LES AVENTURES DE LILY GÂCHETTE PAR Ali GADARI Voir mon blog pour les autres nouvelles
SYNOPSIS
Liliane Garnier surnomée Lily par les Indiens Navajos après qu'elle est été recueillie par ceux-ci après le meurtre de sa famille, ses parents et son frère par des bandits. elle apprit leur langue, leurs coutumes. A onze ans, les Navajos lui enseignèrent l'art de servir des armes. A quinze ans, elle avait une dextérité étonnante au pistolet. Elle partit à la recherche des meurtiers de ses parents et de son frère avec son futur époux et son loup apprivoisé. Arrivés dans un village elle est nommée shérif adjoint. A partir de ce jour Lily surnommée Lily Gachète par les indiens eu de nombreuses aventures.
LES AVENTURES DE LILY GÂCHETTE PAR Ali GADARI
Le village se profilait dans la brume de chaleur et la poussière du chemin. Partis au milieu de la nuit, après une halte, les chevaux reposés, ils étaient repartis vers Moab. Dans le village les chevaux se désaltéraient à l’abreuvoir communal avec Slam le loup domestiqué par la tribu et particulièrement attaché à Lily. Amené à l’écurie, un palefrenier s’occupa d’eux. Rassurés, ils entrèrent au saloon, le silence se fit d’un seul coup, même le piano mécanique arrêta sa musique. Ils s’assirent autour d’une table au fond de salle. Tous les visages étaient tournés vers eux, certains l’air hostile. Le serveur se dirigea vers eux l’air rogue :
-L’on ne sert pas les Indiens au saloon
-Ce n’est pas un Indien, c’est mon frère
-Je te dis de foutre camp
-Tu n’as pas compris c’est mon frère, nous avons faim, nous voulons manger
-L’employé avait un colt à la ceinture, sûr de son fait il voulut le retirer de son étui, mais Lily avait déjà rétabli la situation en lui éraflant la main droite d’une balle de plomb.
Le shérif présent dans la salle cria
-Stop, pas de bagarre ici, Willy donnez à manger à ces deux étrangers, ensuite ils quitteront la ville.
Un énorme steak avec des haricots rouges leur fut servi, pour arroser tout cela une bonne bière blanche et du gros pain.
Et soudain l’arrivée d’un cow-boy, le chapeau à l’arrière, l’air supérieur
-Mais regardez-moi qui est là, une petite friandise pour Jonny.
Slam grogna, c’était mauvais signe
-Nous allons pouvoir nous régaler, cette petite poulette tombe à point, elle ne demande qu’à être plumée.
Encore un gros bras qui jouait les terreurs.
-Pousse-toi de là si tu ne veux pas finir en chair à saucisses, Slam ne te fera pas de cadeaux.
-Mais c’est qu’elle parle bien la poupée jolie, ton chien, je vais en faire de la pâtée pour les poissons de la rivière. Joignant le geste à la parole, il mit la main sur son étui de révolver, Slam fit un bond de deux mètres et lui arracha la main.
Les autres voyous voulurent prendre leurs armes,
--ça suffit les rigolos, assez de sang pour aujourd’hui, si vous bougez je vous fais sauter la cervelle. Allez chercher un docteur pour votre complice.
Le docteur n’avait jamais vu de plaies comme celle-ci, s’il s’en sort il restera infirme, aux grands maux, les grands remèdes. La plaie fut cicatrisée au fer rouge, l’homme hurlait de douleur, le docteur lui administrait des doses de Wisky à renverser un régiment de cavalerie. Le shérif ordonna que Lily, Tohowo et Moss soient enfermés dans une chambre du saloon pour la nuit. Le chariot enfermé dans l’écurie. Ils avaient de quoi payer la chambre. Dès le matin ils avaient à tour de rôle pris une douche froide, ceci fait ils se dirigèrent vers une table pour déjeuner. Une tranche de lard avec des œufs et une grande tasse de café leur furent servie par l’employé toujours aussi agressif et aussi grognon. Le shérif vint s’asseoir à leur table, l’air un peu gêné, le stetson à la main.
-Je voulais vous demander de quitter la ville, mais le maire et le juge m’ont demandé de vous faire une proposition, accepteriez-vous la place de shérifs adjoints, au vu de vos compétences aux tirs. Notre petite ville se transforme avec les pistoléros de la frontière, tout seul, je ne peux rien faire. La paie est de quarante dollars par mois avec le coucher, les repas et la blanchisserie sans oublier les chevaux. Vous bénéficierez des primes sur tous les bandits fichés, morts, blessés, en prison de votre fait, Tohowo et Lily se regardèrent, Tohowo cligna des yeux, c’était d’accord. Dans le saloon l’après- midi devant le juge et le maire, Tohowo et Lily prêtèrent serment. Le shérif leur accrocha l’étoile sur leur vêtement.
Cela paraissait comique, invraisemblable, une gamine de seize ans et un indien guère plus vieux, pourtant ces deux jeunes porteurs d’armes étaient très dangereux et capables de faire régner l’ordre à Mohab. Dès l’après- midi, le shérif souffla à Lili :
-Attention voilà un méchant parmi les méchants, Jonh Carvaigh. Celui-ci était une grosse brute épaisse de presque deux mètres de haut avec un pois chiche en guise cervelle, mais méchant comme un serpent à sonnette, s’en prenant aux plus faibles, n’hésitant pas à les abatte ! Sûr de sa supériorité, il voulut montrer sa force au et faire régner la peur en tirant au pistolet dans le plafond. Lily attendit la provocation supplémentaire qui ne devrait pas tarder. Regardant Lily dans les yeux, il dit
-Qui c’est celle -là ? Mais si, c’est bien elle, avec son étoile, Lily Gâchette, une fille comme shérif, j’aurai tout vu dans ma vie ! C’est du cirque à bon marché, il cria, comme un bonimenteur, faites rentrer les clowns et les acrobates. Où sont les lions et les danseuses, je sais c’est de la prestidigitation, ne bougeons plus, Lily Gâchette est là. Viens par là petite fille que nous réglions nos comptes, une balle chacun, ça te va ? Lily se leva, se plaça à dix mètres de Jonny, bien à droite dans ses bottes de cuir.
-Que voulez -vous Jonh, casser des tables, vous en prendre aux joueurs ou aux consommateurs, me tuer ?
-Je vais commencer par prendre l’argent de la caisse, ensuite je m’occuperai de toi blondinette. Cela faisait rire tout le saloon, Lily était brune comme les plumes du merle.
-Tu ne feras rien du tout, déboucle ton ceinturon et jette-le par terre
-Ah, ah, elle est bien bonne, Lily ose me demander de jeter mes armes par terre à moi Jonh Carvaigh, en même temps dans un réflexe il mit sa main à son étui, une balle de plomb le projeta rudement à terre, la poussière du plancher recouvrant son corps.
Cet évènement a été fortement commenté par la population de Moab, Jonh Carvaigh tué net par Lily. C’était un pistoléro réputé par sa cruauté et la rapidité de son tir. La légende de Lily Gâchette comme l’appelaient les Indiens de sa tribu allait drainer vers Moab tous les pistoléros du pays.
Lily a une longue histoire, elle avait quatre ans lorsque sa famille, son père, sa mère et son petit frère furent assassinés par une bande de pillards, avant de partir, ils mirent le feu à la maison. Lily avait pu se cacher à l’extérieur. Elle n’avait jamais oublié le visage de l’un d'eux, un grand bonhomme avec un visage long, tailladé du front au menton. Elle apprit qu’il racontait une histoire pour se faire valoir : il aurait eu cette balafre en combattant un Indien, en fait c’était une bagarre de joueurs de cartes dans un saloon. Elle a été recueillie et élevée par des Indiens Navajos. Elle leur doit tout, elle apprit leur langue, leurs coutumes, leurs traditions. Elle montait à cheval à cru. Le chef de la tribu, Akimel d’Odham, (les gens de la rivière), le Colorado passait à quelques encablures, l’avait élevé pour qu’elle puisse un jour se venger des assassins de ses parents, c’était son leit-motiv. A onze ans elle eut l’éducation des armes avec les guerriers qui avaient combattu les gris. Ils avaient ramené un stock d’armes, colt, winchester, habits de cow- boy. Chaque jour, elle s’entraînait au tir avec les colts. Ces colts portaient l’inscription poinçonnée sur leur côté gauche. Ils lui enseignèrent la distance de tir des armes. A l’époque la distance était réduite, les colts tiraient à quinze mètres maximum et la winchester à deux cent mètres. Les premières leçons furent très désagréables pour une petite fille de onze ans. Elle soulevait à bout de bras une pierre de cinq kilogrammes jusqu’à tant que ce fût devenu facile. Les colts sont lourds avec en plus le recul du tir, il fallait la préparer à tout cela. Durant cinq années, elle s’exerça au tir durant des heures. Ses étuis furent inclinés légèrement vers l’arrière de façon qu’elle puisse tirer plus vite les révolvers de leurs étuis. Elle graissait tous les jours l’intérieur des étuis avec de la graisse d’ours. Elle était ambidextre qui la favoriserait face à plusieurs adversaires. Après ce furent des heures et des heures à tirer sur des troncs d’arbres avant de réussir. A seize ans sa précision était phénoménale. Le chef Akimel D’Odham un jour lui dit :
- Tu as l’âge de te marier Lily, il faut que tu choisisses ton mari.
-Pour l’instant je pars à la recherche des assassins de ma famille, j’ai déjà choisi, je voudrais me marier avec ton fils Tohonwo. Je serais honoré de cette union. Tohonwo viendra avec toi et ton loup Slam. Je vous donnerai deux beaux chevaux, un chariot et deux mulets pour dormir. Le lendemain, après les adieux à Akimel d’Odham, ils prirent le chemin de la prairie. Ils n’avaient pas d’étriers et d’éperons à la méthode indienne. Ils chevauchèrent jusqu’à Moab, c’est ainsi que la population les découvrit. Elle s’appelle Amélie Garnier d’origine française, ses parents voulaient fuir la misère qui sévissait en Europe, née dans la prairie, elle est enregistrée sur les registres de Mohab. C’est un émissaire à cheval qui a transmis l’avis de naissance d’Amélie au juge du comté.
L’après- midi, un navajo de passage signala au shérif l’arrivée d’un convoi de migrants de trente chariots accompagnés de pistoléros. Ils étaient encore à une vingtaine de kilomètres de la ville. Lily demanda que le shérif fasse avec la population, un barrage de bois, et un petit fossé au bout du village. Des hommes postés sur les toits et derrière la barricade. La ville était prête à les recevoir dignement ou de se défendre. En soirée la longue caravane arriva devant la barricade.
-Pourquoi cette barrière demanda le chef du convoi ?
-Simplement une simple précaution
-Nous ne vous voulons aucun mal
-Entourés de ces tueurs ?
-Ils nous ont défendus pendant le parcours
-Nous leur demandons de quitter la caravane, de faire le tour de la ville en ayant descendu leurs ceinturons, et de bivouaquer à la sortie de la ville. Leurs armes leur seront rendues lorsque vous repartirez.
L’un des pistoléros refusa de déposer les armes en injuriant la population de Mohab.
-C’est à vous de voir messieurs, où vous suivez nos conseils et cela se passera bien où vous refusez et vous le regretterez.
Le shérif sur les conseils de Lily avait été chercher des bâtons de dynamite qui évitera à la population de graves problèmes.
Les pistoléros s’étaient regroupés dans l’espoir de donner l’assaut, ils n’avaient pas fait dix mètres qu’ils sautaient sous l’explosion de la dynamite. Il en restait encore une dizaine traumatisée par l’effet de l’explosion. Le silence s’était établi de chaque côté. Le shérif attendait avec Lily, la décision n’allait pas tarder. Un drapeau blanc fut levé du côté des migrants, le chef du convoi appela à un cessez- le- feu, c’était d’accord, ils descendaient leur ceinture, déposaient leurs armes.
-Bienvenue à Mohab leur dit le shérif, installez- vous. Vous manque -t-il quelque chose, pouvons-nous vous aider ?
Les choses s’étaient bien passées. Il fallait les surveiller jusqu’au matin, Lily et Tohonwo, se chargeraient de ce travail. Le lendemain matin tout était prêt pour leur départ. Les chariots étaient à la queue leu dans l’attente de leurs armes, mais les balles avaient été enlevées, elles leur seraient rendues après être assez loin de Mohab. Au retour, Lily et Tohonwo ont été attaqués dans le Goat canyon, canyon de la Chèvre. Tohonwo fut blessé au bras, tous les deux se couchèrent aussitôt sur le flanc de leur cheval. Dès le coup de feu tiré, Slam bondit et se fondit dans l’herbe à la recherche du tireur suivi par Lily et Tohonwo. Des cris et des hurlements déchirèrent l’espace, quand ils arrivèrent, le tireur avait le mollet déchiré et la main mutilée. L’homme était un lâche, inconnu, il se cachait pour tuer. Les shérifs adjoints le gênaient pour commettre ses forfaits. Mis en travers sur son cheval, il fut poussé jusqu’au shérif, soigné par le docteur qui avait beaucoup de travail et enfermé dans une cellule. Le juge le condamna à la pendaison. Le bourreau, le menuisier comme le docteur avaient beaucoup de travail. La blessure de Tohonwo était superficielle, elle ne nécessita pas de soins particuliers. L’apparition des pistoléros s’était faite plus rare, mais Lily et le shérif attendaient l’arrivée d’un groupe important de pistoléros mexicains. Lily avait fait l’acquisition du tiers des terres de l’Utha avec ses primes vendues par le gouvernement une bouchée de pain. C’était le moment de réaliser son plan auprès du juge, elle céda officiellement toutes ses terres à la tribu. Les documents étaient entreposés dans un coffre- fort dans les bâtiments du juge, un double avait été remis à Lily. Elle avait envie de revenir dans sa prairie, mais elle n’avait pas fini son travail. Elle pensait à repartir dans les grands espaces vers Yuma, Austin, Grande Conjonction pour retrouver les assassins de ses parents. Traverser le désert, sortir de l’altitude de Mohab mille deux cents mètres pour aller au Grand Cirque, traverser les canyons avec les nombreuses arches rouges, les assassins, qui doivent se trouver dans les parages, cachés dans ce dédale de pierres et de rochers rouges. Il fallait qu’elle bouge, mais le shérif, le maire de Mohab et le juge l’ont convaincu une nouvelle fois d’attendre. L’hiver arrivait avec le froid vif et sec. Le bac traversier sur le Colorado allait recevoir un troupeau de deux cents bêtes qui passeraient en plusieurs fois, un cow -boy était venu prévenir le patron du bac, c’était un nouveau problème. Le bac prenait habituellement un chariot et dix hommes. Deux cent bœufs à embarquer, plus les cow- boy, cela faisait une dizaine d’embarquements, si tout allait bien. Lily, Tohonwo descendirent au bord du Colorado avec le shérif et cinq volontaires armés de Winchester. Le troupeau arriva dans la poussière et dans les cris des cow- boy. Le chef du troupeau se présenta au shérif, c’était Steff Ardisson, le plus gros fermier de la région. Après discussions, il fut établi que le troupeau passerait par dix bêtes à la fois et dix cow -boy. Sur la rive il y avait un établissement qui servait à boire et à manger. Les cow- boy se divisèrent pour aller dans le petit saloon. L’établissement appartenait également au passeur, pas de serveuses, juste des hommes. Il fallut quatre heures pour que le passage du troupeau fût effectif. Il y avait beaucoup de courant dû aux pluies tombées dans la montagne. Les passeurs, professionnels chevronnés inclinèrent le bac dans le sens du courant, faisant avancer ainsi le bac dans le sens du courant aidé par les cordages épais. C’était une technique éprouvée apprise auprès des Indiens. L’évènement craint et attendu arriva avant le passage du dernier bac, deux cow- boy ivres tiraient des coups de pistolets risquant de blesser ou de tuer l’un de leurs compagnons. Lily s’avança doucement et d’une petite voix douce leur dit :
L’on voit que vous savez tirer, c’est la fête, hein ?
-De quoi tu te mêles petite fleur, laisse-nous rigoler un peu, après toute cette marche, nous avons soif.
-Vous avez de quoi vous amuser sans tirer des coups de feu
-Ecoute- nous chérie, fiche-nous la paix, il fallait qu’ils soient ivres pour l’appeler chérie, ce n’était pas un terme employé couramment dans l’ouest. L’alcool annulait leurs pensées et leur volonté.
-Pourquoi ne ferions-nous pas un concours ?
-Je suis d’accord, sur quoi devrons tirer ?
-Sur la bouteille posée sur le mur
-Le premier visa et tira à côté, le deuxième eut la même infortune
-Si je gagne, vous arrêtez de tirer, d’accord ?
-D’accord !
-Lily tira un colt et descendit la bouteille.
-Nous n’étions pas prêts, on recommence
-Pas du tout nous avions passé un accord, elle ne voulait pas sortir ses colts, les cow- boy n’étaient pas des bandits. Ils venaient de faire deux cents kilomètres à cheval, ils avaient bu un coup de trop. Elle voulait régler le problème gentiment sans violence.
-Je t’ai dit que nous n’étions pas prêts, il sortit son colt et l’agitait devant Lily.
-Qu’est-ce que tu proposes ?
-Il n’en savait rien !
Tohonwo s’était tranquillement placé dans le dos des deux cow- boy, il avait sorti sa winchester, les deux cow- boy s’inclinèrent, ils levèrent les bras en l’air, Lily détacha leur ceinture et les conduisuit dans le bac avec l’ensemble de leurs compagnons. C’était ce genre d’actions qu’elle avait à accomplir chaque jour. Le bac tiré à bout de bras par deux costauds, dont le patron, un sang mêlé Jimmy Corver s’arrima sur l’autre rive. Le troupeau s’étala sur plus de deux cents mètres le long de la rive du Colorado. Le cuisinier aidé d’un cow- boy monta une grande tente de toile percée par endroits, pour le dîner. Celui-ci était toujours pareil, frugal, des tonnes de haricots rouges et de la viande de bœuf bouillie. C’étaient avec ces haricots que les Mexicains confectionnaient le chili brûlant au piment. Un problème n’arrivait jamais seul, un cow- boy au galop confirma l’arrivée de despérados Mexicains, une dizaine, toujours avide de créer des problèmes avec les femmes, avec les joueurs au saloon. Ce ne fut que le soir à la tombée de la nuit que les Mexicains arrivèrent avec beaucoup de bruit, l’on entendait qu’eux. L’un d'eux, sans doute le chef, commanda une bouteille de téquila. Lorsque la serveuse arriva, il en profita pour caresser la cuisse de la demoiselle qui lui renversera derechef un verre sur la tête. Pris de rage, il gifla si fort l’employée qu’elle tomba par terre. Le patron essaya d’arranger le problème, mais il eut le nez en sang avec ce genre d’individus, il n’y avait pas de dialogue possible. ils souhaitaient provoquer les problèmes, casser, tirer dans tout ce qui bouge, voler les bouteilles d’alcools, s’enivrer. Lily était là, elle regardait le pistoléro d’un drôle d’air, il avait giflé une femme c’était comme si c’était elle. José la regarda méchamment
-Qu’est-ce que tu as toi, tu n’es pas contente ? Tu crois que ton étoile me fait peur ? Quand José va quelque part, José est le Roi, il boit de l’alcool, va avec les femmes comme les fleurs avec les abeilles, toutes les femmes sont à José. Son comportement était d’une vulgarité incroyable. Je n’ai pas de limite, ha, ha ,ha, son rire était humiliant pour les femmes présentes au saloon
-Viens me butiner José, l’on va voir si c’est facile gros porc !
-L’insulte l’avait rendu fou
C’était ce qu’avait souhaité Lily, le rendre fou furieux.
-Tu est un porc, un gros porc, tu sens mauvais, tu pues, il y a combien de temps que tu ne te sois pas lavé ?
José pensait être le maître du monde, même dans son domaine, il ne l’était pas. Un minable malfrat analphabète prétentieux et vindicatif. José décida de mettre ses menaces à exécution, il mit la main sur son étui de révolver, il n’eut pas le temps de sortir le colt de son étui, il s’écroula à terre sous le projectile de Lily en soulevant une couche de poussière. Ses hommes voulurent s’en mêler, Slam mordit cruellement l’un des pistoléros, Tohonwo et Lily tirèrent conjointement ce qui eut pour effet de liquider presque toute la troupe de Mexicains. Il en restait deux qui se rendirent immédiatement. Le juge mit rapidement une fin à l’histoire des Mexicains en les envoyant au bagne de Squaw Walee pour deux ans.
La construction de la ligne de chemin de fer avançait vite. Le gouvernement de l’Utah éclectique avait été cherché des ouvriers chinois à Macao et Taiwan. Ces Chinois étonnaient les populations locales par leurs longues nattes tressées et leur chapeau pointu en paille. Ils travaillaient vite, aussitôt leur salaire versé, beaucoup achetaient une boutique et s’installaient à leur compte, épicerie, laverie. La gare de Mohab était en construction, c’était un miracle, vu le trajet emprunté. La ligne de chemin de fer empruntait des chemins escarpés dans les canyons, rectifiés suivant les calculs des ingénieurs, deux ponts en bois ont été construits surplombant le Colorado et le train était arrivé ainsi à Moab sous les drapeaux, la fanfare et les bravos de la population avant de poursuivre sa route vers San Francisco. Lily conseilla au shérif d’embaucher deux shérifs adjoints supplémentaires, le train apportera de nouvelles complications. Un train arrivait l’après- midi, un train repartait le soir, un wagon- restaurant, un wagon couchettes, un wagon passager et un wagon pour les animaux et une fois par semaine, un wagon postal. Dans le train de l’après- midi, Lily, Tohonwo et Slam étaient sur le quai en repérage. Un homme en descendit avec un vêtement neuf, une veste noire sur un gilet rouge éclatant, un chapeau noir à bords rigides et un double étui à la ceinture. Il ne semblait pas être des plus sympathiques, une caricature de western, mais dangereuse. Lily s’approcha et lui demanda:
-Bonjour bienvenue à Mohab vous comptez rester longtemps dans notre ville ?
-Je ne sais pas encore, cela dépendra des circonstances
-Bien, j’espère que vous vous plairez à Mohab
Lily se méfiait, il avait l’air d’un tueur à la gâchette facile, ce genre d’individus ne plaisantaient pas. Ils aimaient être admirés, (il se regardait souvent dans la glace du saloon) par leur tenue et leurs propos. A la table de jeu, il se mit à la roulette, peu de temps après il commença à protester, laissant entendre que la roulette était truquée. Il abandonna le jeu et monta dans sa chambre. C’était une bonne chose. Ils auraient la paix ce soir. Il faudra le surveiller tous les jours où qu’il soit, c’était un poison.
Le lendemain il y avait un brouillard qui noyait toute la ville, après la tranche de lard et les œufs frits, noyés dans un bol de café noir pris dès le réveil sur une table du saloon, Lily, Tohonwo et slam sortirent prendre la température de la ville. La population les salua comme d’habitude. Il faisait frais un petit vent coulis courait dans les canyons et s’enroulait autour de l’église, Lily avait noué un foulard autour de son cou. Ils firent à pied le tour de Moab. Le soleil déjà haut avait fait fuir le brouillard retranché dans les vallées. Déjà l’heure de déjeuner, l’employé leur servit de grosses saucisses avec ces sempiternels haricots rouges, un gros morceau de pain et de la bière blanche. L’homme bien habillé, le dandy aux colts brillants arriva au saloon, les dents blanches et le sourire figés. Lily le regarda avec un sourire. Bonjour monsieur Slim Samson, c’est bien ainsi que l’on vous appelle ? Le shérif d’Austin nous a prévenus de votre arrivée, vous voilà, bienvenue à Moab. Nous ne savons toujours pas ce que vous venez y faire ? Il regarda Lily et lui dit:
-Effacer tous ceux qui me gênent
-Cela devrait faire beaucoup de monde, monsieur Slim Samson
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-Non, juste une ou deux personnes
-C’est bien, ce ne sera pas une hécatombe !
-Non, mais après je serais devenu le tireur le plus rapide de l’ouest, l’on me fera une statue à Austin.
Ola, que d’orgueil Monsieur Slim Sanson, faudra -t-il encore que vous réussissiez votre coup ?
-Oui, je suis quelqu’un de très assuré, je vais ou le vent me guide, mais toujours le bon vent.
-Tiens, tiens, l’on dirait que je devrais être la prochaine cible, non ?
-Vous êtes, parait-il imparable au pistolet, vous visez plus vite qu’un vol d’hirondelles
-Vous me jetez des fleurs, monsieur Slim Samson
-Que diriez- vous d’un duel à seize heures en fin d’après- midi ?
C’était difficile de refuser dans ces circonstances, refuser passerait pour une dérobade, une fuite devant ce matamore.
Elle prit une douche, si elle devait disparaître elle voulait arriver devant wichnou dans ses habits neufs.
Seize heures, toute la population était là, Slim était déjà dans l’attente, toujours vêtu de sa veste noire, de son tricot rouge et de son chapeau noir à bords rigides. Le sourire indélébile. Lily arriva d’un pas tranquille, le duel aurait lieu devant le saloon. Il y avait suffisamment d’espace pour un duel. Le shérif avait la peur au ventre, ce slim avait une terrible réputation. Lily se mit de côté pour éviter le soleil encore haut, Slim s’arrêta à une dizaine de mètres de Lily, campé bien droit dans ses bottes de cuir noir, tellement sûr de lui. Ils se regardèrent, Slim tourna légèrement sur lui -même, il chuta brutalement et lourdement à terre transpercé par une balle de plomb en plein coeur. Lily était blessée au bras gauche, il tirait vite Slim, mais une fraction de seconde moins vite que Lily. Au saloon, Lily fut soignée par le docteur qui lui retira la balle de plomb dans le biceps du bras gauche après avoir reçu une dose de laudanum.
-Vous ne pourrez plus tirer du bras gauche Lily, le muscle a été touché
- Grâce à Dieu il me reste le droit. Tohonwo a eu peur, il n’en a rien dit, mais tout le temps du duel, sa transpiration s’était accélérée avec les battements de son coeur.
Les choses changeaient très vite à Moab, le train transformait et apportait au village des changements importants, l’arrivée de commerçants, des gens de la ville cherchant à s’installer dans ce décor de western entre le Colorado, les canyons et les arcs de pierres rouges et des voyous de petites semaines, rien à voir avec Slim Samson. Des petits voleurs, des maquereaux, des Don Juan frelatés recherchant de riches héritières. Le village se transformera très vite, l’on était à l’orée du vingtième siècle, la ruée vers l’ouest était terminée. L’époque des diligences s’éteignait avec les lignes de chemin de fer qui reliaient les USA du nord au sud. Adieu les bandits de grand chemin, les as du révolver, c’était au tour des petits et pâles voyous. Lily savait qu’elle avait fait son temps, seule la recherche des assassins de ses parents la motivait encore. Elle comptait sur Wichnou pour l’aider. L’hiver était toujours là avec un froid sec, perturbé par un petit vent. Le travail ne manquait pas toutes fois, rétablir l’ordre, réconcilier les voisins, veiller à la paix était une œuvre de chaque instant.
- Shérif, shérif, venez vite, Jo le bûcheron veut tuer James. Encore un différent à régler
Joby qu’est-ce qu’il a ?
-Ce malfaisant lance ses moutons dans ma forêt, ces monstres bouffent les écorces et les arbres meurent. Vous pouvez voir vous-même les dégâts que ces prédateurs occasionnent.
-Jim pourquoi n’amenez-vous pas vos moutons dans la prairie. J’ai autre chose à faire que de m’occuper de problèmes de voisinages aussi désuets.
C’était ce type de problèmes que les shérifs avaient à s’occuper. Chris devra verser dix dollars à Joby pour le préjudice. Un tout autre problème arriva avec le prochain train, le wagon postal avait été dévalisé, l’employé des postes et les deux gardiens avaient été tués. Le juge envoya immédiatement Lily et Tohonwo dans l'Eagle canyon, le canyon de l’aigle. Ce wagon était accroché une fois par semaine et jamais le même jour pour justement éviter ce genre d’attaque. L’attaque ne pouvait être perpétrée que dans ce canyon, où la pente était difficile à monter pour la locomotive. Lily se posait également une question, qui avait renseigné ces bandits de l’accrochage du wagon postal ? L’attaque a été rapide et très bien préparée. A la moitié de la pente, de fortes traces étaient visibles sur le sol, l’on avait traîné un coffre dans la montée et un autre dans la descente vers le point d’eau pour égarer les enquêteurs. L’un des coffres avait été chargé en pierres pour l’alourdir, pour que l’on ne puisse faire la différence, astucieux. L’autre trace allait jusqu’au point d’eau et là, plus rien, plus de traces, disparition mystérieuse. Slam grognait, c’était un appel, à trois cent mètres de la dernière trace, une trace bien visible des quatre roues d’un chariot. Ils auraient transporté jusqu’au chariot le coffre, ni vu ni connu sauf pour Slam. Ils continuèrent à suivre les traces du chariot avec beaucoup de prudence, à ce point il devait être surveillé. Ils entrèrent dans une série de canyons sans relever aucune trace. C’était mystérieux. Ils s’arrêtèrent et réfléchirent à la situation. Ils n’avaient pu s’envoler. Ils décidèrent de remonter jusqu’aux dernières traces. Il y avait bien un kilomètre. Que des cailloux, le chariot devait être quelque part. Les outlaws devaient bien connaître les lieux pour disparaître ainsi au milieu de roches rouges. Tohonwo resta un instant fixant intensément une partie de la paroi rocheuse, songeur. Lily cria-t-il
-Regarde là, la paroi de la montagne, tu vois ?
-Oui, les traces sont visibles, la roche a été dégradée, ils ont monté le chariot et les chevaux à l’aide d’un treuil et de cordes solides. Le chariot a marqué durablement les roches du canyon.
-Les IIIndiens appellent cet endroit la grotte aux ours, elle communique au même niveau avec un chemin de la prairie.
-Les gredins avaient préparé leur coup depuis longtemps. Par le chemin adjacent, ils ont accédé à la grotte, placé le treuil avec les cordes pour soulever le chariot et les chevaux le moment venu.
La hauteur de la grotte par rapport au chemin du canyon était importante, environ cinquante mètres et ils ne pouvaient pas accéder à la prairie sans faire un très long détour. Il fallait prévenir l’armée au fort de la Prairie. Il y avait trente kilomètres à chevaucher pour rejoindre le fort. Il fallut une journée entière pour se présenter au commandant du fort de la Prairie, Sigmud Lafrenchie, sorti de West Point il y a peu, tout frais nommé commandant du fort. La guerre de sécession étant finie depuis de longues années son rôle était d’administrer cette partie de l’immense pays qu’était l’Utah et de faire la police s’il y avait lieu. L’arrivée de Lily, Tohonwo et Slam le laissa interloqué, il ne s’attendait pas à se trouver devant une toute jeune fille, un indien et un loup noir. Il avait été prévenu par télégraphe du meurtre des employés de la poste et du vol du coffre, mais il ne pensait pas être impliqué dans la recherche de ces outlaws.
Dès le lendemain matin, une partie du régiment de cavalerie avec Sigmud Lafrenchie en tête des cavaliers et de Georges Wilson géographe du régiment, guidèrent Lily et ses complices à travers la prairie, à la recherche des bandits. Le géographe avait une importance primordiale, lui seul connaissait grâce aux cartes les possibilités de cachettes des bandits. Arrivés à la grotte aux ours, ils entrèrent, ils ne découvrirent rien. Georges Wilson dit :
-Le chemin à gauche vous ramènera à Moab par les canyons, à droite il traverse la prairie avec une multitude de villages non répertoriés et des villages indiens qui pourront nous renseigner.
La prairie était vaste, des centaines de kilomètres à parcourir, l’Idaho était le pays limitrophe à l’Utah. Le commandant Sigmud Lafrenchie écouta le géographe, il se dirigea vers la droite. Il avait enfin une aventure à se mettre sous la dent, son service administratif au fort de la Prairie l’ennuyait, il n’avait pas vu sa carrière militaire de cette façon. Là il pourra mettre enfin ses connaissances acquises à l’école militaire au service de la Nation en traquant des outlaws dangereux. Le général avait été prévenu, tout était bien et fait dans les règles ! Pas de fourgon accompagnateur, l’alimentation se fera auprès des villageois, juste de l’eau dans des bidons, l’armée pourvoira au dédommagement des populations. Douze cavaliers bien entraînés, vétérans de la guerre contre le sud accompagnaient le commandant, rendant verts de jalousie leurs compagnons restés au fort de la Prairie. Eux-mêmes étaient satisfaits de cette campagne, eux aussi souffraient de cette monotonie des casernes. Ils auront la possibilité de sortir de leur infantilisme administratif qui les condamnait à lever et baisser le drapeau, à saluer le commandant et balayer les lieux communs. Les militaires étaient confinés dans les casernements à des tâches indignes de leurs engagements, cela se reflétait dans leur comportement, refus d’obéir, mollesse dans leurs actions d’où sanctions, dégradations nombreuses. Certains casernements les employaient même à la construction de nouvelles routes. Le commandant Sigmud Lafrenchie s’était attaché le capitaine Morvan Gorwin, héros de la guerre entre le sud et les bleus, combattant courageux, discipliné, intelligent, qui le seconderait efficacement dans les combats contre les outlaws. Cette nomination plaisait aux cavaliers qui voyaient en Morvan Gorwin le signe du respect de Sigmud Lafrenchie envers ses subalternes. Les jeunes officiers fraîchement sortis de West Point étaient vus comme des promus d’une classe sociale n’ayant rien en commun avec la troupe et les sous-officiers, c’était généralement vrai. Sigmud Lafrenchie voulait échapper à cette image, il s’était rapproché de Lily et Tohonwo avec lesquels il buvait le thé plusieurs fois par jour. Ils avançaient d’une trentaine de kilomètres par jour, de façon à ne pas crever les chevaux. Le deuxième jour ils arrivèrent dans un tout petit village d’une dizaine d’habitants non répertorié dans l’Etat de l’Utah. Le géographe demanda à celui qui semblait être le chef le nom du village, il n’y en avait pas. Morvan Gorwin proposa le nom de son interlocuteur Joseph Morisson, le village s’appellera donc Morisson Village. Il prit les coordonnées géographiques du village, hauteur de onze mètres, latitude et longitude qu’il nota consciencieusement pour remettre à l’Etat- Major. Celui-ci se chargera de mettre la carte à jour. Il avait effectivement vu passer un chariot et sept hommes qui ne se sont pas arrêtés. Les outlaws avaient deux jours d’avance, c’était peu, mais c’était également beaucoup, il ne fallait pas qu’ils atteignent l’Idaho, la juridiction empêcherait Lily et Tohonwo d’agir, ils n’avaient aucun pouvoir dans un autre Etat. Seule l’armée continuerait son travail quel que soit l’Etat où il opérerait. Ils arrivèrent à un village plus important, le géographe regarda sa carte, il n’était pas non plus répertorié. A chaque fois la prudence était de mise. Le village n’avait pas de nom. Tohonwo avait remarqué une chose qui semblait importante, il avisa, Sigmud Lafrenchie, il avait remarqué un chariot très abimé sur un côté avec des traces de pierres collées sur le bois. C’était incontestablement le chariot des fuyards. Le commandant eut le geste tant attendu, il mit la main sur son front, les soldats se déployèrent dans le campement comme pour mesurer la surface du village. Ils s’adressèrent à celui qui semblait être le chef, Jonathan Smith, ils leurs avaient donné un nom Crazzy Village, Morvan Gorwin nota le nom, pris ses instruments de mesure, la hauteur du village se situait à vingt- quatre mètres de hauteur, c’était toujours la plaine. Il enregistra soigneusement la latitude et la longitude du village. Il n’eut pas le temps de transcrire sur son cahier, d’un seul coup, l’enfer s’ouvrit, quatre soldats s’écroulèrent fauchés par la mitraille des outlaws, Morwan fut blessé à la cuisse. Heureusement que le commandant avait prévu le coup, ses soldats étaient disséminés dans le village. La réplique fut immédiate, de nombreux outlaws tombèrent et ne purent se relever, la mort les avait fauchés. Pour ne pas tomber dans une guerre de tranchée et de longue durée, le commandant avait des bâtons de dynamite qui devraient hâter la fin de la bataille. Lily et Tohonwo avaient la charge de lancer les bâtons sur les agresseurs pendant que les soldats continuaient de tirer. Slam allait aider à la réalisation de cette action. Le loup s’élança sur les assaillants regroupés derrière l’abreuvoir, la peur fit lever d’un bond les assassins, Lily lança un bâton, au risque de blesser Slam qui s’était promptement replié. L’explosion retentit, six outlaws disparurent avec l’explosion. Ceux qui restaient encore en vie levèrent les bras et se rendirent. La dynamite est outil efficace. Le commandant leur passa les bracelets. Les soldats tués au combat furent enterrés avec les hommages de leurs camarades. Les outlaws furent enterrés dans une fosse commune à une centaine de mètres du village. Le commandant visita le chariot, le coffre était bien là, les bandits attendaient que le temps passe pour profiter de leur butin.
Le commandant Sigmud Lafrenchie décida de revenir au point d’eau et de reprendre le train jusqu’à Mohab, où ils seront jugés. Il permit à ses soldats de boire de la bière, ils l’avaient bien mérité ! Revenus à Moab, Lily, Tohonwo et Slam retrouvèrent leur ordinaire. L’argent et le coffre fut remis à la banque par le commandant heureux de cette opération. Celle-ci réfléchissait sur de nouvelles consignes de sécurités. Le procès comme d’habitude se fit au saloon, une toile était tendue devant le bar. Le procès dura deux jours, les avocats de la défense ont dépensé beaucoup d’énergie pour défendre les accusés, mais ce fut le verdict attendu par la population de Moab qui tomba à dix- sept heures le lendemain, le jury avait voté la pendaison, justice était faite. Le géographe du régiment Morvan fut soigné par le docteur à Moab, sa blessure le ferait souffrir encore quelques semaines et disparaîtrait ensuite aidée par le laudanum.
La banque avait réfléchi à une nouvelle méthode de sécurité pour le transport des fonds. Elle avait fait sa propre enquête sur les employés susceptibles de vendre des informations, elle n’avait aucune certitude. Ses soupçons se portaient sur un employé qui recevait le message de départ du wagon de la banque. C’était un employé peu bavard, mais que l’on avait vu avec des étrangers boire de la bière et recevoir subrepticement une enveloppe, renseignements fournis par le barman du saloon. Il faudra continuer à l’employer et changer les plans chaque semaine. Une semaine le coffre sera remis aux chauffeurs de la locomotive en faisant croire qu’il était dans le wagon- restaurant, ainsi de suite, obliger les bandits à prendre des risques. L’armée investirait trois ou quatre soldats dans le wagon bidon, supposé contenir le coffre.
Le commandant retourna au fort Prairie, heureux d’avoir pu aider à la capture de ces bandits, mais le régiment était amputé de deux de ces soldats tués par la racaille. Lily, Tohonwo et Slam reprirent leur service. Durant leur absence, les deux suppléants ont eu du travail avec deux pistoléros, ils avaient bien réglé les problèmes, l’un était au cimetière, l’autre en prison en attendant son jugement. C’était bien pour la suite, ils avaient preuve de cran et de courage, le shérif pouvait avoir confiance en eux. Dans ces petites villes qui se transformaient à vue d’œil, il fallait une police qui veillait sur la sécurité de ces concitoyens. Ce matin, la révolution est arrivée à Moab, une automobile à essence est apparue dans les rangs de la ville, c’était la première fois. Toute la population était dehors pour apercevoir ce véhicule qui appartenait à James Calgharey, journaliste du Post venu s’installer à Mohab et qui faisait un bruit à cabrer tous les chevaux de la ville. Moab avait maintenant un journal officiel et son journaliste attitré. Le premier titre du post de Moab était : LA TROUPE VICTORIEUSE DES TUEURS DU TRAIN EST REVENUE A MOAB. La population de Moab a applaudi le retour de Lily Gâchette, de Tohonwo accompagnés de la troupe commandée par le commandant Sigmud Lafrenchie sous les bravos de la population soulagée, les outlaws ne seront plus des assassins et un danger pour Mohab. Une photo illustrait la page. C’était une prose de journaliste, dythirambique, souvent fausse, transformée pour vendre. Il faisait son métier.
Le shérif a reçu une information délicate, une bande armée d’une centaine d’anciens membres de William Quentrill, l’assassin de la tuerie de civils de Lawrence au Kansas. William Quentrill est mort à Louisville le 6 juin 1865 au soulagement de beaucoup. Mais à sa mort, d'anciens membres ont continué les pillages et les tueries sur le territoire des Etats- Unis. C’était l’une de ces bandes qui était attendue à Moab. Dès l’information connue, le commandant Lafrenchie à la tête de ses troupes arriva à Moab. La population fut soulagée. Il restait une semaine avant l’arrivée de ces mercenaires, le commandant avec le maire et le juge en accord avec Lily et Tohonwo construisirent des barrages en bois et de fils barbelés au-dessus de fossés larges et profonds tout autour de Moab. Il fit également construire quatre tours en bois à chaque bout du village dotés d’une mitrailleuse à manivelle amenée du fort Prairie. Mitrailleuses conçues en mille huit cent soixante et un par l’ingénieur Gatling. Deux autres mitrailleuses avaient été postées à l’intérieur du périmètre de Moab. La défense du village était assurée. Ces mitrailleuses de l’intérieur du périmètre seront sous la responsabilité de Lily et Tohonwo. Tout avait été préparé pour contrer l’offensive des pirates de Quentrill. A Moab, le maire avait obtenu l’adhésion de toute la population pour défendre le village. En plus des mitrailleuses Gatling, le commandant Sigmud Lafrenchie avait pris soin d’entreposer des bâtons de dynamite qui feront également beaucoup de dégâts dans les rangs de la bande d’assassins.
Vingt et une heures, les assassins de Quentrill étaient devant les portes de Moab étonnés de ce dispositif de défense. Ils passeront à l’attaque demain matin. La bataille sera violente, la population était appelée au calme de ne pas se précipiter sous les balles des assaillants. Les cavaliers de Quentrill s’élancèrent à l’aube contre les fortifications de fortune, ils se heurtèrent aux barbelés et aux barricades en bois qu’ils incendièrent. Ceux-ci firent un cercle de feu tout autour de Moab, là les attendaient les soldats du régiment de Sigmud Lafrenchie. Les mitrailleuses à manivelles sur le haut des tours et celles manœuvrées par Lily et Tohonwo, hachèrent les combattants qui ne s’attendaient pas à cela. Ils n’avaient pu entrer dans Mohab, ils avaient perdu la moitié de leurs combattants. Durant la nuit, le commandant donna l’ordre d’employer la dynamite. Les outlaws à Quentrill étaient pratiquement en déroute. Les explosions redoublaient, jetant le doute sur la prise de Moab. La nuit, le commandant donna l’ordre d’allumer les barricades pour que le feu éclaire les assaillants, leurs chevaux pris de panique s’enfuyaient dans la prairie. Les feux projetaient la lumière sur les assaillants pris également sous le feu des mitrailleuses et de la dynamite. De l’équipe à Quentrill il ne restait qu’une dizaine malgré l’appel à l’arrêt des combats du commandant. Le lendemain matin allait être difficile, les assaillants iraient jusqu’au bout. De toute façon, ils savaient qu’ils seraient jugés et exécutés. Ils n’avaient plus rien à perdre. Lily était écoeurée de cette situation, où la tuerie cette fois- ci serait faite par les soins de l’armée, de la population, de Lily et Tohonwo. Même si c’était des tueurs, elle n’acceptait pas cette situation. Le commandant lança l’halali une cinquantaine de cavaliers s’élancèrent, aucun quartier, pas de demi-mesure, tous les Quentrill furent abattus au fusil, au révolver. Il ne restait plus, rien Lily était triste et ne disait mot. Elle était consciente que le village avait échappé à un massacre, que l’intervention du commandant Sigmud Lafrenchie avait sauvé le village. Consciente, oui, mais surtout triste de ne pas avoir eu d’autre solution que ce massacre programmé et exécuté.
Elle passa une mauvaise journée, de très mauvaise humeur, à ne pas venir la chatouiller. Elle se retira dans la maison du shérif à réfléchir et se donner bonne conscience. Le juge vint la féliciter pour son action avec la collectivité, elle ne répondit pas, juste un hochement de tête. Les terrassiers eurent du travail, des tombes pour les sept soldats tués et une grande fosse commune pour les outlaws. Les menuisiers ne chômaient pas également pour fabriquer rapidement un cercueil en bois pour ses soldats qui se reposeront éternellement dans les terres de Moab. Le pasteur bénissait les soldats aux tombes fleuries par la population et la fosse commune où reposaient tous les bandits. C’était un jour de fête, être libérés de la peur était une opportunité à laisser éclater sa joie, de boire un peu plus que d’habitude, sauf pour le régiment. Lily n’arrivait pas à calmer sa mauvaise humeur, elle envoyait promener tout le monde, y compris Tohonwo qui faisait silence. Cette humeur massacrante se répercutait également sur le shérif et le juge qui ne comprenaient pas Lily, alors que tout le village était en fête, heureux que ces bandits aient disparu de la circulation. La tranquillité sera de retour, on ne parlerait plus des hommes de Quantrill sauf au passé. La ville renaîtra à la paix, à la prospérité, au travail dans un esprit neuf et apaisé. Le régiment de Sigmud Lafrenchie avait rejoint Fort Prairie. Cette intervention à la tête de son régiment à Moab lui a permis de décrocher une distinction, la médaille, (médal of honor). Lily s’était calmée, elle surveillait la commune d’un œil exercé, Slam était là, lui aussi, Tohonwo toujours aux côtés de Lily. Un cow- boy passa près du shérif pour lui signaler qu’un bœuf s’était noyé dans le fleuve Colorado, le courant étant trop fort. La vente n’avait pas encore eu lieu avec tous ces évènements, le juge prévoyait cet évènement la semaine prochaine. Il fallait le temps d’annoncer et de se préparer. Les enchères sont un gros morceau. Il faudra assurer la sécurité du troupeau et des acheteurs. Lily et Tohonwo en achèteront dix dont un taureau pour alimenter la tribu en viandes et en lait. Les bêtes partiront ensuite par le train jusqu’à la gare d’Akimel D’Odham. Du fait de cette attente, les cow- boy s’adonnaient à l’alcool, l’attente était trop longue, des bagarres éclataient souvent pour un rien, réglées par les adjoints du shérif. En ville, le saloon était ouvert très tard la nuit, les tables de jeu drainaient un public pas toujours raisonnable. Les filles s’éclipsaient lors des problèmes qui survenaient avec des consommateurs ivres ou mécontents de leur table de jeu. Elles se réfugiaient dans une salle derrière les rideaux, réservée aux spectacles. Le pianiste était lui aussi une cible privilégiée, il fuyait dès les premiers coups de feu. Le saloon était un territoire autonome par rapport au village. Les problèmes devaient être vitre réglés pour éviter des duels. Lily intervenait souvent et rapidement dans les conflits. Elle ne laissait pas dégénérer les problèmes, son colt obtenait rapidement justice. Elle était obligée très souvent de blesser son interlocuteur pour avoir la paix. Le docteur intervenait contre paiement du blessé, pas question que la ville paie pour ce genre de blessures. Il restait encore quelques individus qui cherchaient la bagarre avec Lily, soit sous l’emprise de l’alcool soit sous l’emprise de la colère. Quel que soit le litige, Lily répondait au problème, elle blessait son interlocuteur à la main, au bras ou à la cuisse. Ces individus étaient expulsés derechef de Moab, accompagné par deux shérifs adjoints jusqu’aux limites du territoire. Il fallait que l’on sache que la loi était appliquée à Moab. Une fois, un olibrius entra au saloon à cheval en tirant des coups de feu, Lily l’étendit définitivement, il tomba de cheval occis par une balle en plomb. Il y a plein d’anecdotes à raconter. Un cow- boy avec une sale gueule, une barbe longue et sale avait réussi à prendre en otage une danseuse de l’établissement. Elle n’avait pas envie de finir dans son lit. Il la menaçait en lui mettant son colt sur le cou. Si tu bouges toi l’étoilée, je l’envoie en enfer. C’était direct, il s’adressait à Lily, il cherchait la provocation, le moyen de tirer. Il savourait cet instant. Lily s’était mise à l’abri derrière le comptoir. Elle n’aimait pas ces situations où elle se trouvait en situation difficile. Elle ne pouvait pas tirer sans risquer de toucher la danseuse. Celle-ci, paniquée, pleurait, mais qu’avait-elle fait pour mériter cela ? Elle ne pouvait rien faire sans risquer de tuer d’une manière où d’un autre la danseuse du saloon. Tohonwo était bloqué également, sa winchester ne servait à rien dans ces conditions. Slam attendait son moment, tapis sous une table, il observait les agissements de l’outlaw. C’était le moment, l’homme avait baissé son bras, Slam bondit, l’homme ne put rien faire, son cou était déchiré par Slam, il n’en sortirait pas, c’était trop tard. Lily acheva l’homme d’un coup de révolver. La jeune fille s’écroula par terre en pleurant avec des hoquets. Pourquoi moi, disait-elle en répétant la question ? Le corps du forcené fut traîné dehors, le menuisier s’occupa de lui. Ce n’était pas à elle qu’il en voulait, mais à Lily qui ne pouvait rien faire dans cette situation, heureusement que Slam était là ! Tout ceci sera rapporté dans la légende de Lily Gâchette. Toutes ces anecdotes faisaient les beaux jours de James Calgharey, ces pages se vendaient comme des petits pains. L’hiver touchait à sa fin encore un mois avant l’arrivée du printemps. Le mois de Janvier était le plus froid, le plus rude, ensuite la température sera beaucoup plus clémente jusqu’au mois d’octobre.
Shérif, shérif nous venons de retrouver deux hommes de la bande à Quantrill, nous les avons attachés au lavoir pour que la population puisse les voir. Lily, Tohenwo et Slam coururent au lavoir. Ils avaient échappé au massacre, ils se faufilaient dans les herbes pour chercher à s’enfuir. Quand Lily arriva au lavoir, elle eut un haut- le- cœur en voyant le visage de l’un d’eux, c’était l’un des assassins de sa famille. Il avait grossi, mais sa cicatrice parlait pour lui. Détachés du lavoir, ils furent conduits à la prison. Lily frappa à la porte du juge, bonjour monsieur le juge, j’ai un sérieux problème. Je vous avais signalé que j’étais à la recherche des assassins de mes parents, j’ai ici l’un de ceux qui ont assassiné ma famille, sa cicatrice est indélébile, c’est bien lui. Je ne connais pas son nom et je n’ai pas la preuve de ce que j’avance en dehors de ce souvenir d’enfance. Nous allons faire durer le procès Lily, il restera enfermé un mois s’il le faut, il faudra qu’il parle. Vous voyez monsieur le juge j’aurais pu l’abattre, mais je préfère qu’il soit condamné par la justice. L’homme s’appelait Vince Barwel impliqué dans différents meurtres lui dit le juge. Il ne parla pas, le juge décida du jour du jugement. Il fut défendu par deux maîtres du barreau d’Austin. Lily reçut l’appui de maître Jonhson conseillé par James Calgharey le journaliste. Maître Jonhson venait de New York avec une réputation flatteuse. Le procès s’ouvrit lundi à huit heures du matin précise. La salle était pleine, la population s’était déplacée. Le président de séance appela ses assesseurs, le juge et les avocats de chaque partie. Ceci fait, le procès pouvait commencer. Maître jonhson se leva et fit remarquer que le jury ne fut pas présenté au public ni l’accusé ni l’accusatrice. Le procès ne pouvait commencer ainsi. C’était une entorse à la bonne tenue d’un procès. Le Président en convint et rectifia les manques. Les quinze jurés furent présentés, tous furent acceptés. L’accusatrice, miss Amélie Garnier dite Lily Gâchette accusatrice et Vince Barwel l’accusé qui nie toute participation à ce massacre furent également présentés. Maître georges Bardwin et maître Clarence Bound, avocats de la défense, se moquaient de maître Jonhson et de ses interventions dès le début de séance. -Monsieur le Président puis-je vous demander de prendre les armes à la ceinture des jurés et de la salle.
Protestation parmi les jurés.
-Pas d’armes pendant un procès ! Chaque intervention doit rester libre et non contrainte sous la peur d’un pistolet. Merci monsieur Président.
Celui fit le rappel des faits par l’accusation : Miss Amélie Garnier avait quatre ans quand des outlaws assassinèrent ses parents et son frère puis mirent le feu à la maison. Amélie à pu s’échapper et éviter d’être brûlée. Elle aperçut le visage d’un des bandits qui l’a poursuivi jusqu’ici, le dénommé Vince Barley. Ce visage ne l’a plus quitté depuis. Est-ce bien cela, oui monsieur le Président. J’ajoute un détail important, ce visage était tailladé du front au menton. Il faisait croire que c’était au cours d’un combat avec un indien, ors c’était au cours d’une rixe dans un saloon confirmé par le shérif. Mesdames, messieurs, vous pouvez voir ce visage difficile à oublier.
Monsieur Vince Barley, vous niez être l’un des tueurs de sa famille
Oui, je n’ai jamais été dans cette maison, cette jeune fille raconte n’importe quoi, à l’époque j’étais à Grande Conjonction. Je n’avais aucune raison de m’en prendre à cette famille
Lily avait décidé de rester calme malgré les mensonges attendus de l’assassin.
Vous continuez de nier le meurtre de ces parents alors qu’elle vous vu et gardé en mémoire votre visage avec cette cicatrice.
Maître Georges Bardwin se leva et dit, se tournant vers la salle :
Je crois sincèrement que cette jeune fille invente une histoire dont elle a rêvé et qu’elle cultive jusqu’à maintenant. C’est connu, la science nous donne des formules :
-Comme en art, il n’existe pas de progrès dans la connaissance du rêve, pas de capitalisation, pas ou guère d’acquêts, mais une longue théorie, un interminable cortège où, à tout moment et partout, l’on a su ce que l’on allait prouver demain.
Ce n’est que rêve, rien que du rêve monsieur le Président.
Maître Clarence Bound se leva à son tour, j’approuve l’analyse de maître Bardwin, cette jeune fille est traumatisée par un évènement qui a bouleversé sa vie d’enfant. Cet événement lui est resté dans l’esprit à tel point qu’elle a inventé une image et c’est l’image de Vince Barley.
Ils se regardèrent tous les deux, comme si c’était gagné ! Lily prit la parole et dit :
-Je ne rêve pas, je ne peux plus rêver à la suite de cet assassinat, je suis privée de rêves, je sais que c’est ce triste individu qui a participé au meurtre de mes parents.
Le problème mademoiselle Amélie c’est que vous ne pouvez pas prouver qu’il était l’un des assassins
-Je l’ai reconnu à sa balafre
Cela ne suffit pas mademoiselle, il nous fit des preuves, des témoins
C’est alors que maître Jonhson se leva à son tour.
-Monsieur le Présiden,t mesdames, messieurs les jurés, c’est donc un rêve, la tuerie n’a pas eu lieu, puisque c’est un rêve que cette pauvre enfant véhicule avec elle depuis tant d’années. Rien n’a eu lieu, ses parents sont toujours en vie et elle a un nouveau petit frère depuis. Mes confrères ont bien compris, ils citent un élément philosophique d’importance, je suis d’accord avec eux, l’assistance murmure. Le rêve est un élément type de notre vie, qui n’a pas rêvé d’avoir plus de pouvoirs, d’argent, certains l’obtiennent, alors l’ont-ils rêvé, pourquoi ceux-ci qui ont obtenu tous leurs désirs, ont-ils rêver et Lily qui a réalisé son rêve, punir l’un des meurtriers de ses parents ce ne serait-ce qu’une utopie. Mesdames et messieurs, Amélie à rêver de punir le meurtrier de ses parents, elle a porté celui-ci devant la justice, est-ce toujours un rêve. Cet homme- là est bien celui qui a mis le feu à la maison après leur forfait. Toute la tribu Navajos a vu au loin les flammes s’élever dans le ciel après avoir entendu les coups de feu, ce n’était pas un rêve mais une réalité. Mes confrères ont beaucoup de talent pour transformer une vision, la vision d’une enfant en rêve. Il y a douze ans que cet acte a été commis, l’homme a changé, mais pas sa cicatrice, une cicatrice que l’on ne peut oublier. Cet homme est coupable d’avoir participé au massacre de la famille d’Amélie, il est coupable, il doit être puni.
Monsieur le Président du Jury, nous attendons votre verdict. Ils se sont isolés durant quatre heures. Quand ils sont sortis de leur isolement, le Président du tribunal demanda au Président du jury s’ils avaient fait leurs choix :
-Oui monsieur le Président, les jurés ont voté pour la peine de mort par huit voix contre sept
Des applaudissements et des bravos ont fusé dans le saloon.
Amélie pleurait de toute son âme, ses parents seront vengés.
Vince Barley fut pendu le lendemain matin, justice était rendue
Il était temps de rentrer au pays, de penser au mariage, de revoir et d’embraser Akimel D’Odham. Elle alla avec Tohonwo et Slam saluer le shérif, le maire du village et le juge. Le train du soir les embarqua jusqu’à la grande prairie. La population était là au départ du train en agitant les bras. Quelle belle aventure et ce n’est pas fini, le mariage, le retour à Grande Prairie, sa maison. Le train quitta Moab dans des sifflements stridents, sa cheminée crachait une fumée noire, les roues d’acier patinaient sur les rails puis la locomotive se libéra de l’inertie et fila vers sa destination. Dans le sens du retour, la locomotive traînait ses wagons avec une fière allure, elle descendait le canyon en freinant pour éviter d’aller trop vite. Le paysage était magnifique, il défilait au rythme de **la salamandre**. Ce mode de transport allait révolutionner les USA jusqu’à la moitié du vingtième siècle. Il fallut près de deux jours pour atteindre Grande Prairie. Akimel D’Odham attendait sur le quai avec les chefs de la tribu. Tohonwo embrassa son père sur le front, sa mère se tenait à côté de lui, elle l’embrassa en le serrant contre elle. Lily comme Tohonwo embrassèrent le vieux chef sur le front, sa mère l’étreignit passionnément.
La cérémonie de mariage fut préparée avec soin. Outre les habits de fêtes, colorés, le jour J, la mariée était transportée par son époux sur une couverture jusqu’à la tente du père du marié et ils vivront jusqu’à le jeune couple ai sa propre maison. Avec Lily qui avait construire sa maison, ils intégreront leur maison après cette cérémonie. La musique éclatera avec les tambours et les flûtes. Les festivités dureront une semaine. Lily avait invité le maire de Moab, le shérif et le juge qui sont venus entourer de leur épouse. Le juge Jim Cartloye a offert une superbe winchester en souvenir du temps passé à Moab. Lily était habillée d’une robe indienne colorée avec une plume dans la chevelure. Tohonwo était habillé d’un pantalon court en cuir et une chemise avec des motifs de chasses en couleurs. Deux plumes réhaussaient sa coiffure. Tohonwo enroula Lily dans une couverture et la transporta jusque devant le tipi de Akimel D’Odham, la présenta à son père et entra dans la tente pour faire connaissance. Le lendemain matin les mariés se présentèrent à la famille et à la tribu en se tenant la main devant l’entrée du tipi d’Akimel D’Odham. Il était rayonnant, sa succession était assurée. Les deux époux lui embrassèrent le front en signe d’amour et d’obéissance. C’était un grand jour, le mariage de Lily et de Tohonwo, l’amour de Lily pour lui était aussi le remerciement, la reconnaissance qu’elle avait pour ces gens avec qui elle s’était rapprochée jusqu’à finir par être de la famille. Tohonwo prit une lance et la jeta avec précision sur le totem en bois à côté du tipi d’Akimel D’Odham. Lily pris son couteau et dans un geste sûr, le plaça juste à côté de la lance, c’était bon signe, Wichnou veillait sur eux.
Les fêtes du mariage étaient terminées, le maire, le juge et le shérif étaient repartis à Moab, les bras chargés de cadeaux. Lily était passée voir le petit troupeau, elle était heureuse, il s’était agrandi d’un petit veau à longues cornes. Les bêtes avaient de l’espace pour paître sans être gênées. Elles avaient de l’herbe à foison et le Colorado leur donnait leur dose d’eau journalière. Sa maison était superbe construite suivant ses plans, elle avait prévu des chambres pour les enfants. Tohonwo avait eu du mal à s’adapter à la maison. Comme son père il avait adopté la pipe qui donnait une odeur agréable dans la maison. Il courait la prairie à la recherche de bois mort pour la cheminée. C’était une grande cheminée qui chauffait la maison, mais aussi faisait cuire les aliments. Lily adorait cette cheminée de pierres, symbole du confort. Au-dessus de la cheminée les deux winchesters étaient accrochées, les colts et les étuis étaient remisés dans un tiroir de la chambre. Une photographie avait été prise le jour de leur mariage, elle était exposée dans la salle à manger au-dessus du buffet. C’était une vie normale, calme, propice aux sentiments. La vie de Moab était oubliée avec en plus le sentiment d’avoir retrouvé ses parents avec la pendaison de Vince Barley , elle y pensait très souvent .
Le ventre de Lily s’arrondissait, Tohonwo venait écouter en mettant son oreille sur le ventre de Lily, d’Akimel D’Odham était d’une humeur joyeuse, un enfant dans la famille du chef, Wichnou avait pris soin de leur famille. Tamia la sage- femme chargée de la naissance des bébés dans la tribu a été appelée cette nuit, Tohonwo et Akimel D’Odham était sorti de la maison et fumaient leur pipe sur le perron nerveux comme un jour de guerre. Tamia sorti sur le perron avec le bébé emmitouflé dans une couverture, avec cérémonie elle présenta le fils à Tohonwo et le petit fils à Akimel D’Odham. Tohonwo eut envie de danser, mais il s’abstint. Ils entrèrent voir Lily qui s’était rendormie. Ils l’embrassèrent doucement sur le front. Quand elle se réveilla, Lily avait autour d’elle tous les chefs de la tribu, Tohonwo était près d’elle, il lui tenait la main. Ses yeux reflétaient un immense bonheur, elle avait donné un fils à son époux. Il l’appelerait Gérald le nom du papa de Lily et Awesom nom indien choisi par Akimel D’Odham . Le temps passait, son fils Gérald Awesom devenait grand, il avait déjà quatre ans quand elle tomba une deuxième fois enceinte à la grande joie de toute la famille. Elle donna naissance à un deuxième garçon. Celui-ci s’apellera Tohonwo comme le papa. Tout ce petit monde se portait bien, l’école voulue par Lily fonctionnait bien. La famille s’agrandit une nouvelle fois avec une petite fille nommée Tamia. Les années de Moab étaient oubliées, Lily et Tohonwo goûtaient une tranquillité bien méritée. Les années passèrent rapidement, Lily allait sur ses quarante ans. Akimel D’Odham était décédé, il avait été un grand chef de guerre et un grand chef dans la paix et la sagesse. Tohonwo l’avait remplacé, il était à son tour le chef de la tribu navajo. Il était respecté par tous.
Cette tranquilité allait être perturbée par la politique, le chef du parti démocrate était venu la solliciter pour qu’elle se présente aux prochaines élections. Elle représenterait l’Utah au Congrès. Elle hurla de rire, puis elle dit non. Le chef du parti démocrate Jonh Bashir, lui expliqua patiemment les enjeux de cette élection. L’Utah avait besoin de changer, d’aller dans le sens du progrès, elle refusa une nouvelle fois cette proposition. Jonh Bashir prit congé non sans avoir quelques coups à donner, il n’avait pas tout dit, il ne s’avouait pas vaincu. Lily ne comprenait pas que l’on s’adresse à elle pour siéger au congrès. Il restait sept mois avant les élections, deux mois avant, Jonh Bashir revint voir Lily, elle refusa toujours, mais accepta d’aider le candidat démocrate aux élections. Ce fut durant un mois des jours de folie, Le train défilait de gare en gare avec Lily Gâchette aux côtés de Blade Monroé candidat démocrate. Elle avait à nouveau revêtu son costume de cow- boy avec ses colts à la ceinture. Sa présence enthousiasmait les foules et l’on criait Lily. Blade Monroé fut triomphalement élu, Lily rejoignit sa prairie, son époux et ses enfants.
Des prospecteurs sont venus demander l’autorisation de faire des recherches pétrolifères sur l’immense territoire indien. Ces recherches aboutirent à la découverte d’un champ pétrolifère. Lily refusa le permis à cette compagnie, mais versa des indemnités pour les recherches. Tout devait rester dans les mains des iIndiens. Ce fut de même pour l’uranium et le manganèse qui restèrent dans les mains des Indiens après indemnisations des entreprises de recherches. Toutes ces ressources restèrent dans les mains des Indiens. Les entreprises n’étaient pas heureuses de s’être faites flouées, disaient elles. La terre appartenait à la tribu, elle restait à la tribu. Les temps changent, le tourisme était en plein essor, beaucoup de gens venaient en train et s’arrêtaient à Grand Prairie pour voir les tipis et les indiens en costumes. Lily avait préparé dès la sortie du train, un village indien avec des boutiques. Les visiteurs demandaient Lily Gâchette, ils ne la trouvaient jamais, elle était dans la prairie, qui pouvait reconnaître Lily Gâchette en maman indienne, deux bébés dans les bras et parlant le dialecte de la tribu ? Les enfants des touristes réclamant avec force Lily Gâchette. Ainsi Lily était en avance, elle avait devancé son temps, elle avait su reconnaître le changement du temps, l’industrialisation, le commerce mondial, les transports, elle s’était adaptée à cette nouvelle épopée. Elle était riche, elle en avait profité pour investir dans les transports ferroviaires. La tribu lancée par Lily profitait largement des changements historiques opérés par le vingtième siècle. Un bel hôtel avait été construit à côté de la gare, retenant à Grande Prairie les touristes qui restaient dorénavant plusieurs jours assistant aux spectacles de chevaux. Un restaurant un saloon avaient également été construits, tous ces nouveaux bâtiments sous le nom de Lily Gâchette compagnie. Le train avait également changé, la locomotive s’était modernisée, elle montait les canyons sans difficulté, ses wagons s’étaient également modernisés. La puissance de sa locomotive avait permis de rajouter des wagons, bien agencés, modernes. Un wagon fumeurs, le wagon- restaurant avait été lui aussi modifié ainsi que le wagon couchettes pour la nuit en faveur des voyages de plus d’une journée. Le wagon postal était modifié en forteresse pour le transport des fonds de banque à banque. Le train avait révolutionné les transports du vingtième siècle. Un formidable réseau permettait de rejoindre, en un temps record, les grandes villes du pays. Elle savait également que l’aviation deviendrait l’élément majeur pour se déplacer loin et vite. Elle avait créé en mille neuf cent douze sa compagnie aérienne Utah voyages qui deviendra une grande compagnie après le décès de Lily.
Ses deux fils avaient rejoint West- point pour devenir officiers de la nouvelle armée américaine qui deviendra la plus grande armée du monde, capable de défendre le monde libre. Une armée dotée d’un matériel de guerre performant. Sa fille Tamia était devenue institutrice à Grande Prairie. Elle était heureuse avec ses petits- , Tohonwo était décédé il y avait quatre ans. Elle n’était pas seule, la famille était auprès d’elle ainsi va la vie, l’on commence tout bébé et l’on disparaît près de Wichnou retrouver ceux pour qui elle a compté. Elle avait eu une belle vie, celle de la prairie, celle de défendre la loi, celle d’épouse, de mère, de grand-mère. Elle ne regrettait rien, elle avait été gâtée par la vie, la seule chose qu’elle regrettait était celle de ne pas avoir vécu plus longtemps avec ses parents légitimes. Mais la famille navajos lui avait tellement donnée ! Ses enfants lui avaient également tout donné elle avait tout reçu d’eux. La maison qu’elle avait fait construire lui avait permis de loger tout le monde, c’était là que la famille se rassemblait. La grande cheminée s’accommodait de son travail, le bois brûlait pour le chauffage et les flammes pour chauffer les repas. Elle était arrivée au bout de son chemin, Wichnou l’appellera prochainement, elle rejoindra Tohonwo pour veiller de si haut sur sa famille. Elle n’avait plus d’idée, elle reconnaissait un grand vide dans son esprit. Ses mains et son visage tout ridés avec ses yeux toujours vifs et brillants parlaient pour elle.
Assise sur le rocking- chair installé devant la porte, elle se balançait au rythme du vent, elle revoyait Tohonwo fumant sa pipe en cassant du bois pour la cheminée. Elle revoyait aussi les touristes à la recherche de Lily Gâchette toujours invisible pour ceux-ci. Elle revoyait aussi Slam l’infatigable loup noir qui était parti lui aussi à la manière des loups il s’était isolé dans la prairie, Lily ne l’avait pas retrouvé. Un deuxième loup avait été adopté, surnommé Wash, il était toujours là, très vieux, mais fidèle défenseur de Lily. Le troupeau de vaches s’était multiplié, donnant ainsi à la tribu, viandes et lait. Les chèvres n’avaient pas été abandonnées, elles couraient toujours la prairie. Lily était contente, elle avait réussi à construire un camp de Navajos, paisibles et riches. Elle avait presque oublié la langue anglaise, tant elle parlait le dialecte navajo. Lily, un cri, un appel
-Lily, un monsieur veut te voir
-Je ne veux voir personne
-Même moi Lily ?
Elle se retourna et reconnut James Calgharey
-Vous, James il y a bien longtemps
-Oui, Lily je suis venu vous demander l’autorisation d’écrire votre histoire, vous avez failli être sénateur.
-Cela ne m’intéresse pas beaucoup d’autant que connaissant les journalistes, une bonne partie sera inventée.
-Je vous assure que tout sera exact et fidèle à votre vie.
-Bon, James mais dépêchez-vous je suis en fin de vie, j’aimerai lire ce que vous avez écrit sur moi.
-Je n’y manquerai pas, où puis-je trouver un gîte pour quelques jours, le temps de vous écouter et d’écrire. Je vous ferai lire mon épure, ainsi vous pourrez modifier ou supprimer.
-Un gîte, il n’y en pas dit- elle en poussant un éclat de rire, la maison vous accueille James. Elle présenta le journaliste à sa famille. Durant trois jours, elle fit le récit de sa vie à James, qui nota scrupuleusement ce que Lily lui disait. Il revint la voir quatre mois plus tard, le manuscrit terminé. Le soir après- dîner elle lut longuement le manuscrit, le rendit à James avec le sourire.
-Vous croyez que tout ceci va intéresser le public ?
-Sans aucun doute, mon journal va adorer. Vous verrez dans quelques mois ce sera l’évènement du moment : <<La femme qui faillit être sénateur.>>
-Elle sourit dubitative, si James y croyait ?
Une fois James reparti à Mohab, Lily reprit le cours de ses pensées. Les deux mines d’uranium et la mine de manganèse produisaient bien, le puits de pétrole également, Grande Prairie était riche, ses habitants ne manquaient plus de rien. Lily avait mis au point une activité touristique le retour des diligences avec de fausses attaques d’Indiens ou de despérados qui faisaient la joie des touristes. Les colts et les Winchesters tiraient à blanc. Elle avait même ressorti la vieille locomotive Salamanca, la première à être mise en service, sur un morceau de la ligne. Elle avait tout organisé. Les bagarres au saloon, les duels devant le saloon. C’était Dysney avant Dysney ! Elle avait engagé des artistes pour jouer tous ces rôles. Le rôle du méchant était tenu par un grand escogriffe Cliff Anderson qui avait le chic de tomber à terre sous les coups des colts de son adversaire. Il y avait aussi l’alcoolique Pat Bruey, parfait dans son rôle, l’emmerdeur au saloon., et puis aussi Patricia la fille qui jouait à ravir la fille de joie. Elle n’avait pas oublié l’esclave de service, Bud Nadar un grand noir qui répétait comme à l’ancien temps, oui, missé, oui madame, en balayant le plancher du saloon et la serveuse noire que l’on agressait seulement dans le spectacle. Il y avait aussi l’enfant curieux caché derrière le tonneau pour voir et écouter ce que les adultes disaient. Les touristes étaient ravis de toutes ces scènes. La mode défilait à Grand Prairie, les femmes étaient habillées de robes souples et longues et souvent des nœuds dans les cheveux ou des petits chapeaux. Les hommes portaient un pantalon étroit chevauché à la taille par un gilet échancré dans le haut, une chemise avec un col haut et ouvert sur une grosse cravate et une veste longue cintrée à la taille. Lily observait tout cela, tous ces touristes qui faisaient preuve d‘élégance, qui se délectaient de cette mise en scène. Le dix- neuvième siècle était bien terminé, une autre époque était là, elle la vivait chaque jour avec l’arrivée des touristes avec des trains toujours nouveaux.
James revint avec le manuscrit. Elle le lut d’un trait, regarda James et lui dit
-Je suis d’accord, James ne changez rien.
Le tirage a eu un succès monstre, Lily était contente pour James, il voulut l’associer aux droits d’auteurs, elle refusa. Elle se sentait fatiguée, ses yeux lui faisaient mal.
Lily s’éteignit doucement dans sa quatre- vingt- deuxième année pleurée par ses enfants et tous les navajos.