Les chroniques de Guillermo 13 [#DevPerso] : L’ego tue-t-il ? 2/3 - L’ego aveugle et brise les obstinés

Les chroniques de Guillermo 13 [#DevPerso] : L’ego tue-t-il ? 2/3 - L’ego aveugle et brise les obstinés

Pour rappel de ma précédente chronique sur le mécanisme de l’irrationnel, première partie des trois titrées « L’ego tue-t-il ? » : d’un point de vue mécanique, la propension à vous raconter des « petites histoires » est inversement proportionnelle au développement de votre estime de vous-même. Il est essentiel de nourrir votre interface M.E.I., composée des aires motrices, émotionnelles et intellectuelles, afin de vous entraîner à prendre vos décisions à la valeur ajoutée qu’elles représentent pour les systèmes desquels vous faites partie.

Petit point aujourd’hui sur l’ego, toujours dans cette approche sémantique, dont le but est de dresser une différence fondamentale entre être obstiné et être opiniâtre.


Mieux vaut être obstiné ou être opiniâtre ?


La nuance est primordiale à comprendre : pour être entrepreneur, il va falloir chercher des caractéristiques en soi comme celles d’être flexibles, créatifs, réactifs, mais aussi celui d’être de bon sens... car en effet, parfois la sagesse voudra que l’on s’arrête au bon moment (L’histoire de JUICERO par Mehdi RAMDANI).

Bien sûr, il y a quelques maximes qui nous incitent à ne pas baisser les bras parce qu’on est qu’à trois coups de pioche de la réussite, parce que c’est souvent la dernière clef du trousseau qui ouvre la porte ou des histoires nous invitant à persévérer comme celles de Rovio (angry birds).

Ces histoires et maximes se veulent inspirantes, mais elles n’aideront jamais les entrepreneurs obstinés, dont la principale caractéristique sera, selon cette approche sémantique que je vous propose, drivé par leur ego et non par la valeur ajoutée pour un contexte donné que représentent les décisions à prendre.

Pour les opiniâtres, peut-être… mais ils n’ont pas forcément besoin d’histoires et de maximes pour prendre les bonnes décisions qui les mèneront au succès. En outre, les chiffres viennent confirmer leur intuition. Donc, pour eux, tout va bien. Alors, comment savoir quand continuer et quand passer à autre chose ?


L’ego, source de vos petites histoires


L’ego est dangereux pour les décisions que l’on prend car il oriente nos pensées en fonction de ce qui nous arrange.

L’ego sert à vous raconter « une petite histoire » au détriment de la réalité, afin de justifier vos failles et vos échecs et de bloquer toute nouvelle opportunité d’acquérir ou de développer une compétence.

C’est « La petite histoire » qui nous freine. Mais si elle nous empêche de sortir de notre zone de confort, ne lui jetons pas la pierre, car elle est primordiale dans notre développement : c’est un mécanisme de défense qui tend à préserver notre image à nos yeux et à ceux des autres. Ainsi serez-vous tenté d’être persuadé que la crise a eu un impact significatif sur vos ventes quand cela n’a pas été le cas chez votre concurrent.

Si vous ne surveillez pas la propension à vous en raconter, cela peut conduire votre état interne. Et jamais de manière positive. Et si vous laissez ces petites histoires prendre le contrôle de votre flux de pensées, vous trouverez rapidement la responsabilité de ce qu’il vous arrive ailleurs qu’en vous-même. Et surtout dans le cadre de l’acquisition de compétences, d’un entraînement sportif ou encore de la remise en question, il y en aura presque toujours une pour vous trouver LA bonne raison d’arrêter vos efforts.

Gardez en tête cette citation comme un mantra :

« Tout est possible à qui rêve, ose, travaille et n’abandonne jamais ». Xavier DOLAN.

Si, si, DOLAN s’adresse aux opiniâtres et non aux obstinés. C’est en ceci d'ailleurs que cette citation est puissante.


Repérer les manifestations d’ego en soi


Dès que vous pensez que vous n'êtes pas responsable de ce qui vous arrive, posez-vous et interrogez-vous sur l'incidence qu'a votre présence dans le système dans lequel vous évoluez (par exemple : votre couple, votre équipe, votre relation managériale, votre business). Attention cependant, il n'est pas nécessaire de jouer à la victime et d'assumer toutes les responsabilités, en tout cas, celles qui ne vous incombent pas. Ceci est EXTREMEMENT IMPORTANT tant vous risqueriez de rentrer, dans votre système, dans un jeu psychologique (cf ma chronique publiée exceptionnellement hier, afin de servir celle d'aujourd'hui, sur les jeux de pouvoir dans les interactions)

Gardez en tête EN PERMANENCE la prière de la sérénité, qui est donnée dans les réunions des alcooliques anonymes :

"Mon Dieu, donnez-moi la sérénité d'accepter les choses que je ne puis changer, le courage de changer celles que je peux et la sagesse d'en connaître la différence." Reinhold NEIBUHR.

Non, vous n'êtes pas forcément un entrepreneur génial ou un commercial brillant et "l'autre" en face, une personne qui ne sait pas ce qu'elle rate à ne pas vous prendre votre prestation... en fait, vous avez peut-être une haleine de phacochère, qui fait dépérir les jolies fleurs à deux mètres et votre interlocuteur, quelqu'un de suffisamment poli pour ne pas vous dire que cela a eu une incidence sur sa décision. C'est moche, mais c'est comme ça.

Surveillez votre flux de pensées. Si votre pensée est influencée par l'image que vous renvoyez, il peut y avoir un léger décalage avec la réalité. De plus, si les premiers mots qui vous viennent à l’esprit commencent par « Moi je, … » ou « Oui mais, … », il se peut que ce soit votre ego qui oriente votre discours. Et puisque l’on parle de pulsions, les personnes commençant leurs phrases par « Moi je, … » ou « Oui mais,… », ne se sentent donc à priori que peu en sécurité. Ils ont donc besoin de parler des petites histoires qu’ils se ressassent pour se rassurer.

Autant parler de sujets que l’on maîtrise pour être certain, au moins dans sa tête, de maîtriser l’instant présent. En fait, chacun ses trucs pour se rassurer. Personnellement, je m’avale en cachette deux Gervitas mixés avec une mangue fraîche, et c’est reparti ! (et sinon, j'écris des chroniques et du slam, je vous assure, cela marche très bien !).

Enfin, surveillez toute appétence pour les signaux. Quand vous réalisez quelque chose et que votre environnement vous est confortable, il se peut que vous soyez distrait par la tentation de faire d’autres choses qui n’ont aucun rapport avec l’objectif à atteindre. Pire, cela risque de vous dévier de votre route. Qu’il s’agisse de la télévision, de votre téléphone portable, de vos mails, d’une personne à qui vous avez envie de parler (etc.). Ce n’est pas tant qu’il ne faut plus faire ça, mais il sera extrêmement rentable de ne plus le faire de manière pulsionnelle, car la pulsion est une manifestation de la petite histoire qui tourne en boucle dans votre tête.

Et de vous dire que cela ne vous concerne pas parce que vous êtes multi-tâches, ça c'est une petite histoire et donc une manifestation de votre ego. Le cerveau n'est pas fait pour le multi-tâches, que vous soyez un homme ou une femme.

Le professeur David STRAYER[1] précise d'ailleurs à ce sujet :

« Lorsqu’on essaie de faire plusieurs choses à la fois, on passe en fait d’une activité à une autre. On cesse de prêter attention à une tâche pour en traiter une autre et revenir ensuite sur la première, passant alternativement d’une l’une à l’autre. »


Repérez les manifestations d’ego chez autrui


Que ce soit dans la vie réelle ou sur un post que vous avez publié, la personne qui commente en faisant sa réclame n’a manifestement pas compris la réalité de ceux à qui étaient adressé ce post-là. Cette personne est manifestement anxieuse par rapport à son business et a tendance à crier sur tous les toits qu’elle est la solution à tous vos maux ? Vrai ? Peu probable !

Et voilà pourquoi en quelques mots, par le prisme de développement personnel, cela ne sera jamais une bonne idée de spammer pour faire la réclame de votre affaire. Cela démontre un manque total d’assurance et une incompréhension totale du tunnel de vente, qui se retrouve chamboulé par l’utilisation de Linkedin, car les étapes s’en trouvent diluées.

Repérez d’abord les locutions suspectes, un certain nombre de locutions peuvent vous donner des indications sur la propension à ce que la personne que vous observez puisse prendre ses décisions ou agir principalement par ego. Une seule locution repérée parmi les suivantes, cela peut-être un défaut de langage, mais plusieurs peuvent constituer une bonne indication :

  • « C’est la crise »,
  • « Il était de mauvaise humeur »,
  • « C’est bon, je sais ! »,
  • « Il n’est pas prêt pour ce que je propose »,
  • « J’ai déjà essayé »,
  • « Je sais mieux que vous, c’est ce que je fais depuis 20 ans »,
  • « Je n’ai pas assez d’argent » / « Je n’ai pas le temps » (Pas en termes d’objections),
  • « J’ai des choses plus urgentes à faire »,
  • « C’est bon, ça va, je ne t’ai rien demandé ! »,
  • « C’est pas si facile »,
  • « Ça va !, je ne peux pas m’occuper de tout »,
  • « De toutes façons, tout le monde fait ça »,
  • Des explications à ne plus en finir : "Que l’on réussit parce qu’on est ** caractéristique positive ** sans apporter la moindre démonstration de sa valeur" ou "Que l’on échoue à cause des autres", comme démontré précédemment.
  • une tendance à prétendre avoir raison sans rentrer dans un débat constructif,
  • Une tendance à minimiser les faits qui sont reprochés.
  • Et donc plus généralement, toute phrase commençant par « Moi, je » ou « Oui, mais ».

Quant aux comportements, vous pouvez aussi vous amuser à repérer :

  • Des réactions violentes – du type énervement soudain,
  • Des injures en self-talk,
  • Des refus face à des remises en question,
  • Des problèmes pointés plus souvent que des solutions,
  • Une préoccupation flagrante pour l’image qu’il ou elle renvoie, comme celle de faire du sport autrement que pour se faire du bien.


Peut-être que vous n’avez pas pris l’habitude de repérer les personnes qui prennent leurs décisions à l’ego. Entraînez-vous, cela va vous permettre de prendre un certain recul sur les situations que vous vivez avec elles. Ne perdez plus votre temps avec de nouvelles personnes de ce type qui se présenteraient à vous, mais gardez sous le coude celles que vous connaissez déjà car en repérant les locutions suspectes et les comportements, vous garderez toujours l’avantage… et pourrez éventuellement vous amuser.

Bon, ok, j'ai des jeux bizarres auxquels je m'adonne...

Quant à vous, il serait bon de vérifier SYSTEMATIQUEMENT quand vous êtes tentés d’accuser les gouvernements, votre chef, votre conjoint(e) et le reste de la terre, d’être responsable de ce qui vous arrive, de prendre un temps pour vous afin de regarder dans quelle mesure vous faîtes partie du système. Après tout en PNL, on dit que le comportement de l’un est bien souvent à l’origine de celui de l’autre.

La semaine prochaine sera consacrée à l’estime de soi, source de bonheur infini et excellent fuel pour se réaliser.


By Guillermo Di BISOTTO
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[1] Co-directeur d’un laboratoire de l’université de l’Utah qui étudie l’incidence du multitâches sur le cerveau.

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