Les collectivités locales et le big data
Le Guide annuel du Big data vient de sortir. Et j'ai le plaisir d'y être interviewé sur les enjeux du big data appliqué au monde des collectivités locales.
Le Big Data est mûr pour les entreprises mais les collectivités commencent tout juste à se l’approprier… pourquoi ce décalage ?
Il y a en effet un décalage de 2 ou 3 ans entre les collectivités et les entreprises les plus en pointe, pour des raisons à la fois financières et réglementaires. Financières car les coûts du Big Data ont baissé et sont désormais supportables par des acteurs publics. Réglementaires car l’open data a connu une phase d’accélération notamment grâce à la loi Lemaire qui rend obligatoire l’ouverture des données publiques pour l’ensemble des collectivités de plus de 3500 habitants et 50 agents depuis octobre 2018.
L’Open Data est donc un des piliers de cette transformation ?
Oui car les données nécessaires aux usages territoriaux (smart city, transports, consommation d’énergie, logements…) sont désormais devenues accessibles, avec d’importants progrès en termes de qualité. Certaines collectivités pionnières (250 environ) n’ont pas attendu la loi Lemaire et ont engagé le mouvement dès le début des années 2010, avec Rennes en tête dès 2010. A l’époque, Etalab était encore embryonnaire. Depuis, des progrès ont été faits en matière d’harmonisation des standards de données et de licences par exemple.
Quelles sont les données concernées ?
En matière d’énergie, on constate des volumes importants depuis qu’Enedis a été soumis à une obligation d’ouverture de ses données. En matière de transport également, de nombreuses sources sont désormais disponibles (capteurs, données de trafic)… même si Google aimerait imposer ses formats de données – mais il est intéressant de constater que certaines collectivités résistent. Et puis il y a encore beaucoup de champs qui sont en pleine expansion : la protection sociale, la santé…
Quel est l’intérêt des collectivités à ouvrir leurs données ?
Pour elles, il s’agit de répondre à trois grandes préoccupations. La transparence d’abord, soit la capacité à montrer aux citoyens l’usage qu’elles font de l’argent public. Ensuite, le développement économique pour permettre aux entreprises du territoire d’utiliser les données et de créer de nouveaux services. Pendant longtemps, on a cru qu’il suffisait d’ouvrir les données pour que les entreprises s’en emparent… désormais on met l’usage au coeur de la démarche et on favorise le dialogue entre entreprises et collectivités. Enfin, il y a la problématique d’efficacité des services publics en interne : être capable d’utiliser ces technologies en interne pour optimiser les organisations publiques et le service au citoyen.
Pourquoi est-il nécessaire d’établir une stratégie de la donnée ?
Parce qu’il y a beaucoup d’acteurs qui captent des données utiles et qui ne les partagent pas, ce qui peut déséquilibrer le service public. Prenez AirBnb : si vous êtes maire d’une commune touristique, vous avez une forte probabilité d’accueillir une recrudescence de touristes l’été et s’ils passent par AirBnb, leurs données de présence vous échappent totalement… ce qui signifie que vous n’êtes pas en mesure de dimensionner le service public en fonction. C’est pour cela que nous accompagnons les collectivités : pour déterminer les données qui seront utiles à leurs services, celles qui doivent être accessibles aux autres, celles qui doivent être complétées par des données externes… Au-delà des outils, c’est vraiment sur la finalité que les collectivités réclament notre conseil.
Chef mission évaluation, Ministère de la Justice ; Doctorant-chercheur, LEMNA ; Consultant-Autoentrepreneur, Data slapstick
5 ansBonjour,je vous rejoins complètement M Olivier Nalin dans la mesure où, en parallèle de ces démarches d’opendata dédiées au « grand public », de plus en plus nombreuses sont les collectivités à internaliser le croisement, nettoyage et l’analyse de leurs nombreuses données.La création de services et directions dédiées permet par ailleurs, en plus d’une montée en compétence globale, de faciliter le rapprochement nécessaire des spécialistes métiers/thématiques et des techniciens spécialisés en analyse de bases de données (chargé d’études, économètres, data scientist, chercheurs).Enfin, il convient de développer les échanges entre collectivités pour s’informer mutuellement des méthodes utilisées et des résultats mis en exergue.Restant à disposition.
Adjoint au chef de département exploitation trafic - tunnels (DETT) chez DRIEAT/DIRIF
6 ansParfois la démarche Open Data d'une organisation bénéficie également au partage des données en interne. On pourrait aussi observer que les administrations ont un potentiel de valorisation des données qu'elles détiennent ou qu'elles pourraient recueillir et organiser.
CEO & Founder | Meliortempus Reinventing organisations | Building Authentic Leaders | Shaping the Future of Work
6 ansVas-y met le en place cher Nico