Les dépendances invisibles !

Les dépendances invisibles !

Vouloir plaire - c'est mettre sa vie dans la dépendance de ceux à qui l'on veut plaire et de cette part en eux, infantile, qui veut sans fin être comblée.
Ceux qui recueillent les faveurs de la foule sont comme des esclaves qui auraient des millions de maîtres.
Christian Bobin
(Autoportrait au radiateur)

 

Nous avons des lois pour empêcher les fumeurs de jeter leurs mégots n’importe où, voire pour leur interdire de fumer dans les lieux publics, en voiture (si accompagnés de jeunes enfants) nous avons des lois pour prévenir la boisson au volant, certaines réglementations parlent d’une tolérance zéro avec des peines de plus en plus lourdes, nous utilisons ces moyens coercitifs pour « corriger » certains comportements dits non-conformes aux réglementations de la collectivité. Mais nous ne nous empêchons pas de collecter des fortunes via les taxes… Ne cherchons pas la logique en arrière de tout cela.

Pour la question des dépendances au tabac ou à l’alcool, les initiatives gouvernementales sont timidement impliqués, si l’on exclut les campagnes, les messages et les conseils…

Dans tout ce beau monde de réalités, il semble aussi que l’on ne s’inquiète pas de certains dépendances, celles que j’aime appeler invisibles jusqu’au jour où cela est trop tard, ces dépendances qui commencent dès le plus jeune âge…

Si vous êtes un usager des transports en commun, faites l’observation suivante : combien d’humains ont la tête droite et regardent devant eux, ou lisent un journal par rapport aux autres humains qui ont la tête penchée sur leur portable entrain de je ne sais quoi faire, tellement scotché sur le petit écran que ces mêmes humains ne se rendent pas comptent qu’ils ont raté leur arrêt de bus ou station de métro.

Pour ce qui est des salles de cinémas, des restaurants ou d’autres lieux publics, n’en parlons pas, nous avons trop d’histoires sur le sujet.

Il semble que la grande majorité des utilisateurs de ces utilitaires, soient en mode « dépendance » è différents niveaux : les légers, les moyens et les cas pathologiques. Je me serai bien amusé de poser la question aux personnes que je croise dans la rue, le bus ou le métro, surtout ces personnes qui portent avec une affection affichée, leur portable, combien de temps pourraient-ils tenir sans regarder leur écran ? Méchante question, n’est-ce pas ? Il y a fortes chances que je passe aux yeux des cas de dépendance chroniques pour un enquiquineur.

Nous aurons toujours de quoi nous plaindre sur ces comportements, mais bon cela fait partie (un peu) de la nature humaine. Ce que je relèverai par contre ce sont les causes qui font que cette dépendance s’accentue chez les virtuoses du pouce !

Trop tôt les jeunes personnes sont fascinées par les effets visuels de ce petit écran, je suis témoin de voir mes deux petites-filles de 1 an et demi et 1 an.

Dès leur plus jeune âge les personnes sont entourées d’objets dits « amusants, fun, cool, etc. » Consoles, tablettes, lecteur de musique mais aussi les premiers téléphones intelligents (peu trop ou pas assez). Certaines scènes d’apparence cocasse ou amusante font réfléchir : debout dans le bus, une main sur la poignée, un sac d’école, le sac personnel la main de libre tient le téléphone, les doigts agiles font dérouler, sélectionnent, le pouce pitonne, l’écouteur est connecté sur de la musique du même appareil (merci pour ne pas déranger c’est très apprécié), et si par malheur le bus est bondé, je les admire ces personnes qui restent en équilibre, et gardent sous contrôle le tout, sauf manquent de tomber les marches en quittant le bus !

Je trouve très contradictoires les promotions publicitaires qui parlent de connecter les membres d’une même famille via ces outils, surtout lorsque cette famille vit soit dans la même ville ou sous le même toit. Oui nous avons besoin de ces services qui facilitent notre existence aujourd’hui, mais de les transformer en notre existence je trouve que c’est une intrusion flagrante dans la vie des personnes. On parle aujourd’hui de voitures qui offrent le service Wi-Fi autonome, et la publicité montre que certaines jeunes femmes expriment leur préférence pour un gars qui possède une telle auto ! Cela se passe de commentaire, si on estime que les messages publicitaires sont supposés informer, éduquer et promouvoir auprès d’un public ciblé, cela est, puis-je dire inquiétant, que l’on fasse passer de telles interprétations.

Ne jugeons pas trop sévèrement nos petits et jeunes, encore plus ne les admonestons pas si rapidement, s’ils souffrent de cette dépendance que j’appelle silencieuse et invisible, rappelons- nous que ce sont des adultes qui ont créé et mis en marché ces produits de masse et ce sont toujours des adultes qui accumulent des profits auprès d’une jeune clientèle, mais le plus important ce sont des adultes qui leur ont ouvert la possibilité de s’en procurer trop tôt trop rapidement (Comme dirait l’adage : trop vite, trop tôt) !

À la prochaine,

Michel J. B. – 2015 ©

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