisme.
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"C’est trop tard, ça sera jamais assez".
Même si ce discours d’effondrement a beaucoup d’écho, à l’instar d’Yves Cochet en France par exemple, il est faux. Faux de dire que nous sommes déjà condamnés. Faux de dire que des milliards d’individus vont mourir. Pourquoi ? Parce que le GIEC le dit : nous avons encore le temps de faire les changements nécessaires pour vivre dans un monde soutenable. Valérie Masson Delmotte l’a répété lors de son discours devant la Convention Citoyenne pour le climat : chaque mois compte. Mais cela ne veut en aucun cas dire que ‘c’est trop tard‘. C’est avant tout un problème d’inertie politique et sociétale (une transition abrupte aurait évidemment des conséquences), avant d’être un problème d’inertie physique.
Il est bien sûr trop tard pour empêcher qu’il y ait des dégâts (sociaux, environnementaux..). Mais rien ne sert d’avoir un discours qui exagère ce que la science nous dit sur le climat (même si cela fait vendre…). Ainsi, évitons le doomisme, ce comportement qui consiste à regarder sa cuisine s’enflammer et dire ‘on peut rien faire c’est foutu’ pendant que le feu se propage aux autres pièces.
Enfin, il n’y a pas de deadline. Oui, c’était mieux d’agir il y a 20 ou 30 ans. Mais ce n’est pas parce que nous n’avons pas agi en 2025 ni même en 2030 que tout est foutu. L’idée générale est très très simple : plus nous agissons tard, plus cela sera catastrophique (avec de belles boucles de rétroactions qui viendront aider tout ça).
CEO, Gilbert & Moreau
11 moisLes arguments de refus d'obstacle sur le sujet climatique rappellent étonnamment dans leur principe ceux des fumeurs ou des alcolos qui se donnent toutes les raisons de ne pas infléchir leur comportement. Ceux qui fument pas et qui boivent pas meurent aussi. Faut bien mourir de quelque chose. J'en connais qui fument / boivent qui ont vécu longtemps. Tiens lui il buvait pas il fumait pas et pourtant il est parti tôt. Etc etc. Florilège de raisons bien pourries que même certains qu'on aurait pas imaginé se prendre ainsi les pieds dans le tapis ont fini par se donner. Y a du taf vers la pleine conscience, effectivement, si c'est - pour résumer - le propos de cette - excellente - tribune.